15 octobre 2019, 23:51

AS I LAY DYING + CHELSEA GRIN + UNEARTH + FIT FOR A KING

@ Paris (Le Bataclan)

Paris, ses monuments emblématiques, ses cohortes de touristes, son inimitable grisaille et ses interminables embouteillages… Ah, quel bonheur que d’aller faire un tour dans la capitale ! Cependant, ce mardi 15 octobre, il n’est point question de jouer au touriste en goguette mais bien d’assister au concert d’AS I LAY DYING au Bataclan, accompagné de FIT FOR A KING, UNEARTH et CHELSEA GRIN. Ce soir, c’est du très lourd qui nous attend. Premier retour à Paris pour Tim Lambesis & Co depuis leur reformation et la sortie de leur excellent dernier album, « Shaped By Fire ». Autant dire qu’ils sont attendus de pied ferme. Le groupe doit en effet refaire ses preuves et tout reconstruire depuis le début.



Les portes ouvrent à 18h pour un  premier concert à 18h30. Et malgré tous nos efforts pour arriver à l’heure, nous allons rater le passage de FIT FOR A KING (enfer et damnation. Et surtout, putain de bouchons !). Grosse déception car nous nous faisions une joie de les voir, au vu de la qualité de leur dernier album en date, « Dark Skies ». Ce n’est que parti remise, espérons-le.

Vient donc le tour de UNEARTH, groupe de metalcore originaire de Boston dans le Massachussetts, formé en 1998, avec à leur tête le hurleur en chef, Trevor Phipps. Ils ont de la bouteille, ces gars-là, et l’énergie qu’ils nous balancent est contagieuse au plus haut point. Malgré des chansons qui peuvent paraître assez similaires, leur puissance de frappe est convaincante et la demi-heure qui leur est allouée passe à vitesse grand V.  De belles mélodies accrocheuses, des guitares affûtées et une rythmique survitaminée, il n’en faut pas plus pour se mettre dans la poche le public venu en nombre pour prendre sa dose de décibels. Un set de qualité et huit titres qui tentent de balayer une carrière déjà longue, même si l’impasse est faite sur quelques albums, la faute à un temps de jeu restreint.

Hélas, celui que l’on aurait aimé restreindre est le suivant. En effet, la présence de CHELSEA GRIN en troisième position a de quoi laisser songeur… Formé en 2008, le groupe est deux fois plus jeune qu’UNEARTH, même si sa discographie compte déjà cinq albums. Son deathcore teinté de doom est assez plombant, il faut bien l’avouer, et nous laisse de marbre. Ce qui n’est pas le cas du public qui réagit très positivement au quatuor. Mais les cris stridents – genre porcelet qu’on égorge – de leur chanteur, Tom Barber (ex-LORNA SHORE), sont franchement barbants (heu, oui… Jeu de mot navrant, je sais) et vraiment très (trop) répétitifs. Cependant, le groupe possède un duo rythmique épatant en la présence de Pablo Viveros (batterie, chant) et David Flinn (basse). Il semblerait qu’ils aient changé l’an dernier de vocaliste et peut-être aurions-nous été plus emballés par leur précédent chanteur, Alex Koehler (HEARTS AND HANDS, GRUDGES) ? Quoi qu’il en soit, les 45 minutes de set nous semblent bien longues.

Fort heureusement, notre patience est récompensée après un dernier changement de plateau. AS I LAY DYING entre sur scène au son de l’intro "Burn To Emerge" du dernier opus. Le rideau blanc, qui cachait le fond de scène, tombe et dévoile un backdrop aux couleurs de l’album et deux sculptures lumineuses qui reprennent le symbole se trouvant dans le livret intérieur du CD. Et à partir de cet instant, plus une seconde de répit pour les spectateurs qui vont se prendre une monumentale raclée pendant une heure et quart. Le groupe est dans une forme épatante. Ayant tout à prouver, les cinq musiciens vont se jeter corps et âme dans l’arène, avec à leur tête un Tim Lambesis (chant) généreux et émouvant, vocalement et physiquement. Tout comme Josh Gilbert (chant clair, basse) qui parcourt lui aussi la scène de long en large. Jordan Mancino matraque son kit de batterie et les deux guitaristes, Nick Hypa et Phil Sgrosso, restituent à la perfection les mélodies et la vélocité des compositions du groupe.

Et c’est un véritable best of auquel nous avons droit. Tous les plus grands titres seront joués, à peu de chose près, avec bien évidemment une mise en avant du dernier album et de l’incontournable « An Ocean Between Us », avec pas moins de cinq extraits chacun, sans compter les intros. "Blinded" met le feu d’entrée de jeu, suivie par "Through Struggle" et "Within Destruction". Le public, en fin connaisseur, reprend en chœur tous les refrains et le premier circle-pit balaye tout sur son passage. Les fans sont surexcités, répondant aux moindres sollicitations du chanteur bodybuildé avec une joie non feinte. Pour notre plus grand plaisir, sur "Redefined", Tim Lambesis fait appel à Ryan Kirby, le vocaliste de FIT FOR A KING, pour assurer les parties de chant dévolues sur l’album à Jake Luhrs (AUGUST BURNS RED). Cela nous console de n’avoir pu assister à la prestation de son groupe. Le génial riff de "The Sound of Truth" résonne et la folie grimpe de quelques degrés supplémentaires dans le public. L’apothéose est atteinte un peu plus tard avec "An Ocean Between Us" et, surtout, le nouvel hymne du groupe qu’est "My Own Grave". Entre temps, "Shaped By Fire", le brutal et très Slayerien "Gatekeeper", "The Darkest Nights" (précieux souvenirs de jeunesse, pour certains), "A Greater Foundation", "Parallels" et "94 Hours", extrait du tout premier album, « Frail Worlds Collapse », continuent de laminer la foule sans relâche. Le groupe ne s’arrête que très peu de temps – mais suffisamment – pour communiquer avec les fans. La communion est bel et bien là. Les notes, les mélodies et les sourires affichés sur tous les visages se suffisent à eux-mêmes.

Mission accomplie haut la main pour AS I LAY DYING qui a su reconquérir le cœur de son public. Le groupe nous achève avec "Nothing Left" et l’indispensable "Confined" qui clôture tous ses concerts. Avec un don inné pour créer des chansons mélodiques et brutales, immédiatement accrocheuses, le quintet a su se construire un beau répertoire au fil du temps. Et ce retour prouve qu’ils en ont encore sous la pédale. Déchu de son trône suite à l’affaire qui a secoué ses fondations, AS I LAY DYING montre un autre visage, plus humain, plus faillible, plus touchant, prêt à gravir les marches qui montent au sommet. Même si l’on se doute que la route ne sera pas facile pour les musiciens. Quoi qu’il en soit, le public présent ce soir a assisté à un superbe concert, laissant tous les espoirs permis.  

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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