25 octobre 2019, 20:05

HELLYEAH

• "Welcome Home"

Album : Welcome Home

Il y a peu (un an déjà…) nous a quittés Vinnie Paul, batteur légendaire des 90s (les g-riffs puissants et la frappe hargneuse de la panthère… Ah… souvenirs). Le monde du metal en a été bouleversé, et les hommages s'étaient fait légion aux quatre coins du globe. Je suis étonné de la discrétion avec laquelle est sorti « Welcome Home », dernier album de son groupe des années 2000, HELLYEAH, auquel Vinnie participa avant sa disparition. J’ai décidé donc de coucher une oreille sur le sillon de l'album d'un groupe fort sympathique, un peu ignoré bien qu'il propose un heavy thrash des plus honorables depuis une quinzaine d'années.

L'ouverture s'effectue avec "333". Chanson rentre dedans avec une rythmique rapide (toujours un excellent jeu de Vinnie), une basse qui en se détachant offre une dimension des plus agréables pour plonger dans des riffs et des soli heavy metal. Chad Gray œuvre dans le scream hérité de son ancien groupe MUDVAYNE, scream souvent décrié par les auditeurs de HELLYEAH. A chacun de se faire son propre avis. D'autant que sur cet album, comme les deux précédents, on sent que Chad l'iroquois a fait un travail énorme et explore bien d'autres registres.

"Oh My God" prend plus son temps, ce sera souvent le cas pour la suite du disque. Morceau de heavy dont les breaks suintent le nu-metal. Les riffs sont lourds. Les voix et voies multiples, HELLYEAH est un groupe de fusion et de compromis des plus intéressants. Voix multiples ? Oui, Chad est excellent sur les titres suivants. Le thrash se fait progressif sur "Welcome Home", les cordes des guitares surfent avec les cordes vocales telles des planches de surf musicales. Comme mentionné précédemment les morceaux prennent leur temps pour varier les tempos, on peut profiter de l'ultime jeu de batterie de feu Vinnie Paul sur lequel pleuvent des chœurs de violons.  Des roulements de batterie qui nous ont bercé durant toutes ces années.  Nostalgie. Colère. Recueillement.

"I'm The One". Expérimentation. Le thrash s'assèche, la basse a la nostalgie du post-punk. Une KILLING JOKE ? Un peu, mais avec un sérieux impérial. Hypnotique et renversant. "Black Flag Army" est une tuerie qui joue dans la cour des grands. Un rythme et une atmosphère réussis. Un hit qui nous hante. Passerelle entre l'ancien monde, des riffs qui sortent leurs griffes, et à nouveau cette rythmique à résonnance nu-metal. Chad révèle tout son potentiel et c'est captivant. HELLYEAH a tout pour plaire aux adeptes de FIVE FINGER DEATH PUNCH. On peut espérer malgré la disparition de Vinnie une reconnaissance posthume de son implication magistrale dans ce groupe résolument moderne.

Quand on dit album varié, c’est un euphémisme. HELLYEAH se déchaîne façon Alice de Seattle... direction "At The Wick's End ", un goût "Perfect". Du metal qui a de la gueule.
Bon, faut pas se mentir non plus, ce n'est pas l'album du siècle. Les (très bons) riffs de "Bury You" n’innovent pas, mais nous saurons apprécier (nous qui aimions ce son gras à la Dimebag, faut pas déconner non plus). La variété oui, mais la cohérence est plus dure à ressentir. Il manque un petit je ne sais quoi pour crier au génie. "Boy" ne rime pas avec souvenir impérissable.

Mais... oui, y a toujours un mais... en écoutant "Sky Meets The Water" et l'enregistrement de quelques mots en guise d'adieu de Vinnie sur "Irremplaceable", sobres comme une nuit sans lune, on se rend compte que c’est bien un album testament qui glisse dans notre fibre métallique. Le témoignage de 30 ans d’influences, thrash, groove, post-punk, post-hardcore, nu-metal... Après ces 36 minutes de metal sincère et triste nous nous tenons tels des cowboys hébétés loin de leur Texas natal, immobiles sous une pluie dominicale. Amoureux des riffs entendus probablement. Nostalgiques très certainement.

« The smell of rain, in the sky
The tears are gone, the well is dry
Why is my feeling of loss like a welcome home, so welcome home
All the light, fades to dark
All that’s good gets, torn apart
Why is this feeling of loss like a welcome home
So welcome home! So welcome home »

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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