La vie réserve parfois son lot de surprises. Ce soir-là, dans la salle culturelle John Lennon, ce fut une des meilleures premières parties vues depuis des lustres de mémoire de Limougeaud. Pourtant, les Américains NIGHT DEMON ne partaient a priori pas dans les meilleures dispositions possibles avec leur heavy metal qu'on croirait venir droit des années 80. Mais la scène, dit-on, reste le meilleur endroit pour faire ses preuves et c'est exactement là que le trio va littéralement bluffer le public en déployant une énergie aussi incroyable qu'inattendue ! Puisant dans l'intégralité de leur modeste répertoire les morceaux qui ont le plus de punch (de l'EP éponyme de 2012 jusqu'au second album, « Darkness Remains », sorti en 2017) NIGHT DEMON défend son steak avec férocité et conviction. Le set est carré de chez carré, la mise en place du jeu de lumières impeccable. Que ce soit le bassiste/chanteur Jarvis Leatherby, l'excellent guitariste Armand John Anthony ou le non moins excellent batteur Dusty Squires (sorte de clone de Mikkey Dee des grands soirs au niveau du jeu comme de l'attitude), tout le monde est au taquet faisant sonner comme jamais les titres "Heavy Metal Heat", "Run For Life", "Screams in The Night" et autres "The Chalice" (avec la mort en guest qui s'invite sur scène), faisant au passage un petit clin d'œil à la légende MOTÖRHEAD avec quelques notes du fameux "Overkill".
De l'avis général, NIGHT DEMON a fait très forte impression ce soir !
Au contraire de ces derniers formés au cours de ce siècle, SACRED REICH est un vrai vieux de la vieille, véritable dinosaure du thrash présent quasiment depuis les débuts du genre (1985). Mais cela faisait belle lurette que son répertoire ne résonnait plus dans les salles de concerts ou les festivals (à part de rares apparitions comme au Wacken Open Air en 2007 ou dans l'édition du Sweden Rock Festival de 2012). Pire : les Américains n'avaient pas publié non plus le moindre album depuis 23 ans ! Avec la sortie cette année de « Awakening » (et cette nouvelle tournée mondiale qui s'ensuit), les compteurs sont enfin remis à zéro et de la plus belle des manières, même si on a une nouvelle fois droit au strict minimum tant en nombre de morceaux qu'en terme de durée d'écoute (une habitude chez les Américains originaires de Phoenix en Arizona qui ont toujours privilégié la qualité à la quantité).
Sur scène : c'est le même topo ! En une heure chrono en main, le groupe survole sa discographie, faisant la part belle comme on pouvait s'y attendre à leur incontournable album « The American Way » sorti en 1990 (avec "Love... Hate", "Crimes Against Humanity" incluant bien sûr le titre éponyme) et à leur dernière production en date ("Awakening", "Divide & Conquer", "Killing Machine" et "Manifest Reality"), en terminant par le classique "Surf Nicaragua" (1988) qui laissera quelque peu le public sur sa faim. Une petite reprise du "War Pigs" de BLACK SABBATH en rappel aurait bien été appréciée !
Sous les lumières des projecteurs, le placide bassiste/chanteur Phil Rind éructe de joie, heureux comme tout, tandis que le guitariste Wiley Arnett montre son museau (seuls ceux qui ont du pif pourront comprendre...), faisant forte impression avec des soli particulièrement bien exécutés. Derrière eux, le batteur Dave McClain, de retour dans le groupe après sa longue escapade chez MACHINE HEAD, et le petit nouveau Joey Radzwill tiennent parfaitement la baraque, permettant à SACRED REICH d'assurer le minimum vital sans décevoir mais sans laisser un sentiment inoubliable non plus derrière lui.
Ce soir-là à Limoges, contre toute attente, ce fut bien NIGHT DEMON qui inscrivit le plus de points !
