13 décembre 2019, 23:59

GHOST + TRIBULATION + ALL THEM WITCHES

@ Strasbourg (Le Zénith)

Le 13 décembre 2019 eurent lieu au Zénith de Strasbourg deux événements. Le premier fût la première interview française à visage découvert de Tobias Forge depuis la révélation de son identité en tant que frontman du légendaire groupe GHOST. Vous avez tous pu vous régaler sur la chaîne Youtube HEAVY1TV

Le deuxième événement ? Le concert dudit groupe, forcément !

Pour couvrir tout cela ? Un indice : ils sont au metal ce que Starsky et Hutch sont pour la police de Los Angeles. Des spécialistes. Mais vu que nous sommes en Alsace nous parlerons plutôt de spaëtzle-istes. Oui, vous avez devinez Christian Ballard… et votre serviteur dévoué !

Deux groupes en première partie. D'abord les Suédois TRIBULATION. Sur une scène envahie par une brume sinistre quatre silhouettes fantomatiques évoluent, jouant un dark death metal. A mi-chemin entre BLACK SABBATH pour l'ambiance des riffs seventies, et l'ésotérisme black metal pour le rendu atmosphérique obscur, lourd et doom... Proprement envoûtant et langoureux TRIBULATION nous captive durant 40 minutes, exécutant 7 titres de ses deux excellents derniers albums, « Down Below » et « The Children Of The Night ». Un groupe de choix pour honorer le thème spirituel de la soirée.

Les Américains ALL THEM WITCHES nous gardent piégés dans les années 70, avec un stoner délicieusement rétro. Les riffs sont tout en ésotérisme, fracassants nos Doors de la perception. Les musiciens sont dans leur monde, concentrés tels des shamans électriques. Les 9 titres du set sont extraits de leurs 5 albums, avec une préférence pour "Lightning At The Door" (vraiment une histoire de portes ce groupe). Pas mon style de rock préféré, mais c’est parfaitement exécuté et ça captive bien son public. Après le concert je jurerais avoir croisé Jim Morrison au bar !


Vient l'introduction célèbre "Miserere Mei, Deus", véritable liturgie nous conviant à une messe impie. Les goules sont lâchées sur la scène. Plus nombreuses chaque année, avec depuis l'album « Prequelle » deux représentantes féminines qui dansent derrière leurs claviers. Et voilà le Cardinal Copia, le maître de cérémonie de cette représentation œcuménique païenne. Un monsieur Loyal qui n'en finit pas d'alterner les costumes les plus divers morceaux après morceaux. Les morceaux ? « Prequelle » et « Meliora » seront représentés par pas moins de 6 et 7 chansons chacun, pour un concert de 20 titres qui durera... deux heures ! Et oui, GHOST joue à présent dans la cour des grands, son heavy scoobymetal prend une ampleur nouvelle dans un spectacle maximisé, backdrops aux vitraux représentant les scènes sacrées du groupe, escaliers gigantesques, espaces impériaux dans lesquels chaque musicien peut se mettre en valeur. Reportez-vous aux délicieusement chaudes photos de Christian Ballard pour en avoir un aperçu. Le public est composé presque exsclusivement de fidèles, ovations et refrains repris en chœur (et avec cœur) en sont la preuve. GHOST est un bon dieu d'événement de société. Pardonnez mon blasphème, oh Saigneur...

Si votre serviteur n'est pas un adepte fanatique du dernier évangile de GHOST, force est de constater que les titres en live sont moins pop n gum que sur disque, le côté dansant de "Rats" est définitivement pape n gum !



Première rencontre avec des titres récemment lâchés dans nos cours de recrées. "Mary On A Cross" s'en sort haut la main. Les goules aux grattes font jaillir des riffs bien heavy pour notre plus grand bonheur (enfin le mien de bonheur c’est sûr). Pour le mystique "Devil's Church" nous avons droit à un duel de guitares. Les musiciens facétieux se défient à coups de soli...avant de se lâcher sur "Cirice".

Les costumes du Cardinal se succèdent. Le voir en costume blanc sur un tricycle avec sa tête de Charlie Chaplin pervers, évoluant façon Jigsaw, est autant hilarant que perturbant. Le chanteur joue avec l'audience comme le ferait un artiste du cinéma muet. Nous sommes dans un show dont le rythme et l'intérêt ne faiblissent à aucun moment.

Après l'interlude "Miasma" où un pape momifié vient s'éclater littéralement au saxophone, place au légendaire "Ghuleh/Zombie Queen". C’est un morceau aussi monumental que la pyramide de Kheops, pourvu qu'il ne soit pas retiré de sitôt de la set-list... les goules toujours aussi joueuses, n'hésitent pas à narguer leur maître à coups de langue. Le Zénith s'enflamme. C'est un plébiscite. J'ai parlé des sexy goulettes ? Pleines de grâce et de swing, elles m’ont charmé durant tout le set.

Nouveau passage intense avec l'enchaînement "Spirit " et "From The Pinnacle To The Pit". Elles sont mignonnes les petites goules qui tapent du pieds avec leurs petites guêtres blanches. S’attarder uniquement sur les mouvements du Cardinal serait perdre la moitié des détails du spectacle.

"Ritual", "Satan Prayer". Enfin, des vieux morceaux. Personnellement j'en aurais souhaité davantage. Chipoteur, le show est déjà dantesque avec sa set-list de 20 chansons, alors je n’ai rien dit. Une divine comédie qui atteint son paroxysme dans une explosion de paillettes avec "Mummy Dust". Nous sommes transportés par l'allégresse.

Nouveau titre, "Kiss The Go Goat" est un ravissement. Dans la continuité mélodique de « Prequelle » c'est du pur swing satanique. Et toujours ce rythme aussi trépidant qu'un épisode de votre série préférée. GHOST entame le final. Nous restons dans le dis-goat avec le sublime "Dance Macabre". Dans les gradins on monte sur sa chaise pour se déhancher. J'adore cette chanson !

Ultime titre ou titre ultime, le set s'achève et nous achève avec "Square Hammer". Classique. Classieux. Derniers riffs seventies baignés d'orgue Hammond, nous reprenons le refrain à tue-tête. Acclamations.

Quel show les amis. Quel chaud dirais-je, ce Cardinal Copia qui nous enjoint d'aller nous coucher après nous avoir tendrement salués. GHOST en live on ne s'en lasse pas. Le spectacle fut total. Grandiose. Inoubliable. Cardinal Copia, tu ne t'es pas foutu... de notre goule !


Photos © Christian Ballard - Portfolio


Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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