30 janvier 2020, 23:50

SLIPKNOT + BEHEMOTH

@ Paris (AccorHotels Arena)

«The place to be». In french in the text : là où il fallait être. Et c’est exactement ce que se sont dit les 18 000 personnes qui se sont donné rendez-vous en ce 30 janvier afin de venir applaudir SLIPKNOT qui revenait (enfin !) dans la capitale en promotion de son album «We Are Not Your Kind», paru en août 2019. La date que le gang de l’Iowa avait donnée dans le cadre de son premier Knotfest français n’avait permis d’avoir qu’un simple avant-goût de son album, alors à paraître. Mais nous allons y revenir.



Dans un premier temps, c’est à 19h30 que les Polonais BEHEMOTH, emmenés par le chanteur-guitariste Nergal, investissent l’arène afin de délivrer un set de 45 minutes démoniaque. Tâche toujours ardue pour un groupe très établi que de piocher dans une féconde discographie afin d’en extraire la substantifique moelle à jeter en pâture à une horde de cerbères affamés. L’odeur de putréfaction satanique se répand dans l’enceinte entre les titres du dernier album en date, «I Loved You At Your Darkest», duquel sont arrachés trois morceaux, dont un terrassant «Wolves ov Siberia» d’entrée de jeu et un superbe «Bartzabel» pendant lequel les images du clip sont diffusées sur les écrans de leur arrière-scène.
Bien que les flammes ce soir n’aient pas été aussi impressionnantes que celles qu’ont pu voir les spectateurs présents au Knotfest l’an dernier, BEHEMOTH n’a pas lésiné sur le décorum et ne se moque pas des fans. Un très bon point dont peu de groupes peuvent se targuer en général. Tout cela a un coût, les Polonais ne peuvent qu’en être remerciés ici. Côté musique, le groupe s’est concentré sur ses trois derniers albums, mis à part un extrait de «Satanica» paru en 1999 avec «Chant For Eschaton 2000». En dépit d’une petite bouillie sonore qui dessert l’ensemble, le public passe un bon moment, réagit de façon significative, ce qui, là encore, n’est pas toujours le cas pour les premières parties.



Il faut ensuite attendre une heure avant que ne résonne l’habituel «For Those About To Rock (We Salute You)» d’AC/DC et que s’achève l’attente. Et sur le final du morceau, lors de la deuxième salve de coups de canon, la chanson s’arrête net, le drapeau flanqué du logo SLIPKNOT qui cache la scène tombant d’un coup à 21h09 précisément. Plein de "neuf". Un effet voulu ? Si oui, c’est très réussi. L’académie des neuf prend la main et le moins que l’on puisse dire, c'est qu’elle a eu la main lourde avec une set-list incroyable et antédiluvienne. La raison ? Cinq morceaux de son premier album «Slipknot» (1999) et trois de chaque pour «Iowa» (2001) et «Vol. 3: (The Subliminal Verses)» paru en 2004. Côté nouveautés, SLIPKNOT pioche les cartes maîtresses de son dernier album que sont «Unsainted'' pour démarrer les hostilités, la féroce «Nero Forte» ou bien le single «Solway Firth». C’est tous les cinq ans environ que revient le groupe, mais il a triplé sa capacité en 2020, louant l’AccorHotels Arena en lieu et place du Zénith de 2015. La scénographie est la même que celle déployée au Knotfest 2019 et met donc les petits plats dans les grands.



Petit topo sur les musiciens, #4 (le guitariste Jim Root), brille toujours sur des soli qui sont secondés par le charpenté #7 (Mick Thomson). Doit-on rappeler que Jay Weinberg à la batterie est une nouvelle fois impressionnant ? Non, nous ne le rappellerons pas alors, mais nous nous permettrons juste de dire que le duo qu’il forme avec Allessandro Venturella à la basse pilonne sec. #0 (Sid Wilson) est toujours aussi frappadingue, tout comme Tortilla Man, le remplaçant d’un Chris Fehn débarqué dans les circonstances mouvementées que l’on sait, et qui met les bouchées doubles afin de faire son trou. Remarquable prestation de sa part, à l’instar de celle du chanteur Corey "#8" Taylor, très bavard entre les titres. Trop bavard. Et puisque l’on a parlé du meilleur, parlons du pire. Ces bavardages justement, qui méritent un avertissement du conseil de classe HARD FORCE. Remercier une fois, ça va, trois fois bonjour les dégâts pour paraphraser un slogan du siècle dernier. Ajoutez à cela des interludes tous les deux morceaux et vous obtenez de belles cassures de rythme qui nuisent totalement à l’envie de frénésie souhaitée ardemment par le public. Supprimez les pauses et vous obteniez un concert qui aurait laissé beaucoup plus de monde sur le carreau, dans la fosse bien sûr (très agitée tout de même, avec une moyenne d’âge assez basse, ce qui tend à prouver que malgré les années, SLIPKNOT renouvelle sa fan-base) mais aussi dans les gradins. L’hécatombe on vous dit. La "cherry pie", le son. Pas très bon pendant le set de BEHEMOTH, il ne s’est guère amélioré ensuite, voire a empiré. Difficile alors de distinguer certaines parties et nuances de mélodies, ce qui est un comble lorsque l’on sait que les chansons de «We Are Not Your Kind» en sont truffées.



Bilan des courses : 1h30 à peine de jeu (enlevons 10 minutes d’interludes et palabres), ce qui est un peu court bien que cette heure et demie ait été exploitée pleinement par une succession de 17 morceaux savamment choisis, afin d’effectuer une frappe chirurgicale sur Paris. Rendez-vous pris donc pour 2025 lors de la prochaine venue quinquennale de SLIPKNOT, Taylor ayant indiqué qu’après déjà 20 ans d’activité, ils étaient prêts à remettre ça pour 20 autres années. Ça va être beau sur scène en déambulateur, tiens…


Setlist BEHEMOTH & SLIPKNOT

Photos © Benjamin Delacoux - Portfolio


Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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