21 février 2020, 18:00

REGARDE LES HOMMES TOMBER

• Interview de Thomas & Antoine

Blogger : Clément
par Clément


© David Fitt | Season Of Mist


A quelques jours de la sortie de son troisième album, « Ascension », HARD FORCE s'est entretenu avec Antoine (guitare) et Thomas (chant) pour faire le point sur l'actualité de REGARDE LES HOMMES TOMBER. Entre le changement de label, un nouvel album qui s'annonce de haut niveau et une tournée qui passera notamment par le Hellfest et le Roadburn, le moins que l'on puisse dire c'est que le groupe... est en pleine ascension vers les sommets !
 

Bonjour ! Cinq années séparent « Exile » de « Ascension », que s'est-il passé pendant tout ce temps pour REGARDE LES HOMMES TOMBER ?
Antoine : Bonjour Clément. Après la sortie de « Exile », le groupe a fait beaucoup de concerts en France et en Europe pendant plus de deux ans, c'était donc très intense et il était nécessaire pour chacun d'entre nous de prendre un peu de temps pour souffler, faire un break. Nous nous sommes ensuite retrouvés avec plein de nouvelles idées pour le nouvel album qui nous a demandé près d'un an de travail. Nous avons vraiment fait le choix de nous mettre en retrait de la scène à ce moment-là pour travailler sereinement sur « Ascension ».

2020 : nouvelle année, nouvel album, nouveau label, votre credo c'est un peu "Le changement c'est maintenant" non ?
Thomas : C'est exactement cela ! Nous nous rendons compte d'ailleurs que nous fonctionnons par cycle puisque presque dix ans se sont écoulés depuis la création du groupe. Il était donc temps de tourner la page pour écrire une nouvelle histoire. La sortie de ce nouvel album et cette signature avec Season Of Mist constituent une occasion idéale pour sé réinventer et trouver une nouvelle signature musicale. Tout cela fait partie intégrante de notre processus de créativité...

Tu évoques le fait de se réinventer, l'écoute de « Ascension » dévoile un album plus sombre, aux atmosphères torturées avec une orientation plus black metal : est-ce une évolution naturelle, logique pour le groupe ?
Thomas : Oui, tout cela est le fruit d'expérience passées qui laissent bien sûr des marques dans l'évolution de notre musique.
Antoine : En effet, le groupe évolue d'album en album vers un son de plus en plus radical. D'ailleurs au moment de nous remettre à composer, nous avions deux options : partir vers quelque chose de plus extrême ou au contraire adopter un son qui laisse plus de place aux atmosphères, aux parties calmes. Nous avons lors des répétitions opté naturellement vers la première option, sans nous forcer et en gardant à l'esprit que le compromis n'était toujours pas à l'ordre du jour ! L'album reflète parfaitement l'état d'esprit dans lequel nous étions lors de l'enregistrement.
 

"La pochette colle à merveille aux paroles que l'on peut trouver sur "A New Order", je laisse les lecteurs de HARD FORCE s'en imprégner... " - T.C.



© Thomas Rossi | HARD FORCE


Ce qui est intéressant, lorsque tu évoques le terme "radical", c'est qu'il serait logique que vous composiez des albums dont la durée est de plus en plus courte... or c'est exactement l'inverse ! 
Thomas : C'est une très bonne remarque (rires) ! En effet, « Ascension » est un album globalement plus extrême que les deux précédents mais il comporte aussi plus de parties instrumentales, nous avons pris aussi le temps de dérouler des ambiances encore plus sombres sur certaines introductions. A mon niveau, je me suis bien plus impliqué dans les compositions et j'ai apporté aussi mon propre background et mes influences, cela apporté un peu de sang neuf et aussi beaucoup de discussions avec les deux guitaristes !
Antoine : C'est vrai, nous avons fait tourner pas mal de riffs pendant les répétitions, confronté nos points de vue et cela a amené une belle richesse dans le rendu final. Nous avons également composé le morceau "A New Order" au tout début de ces sessions, et celui-ci a vraiment défini la route que nous allions emprunter : des compositions "à tiroir" avec trois ou quatre mouvements qui surprennent l'auditeur et amènent le coup de boost qui va bien au bon moment !
Thomas : Nous voulions à tout prix éviter que le côté trop "progressif" prennent le pas sur la dynamique des titres et je crois que de ce côté-là, la mission est accomplie (rires)
Antoine : Rien n'était défini avant de nous mettre tous à table pour composer, rien n'était prémédité non plus et je pense que c'est pour cela que l'album sonne si "sauvage" !

Thomas, tu as rejoins le groupe sur le deuxième album et apporté une signature vocale radicalement différente de celle que tu proposais dans ton groupe précédent (WAR INSIDE) où tu officiais entre le death et le black...
Thomas : J'ai vraiment progressé depuis mon arrivée au sein du groupe. Je bosse beaucoup plus mes phrasés, j'essaie de moduler les lignes vocales pour proposer quelque chose d'unique. J'étais plus dans un trip influencé par DISSECTION dans WAR INSIDE où j'alternais entre growls très death et parties black hurlées, c'était efficace et cela collait avec le style mais j'ai compris qu'avec REGARDE LES HOMMES TOMBER, je disposais d'un champ d'expérimentation beaucoup plus large dont je ne me prive pas à profiter d'ailleurs ! En studio, j'ai pu conserver ce côté très primaire, très instinctif tout en testant d'autres méthodes de travail. Ce qui est sûr c'est que cette expérience m'a aidé et m'aide encore à grandir artistiquement.

Revenons sur l'artwork, une nouvelle fois igné Førtifem qui utilise un style moins théâtral et plus "dessiné" que sur vos albums précédents...
Antoine : Ce n'est pas une volonté de notre part, c'est plutôt le style de Førtifem qui a évolué dans cette direction. D'ailleurs, les premières esquisses étaient beaucoup trop "dessinées" à notre goût. Il a donc fallu que l'on trouve un curseur entre la gravure et le dessin et se mette d'accord sur une direction de travail commune. C'était un vrai défi !
Nous voulions également ajouter un clin-d'oeil aux albums précédents qui n'étaient pas vraiment dans la même lignée graphique tout en conservant une part symbolique avec un élément central très puissant. Loin d'être simple, tu en conviendras...
Thomas : Au passage, cette pochette colle à merveille aux paroles que l'on peut trouver sur "A New Order", je laisse les lecteurs de HARD FORCE s'en imprégner... et y voir ce qu'ils veulent bien y voir !

En parlant des textes... quelles sont les thématiques abordées sur ce nouve album ?
Thomas :
Cet album boucle le cycle entamé avec "Regarde les Hommes Tomber", il constitue le dernier élément de cette trilogie. Les textes sont toujours signés par Henoch, notre parolier attitré, qui est parti ici sur la création d'une histoire originale baignant dans les influences mythologiques, ésotériques qui garantissent un concept fort pour l’album.
Antoine : Sans trop en dévoiler plus sur le concept, les derniers mots qui concluent l'album sur "Au Bord du Gouffre" sont : "Regarde les Hommes Tomber".  Comme pour annoncer une fin tragique, la fin d'un cycle, notre Ouroboros. 

Parlez-nous de la production de cet album, toujours signée Francis Caste, qui n'a jamais sonné aussi puissante et précise...
Thomas :
 Nous avons une nouvelle fois pris un immense plaisir à rejoindre Francis au sein de ses studios Sainte Marthe. C'est un lieu très particulier, très inspirant qui favorise l'élaboration d'un son très naturel, sans artifices. Francis est devenu un vrai pote au fil du temps et je pense que c'est essentiel pour bosser dans de bonnes conditions. Il a su d'ailleurs endosser une véritable casquette de producteur, pas uniquement basée sur le son et l'enregistrement, mais aussi participer aux arrangements : c'est notre troisième oeil !

Vous avez participé au Roadburn, au Hellfest, au Motoculor, vous avez partagé l'affiche avec ENSLAVED, YOB, AMEN-RA, DER WEG EINER FREIHEIT : quelle est la date, avec le recul, où vous avez senti que les choses étaient de train de passer à un niveau supérieur pour le groupe ?
Antoine :
Bonne question dont la réponse est loin d'être simple à apporter, je retiendrais malgré tout deux événements. Tout d'abord le Motocultor en 2013, où nous étions au tout début de l'histoire du groupe. REGARDE LES HOMMES TOMBER ouvrait la journée, c'était une date très importante avec beaucoup de monde présent dès le matin : le bon moment pour lâcher les chevaux et prendre la place qui nous était offerte sur scène. Je pense ensuite au Hellfest en 2017 parce que c'est le plus gros concert que l'on a fait, devant plus de 6000 personnes, c'était un vrai truc de fou !
Thomas : J'ajouterais aussi la tournée avec DER WEG EINER FREIHEIT en 2017 qui était un moment très important pour nous où nous avons expérimenté la vie en tour-bus, des publics différents chaque soir : une expérience structurante à plus d'un titre...

En parlant du HellFest, pour vous qui êtes des locaux puisque basés à Nantes, quel regard portez-vous sur ce festival ? Son évolution ?
Antoine :
Nous avons grandi avec le festival depuis l'édition 2006 qui a marqué un tournant pour celui-ci. Alors oui, d'année en année  le HellFest est de moins en moins underground mais je ne pourrais pas mettre aussi cher aujourd'hui dans un pass dont je ne connais pas l'affiche au préalable. A titre personnel, je ne me retrouve plus forcément dans la programmation de ces dernières années mais je reste impressionné par l'ampleur que tout cela a pris. Il ne faut pas non plus oublier les origines du festival, à savoir le FuryFest organisé entre 2002 et 2005 qui faisait la part belle au hardcore et à tous ses dérivés et de voir cet événement qui fédère aujourd'hui des centaines de milliers de fans de metal pendant plusieurs jours.
Thomas : Le HellFest a une véritable histoire, un vécu qui prend sa source dans l'underground...

En parlant de festival, de tournée, qu'avez-vous prévu à ce sujet ?
Thomas :
Kongfuzi Booking nous a préparé un bien beau programme pour les prochaines semaines : le Roadburn, le HellFest notamment et pas mal de dates aux quatre coins de l'Hexagone. Et tout cela va encore évoluer une fois l'album disponible dans les bacs.

Une dernière question pour Antoine, qui fait partie du groupe depuis ses débuts, quel regard portes-tu sur le chemin parcouru depuis presque dix ans maintenant ?
Antoine :
 J'ai du mal à réaliser que cela fait aussi longtemps que REGARDE LES HOMMES TOMBER est sorti de l'ombre. Le moment décisif, à y réfélchir, a été ce concert en première partie d'ENSLAVED qie nous avons joué à Paris, j'ai vraiment senti que quelque chose se passait à ce moment là. Je suis également touché de constater qu'autant de personnes nous suivent depuis un petit bout de temps, que REGARDE LES HOMMES TOMBER est aujourd'hui une formation reconnue au sein de la scène française.

Ces derniers mots seront les vôtres...
Thomas :
Nous avons mis toutes nos tripes dans cet album, il y a eu des tensions des conflits mais nous avons dépassé tout cela ! J'espère que vous passerez un bon moment à son écoute !
Antoine : Pas mieux, merci Clément et surtout... n'oubliez pas d'écouter SLAYER !


Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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