28 février 2020, 19:00

FIVE FINGER DEATH PUNCH

• "F8"

Album : F8

Il est là, le nouveau FIVE FINGER DEATH PUNCH. «F8». "8" car c’est le huitième album, une évidence, "F" en association pour activer un mode sans échec. Les fans de plus en plus nombreux du groupe du Nevada comprennent la pression inhérente à cette sortie, tant ils n’ont pas été déçus jusqu’à présent. Voilà donc 13 ans après le coup de poing (américain) que fut «The Way Of The Fist», «F8» (prononcez "Fate", la destinée), un album très attendu.

Beaucoup connaissent déjà l’enchaînement des trois premiers titres, dévoilés durant les dernières semaines. Lever de rideau en synthé de velours, puis attaques thrashy et groovy avec "Inside Out". La voix d’Ivan Moody est profonde et limpide (la sobriété s’entend presque dans son déroulé verbal, il grogne, il crie, il slame, il croone), les riffs lui font un écho (métallique) des plus forts. Ca a de la texture, ça a le goût de FIVE FINGER DEATH PUNCH. On visualise Zoltan déchirant ses cordes, Jason faisant pleurer des soli comme s’il râpait des oignons sur sa guitare, et Chris rythmant avec sa bonne humeur légendaire. Comme un résumé de leur carrière, les prêtres d’un metal résolument moderne font pleuvoir des notes échos de tous leurs albums. "Full Circle" a des accents de "Got Your Six" dans son introduction, nous nous prenons des coups de gr-riffs thrash dignes des premiers albums avec "Living The Dream". Riffs ponctués de breaks mélodiques très inspirés, Ivan interpelle l’audience :

« Captain America, are you off to fight the bad guys?
Hey mighty Superman, can you save us from ourselves?
Hey, Mr. Universe, can you lift us up above this?
'Cause I'm just Iron Man, I'm a ghost within a shell »

FIVE FINGER DEATH PUNCH, l’envers de l’american dream. Depuis leurs débuts en 2005 leurs morceaux sont des tableaux vivants, des reflets façon Edward Hopper de l’Amérique des oubliés. «F8» ne déroge pas à la règle, et s’il l’on peut critiquer (je laisse cela à d’autres) que le groupe se conforte dans une sorte de classicisme rock qui lui est propre, c’est avec toujours autant de brio, de paillettes, de vegas-core, que les toiles prennent vie. On sent la colère, la peur, la déception, la joie, tous les sentiments d’un chanteur qui se livre à core ouvert. Difficile de demeurer de marbre face aux rugissements de "Bottom Of The Top", morceau où l’on peut profiter également du talent du petit nouveau à la batterie, Charlie Engen, qui se révèle très doué, qui laisse planer une athmosphère (In The Air Tonight), un son très eighties. Oui, "A Little Bit Off"... Phil… du copié-collins, pas dégueu.

Puis il y a des morceaux que même les haters devraient apprécier. Les délicieusement panthériens "Bottom Of The Top" et "This Is War" (alors celui-là il arrache façon "Way Of The Fist"), où Zoltan tire ses riffs à tout va. Le groupe avait promis un album heavier, c'est chose faite. Y a des ballades auxquelles FIVE FINGER DEATH PUNCH sait insuffler de la passion. "Darkness Settles In", occasion pour Jason de glisser des soli old-school bien émouvants (sortez les violons, au propre comme au figuré) sur les trames riffesques du tableau de Zoltan. Peintres guerriers du quotidien, FIVE FINGER DEATH PUNCH te colle l’arme à l’œil. "Brighter Side Of Grey", doté d'une rythmique appuyée faisant un contre point singulier avec le chant pop-rock bien chaud d’Ivan, nous renvoie avec plaisir du bon côté du paradis cette fois-ci...

Fan inconditionnel de FIVE FINGER DEATH PUNCH (qui a dit groupie ?), je reconnais volontiers quelques titres convenus, tels "To Be Alone", mais il y a une différence entre exécuter des compositions classiques et pondre un mauvais truc. De toute façon le titre est suivi de "Mother May I (Tic Toc)", avec ses superbes duels, de voix gutturales et claires, mais aussi de guitares lourdes et aériennes, ou quand les antagonistes se mêlent avec brio, véritables reflets d’émotions contrariées et contradictoires.

FIVE FINGER DEATH PUNCH a définitivement son empreinte, elle s'appelle Semper Fi. Toujours fidèle, à un metal généreux et sincère. "Scar Tissue" dégorge toute la dualité de l'homme, la lourdeur et la douleur dégouline de chaque instrument, de chaque couplet Un titre Painkiller qui devrait être remboursé par la sécurité sociale.

Alors, «F8» un album sans échec ? Pour ma part oui. Tant de puissance, d’émotion, comme un condensé de tous les (excellents) titres que FIVE FINGER DEATH PUNCH a pu nous servir depuis 15 ans. Si quelqu’un parle d’échec, c’est d’un échec et mat qu’il s’agit, en faveur d'un groupe incontournable !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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