22 mars 2020, 18:16

HEAVEN SHALL BURN

• "Of Truth And Sacrifice"

Album : Of Truth And Sacrifice

HEAVEN SHALL BURN. On pourrait songer au titre d’un film post apocalyptique, les temps dramatiques s’y prêtent bien.

HEAVEN SHALL BURN. C’est aussi un groupe Saalfeld, dans le Land de Thuringe, qui depuis 20 ans nous assène des albums engagés et enragés, toujours d’une grand richesse en décibels. Vous vous souvenez du dernier album « Wanderer » ? Un voyage multigenre exceptionnel. Je devine que beaucoup affirmeront que oui, mais certains rougiront en lisant ces lignes car ils sont peut-être passés à côté, je maintiens qu’il fallait persévérer pour pleinement le savourer. Aujourd’hui est sorti « Of Truth And Sacrifice ». Voici les 10... enfin les 19 commandements version HEAVEN SHALL BURN (oui nous sommes gâtés, il s'agit un double album).

1ère écoute. 1ère claque orgasmique. Sans pouvoir encore distinguer les nuances de chaque titre, je fais déjà trois fois le tour de mon caleçon sans toucher l’élastique ! Intro instrumentale de grande classe, "March Of Retribution", et la guerre commence réellement avec "Thoughts and Prayers". Exit le chant clair, on passe sur une base death aussi redoutable qu’un orgue de Staline, avec des nuances death mélodique aussi vivifiantes que l’air iodé de Scandinavie. Une chanson... parfaite. Rythmique déferlant en rouleaux deathcore, riffs destructeurs, soli angéliques et contemplatifs à la INSOMNIUM, et growls aussi ultimes que la parole du saigneur.

Véritable diptyque du jugement dernier, la vérité précède-t'elle le sacrifice ? Jamais pochette n’aura aussi bien symbolisé la beauté de la souffrance. Oui, la Valkyrie, et le chérubin qui la soutient, portent tel un Atlas bien fatigué toute la douleur du monde. Cet album est un signe des temps actuels, hélas. Sublime Valkyrie, mais pour la vache qui rit on repassera (désolé). Quoi que... Si vous ne l’avez pas encore vu, pour rester dans le non-sens post-apocalyptique, je vous invite à visionner le clip de "Eradicate". Action movie gore de série Z, ou quand Schwartzie et Bud Spencer se mettent au metalgore. Une bouffé d’air frais dans notre climat contaminé !

Si l’album est survitaminé, contrairement à « Wanderer », non seulement c’est une excellente initiative pour dépoussiérer le marasme psychologique tombé telles d’affreuses grosses pellicules sur nos épaules, mais il est de part ailleurs d’une grande variété de styles. "Protector" fait dans le metalcore agressif et carré, avec des guitares aiguisées aux discours des plus expressifs. Idem pour "Terminate The Unconcern", "Übermacht" offre un minimaliste death mélocolérique. Et il y a sur chaque partie du diptyque des moments de pure bravoure, "My Heart And The Ocean" est un cri engagé, de l’environnemental core. Un des premiers titres révélés de l’album, c’est un des piliers de ce dernier, avec ses riffs tendus à l’infini comme des cordes glacées sur le point de rompre.

HEAVEN SHALL BURN prend également son temps, "Expatriate" fait dans l’exploration profonde des sentiments (plus de 8 minutes). Piano et violon en plus de la rythmique lancinante et désespérée, on verse dans le (death) mélo pur. Rien à envier aux maîtres suédois. Rebelote avec "Weakness Leaving My Heart", la superbe conclusion de ce double album. Un schéma repris sur "The Sorrows Of Victory", où les Allemands cherchent à devenir IMMORTAL. Joli coup de patte black metal sur le titre. Cet album, où la vérité est effectivement synonyme de sacrifice (c’est très allemand je trouve), a de quoi autant nous foutre la patate que nous transformer en anges de pierre chialeurs !

L’humanité est duale, la musique de HEAVEN SHALL BURN également. "What War Means" comme son nom doucereux l’indique est une charge grasse et hurlante. Du thrash death qui tache. Riffs qui dégoulinent, growl douloureux de celui qui s’est pris un rocher sur le pied, pas de doute on écoute là du death old-school. Avec une touche doomesque sur la fin. Et vous savez ce que dit toujours le grand prêtre à la messe, là où y a du doom, y a du plaisir.

Bon, stocker une heure trente de musique sur un album, vous allez dire qu’il doit y avoir du dispensable, non ? Personnellement je n’ai pas vu le temps passer. Le premier CD, « Of Truth », est excellent. Le second, « Of Sacrifice », conserve la même richesse, la même qualité. "Children Of A Lesser God" ouvre ce 2ème round bruyamment avant d’enchaîner à mi-morceau sur un death mélo qui transpire... bin, la mélancolie tout simplement. Tout ça pour dire que c’est juste magnifique cet enchaînement de morceaux tout en nuances. Mention à "La Résistance", où HEAVEN SHALL BURN visite les terres de l’electro metal, ou l'eurobeat, avec un chant ultime. "The Sorrows Of Victory", déjà mentionné, nous invite dans une grande messe gothique, avec une voix âpre qui a dû s’enivrer du Paradis Perdu. Quand je vous dis qu’il y en a pour tous les goûts...

HEAVEN SHALL BURN c’est l’Apocalypse revisitée. Nous passons, avec la succession de styles deathcore, death mélodique, thrash, les différentes étapes de la fin du monde : la colère, le deuil, l’acceptation, la renaissance (ouais, car faut pas déconner, à la fin ça finit bien, "Weakness Leaving My Heart" est le mot d'ordre !). Des titres portés par les sabots fumants des montures des quatre cavaliers.

« Of Truth And Sacrifice » est définitivement l’album du moment, en plus de se hisser parmi les meilleurs skeuds de l’année. Comme un mode d’emploi pour vivre et survivre à l’Apocalypse. Une expérience intense hors-norme. HEAVEN SHALL BURN, « Of Truth And Sacrifice », ou quand l’évangile selon Saint Metal remplace celle de Saint Pierre. Ainsi soit-il !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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