28 mars 2020, 16:30

ME AND THAT MAN

• Interview Nergal


​On connaît Nergal dans BEHEMOTH, on connaît Nergal pour son franc-parler, on connaît aussi Nergal pour son projet parallèle ME AND THAT MAN qui nous offre une musique folk, dark et extrêmement groovy. Il revient avec un second album, « New Man, New Songs, Same Shit Vol. 1 » qui fait la part belle à des invités prestigieux du monde du metal. Le leader charismatique et libre revient avec nous sur ces collaborations mais aussi sur des thèmes brûlants qui lui tiennent particulièrement à cœur. Un entretien franc et direct, plein d'honnêteté.


​Alors, comment ça va pour toi pendant cette période de confinement ?
Ecoute, je ne me plains pas. J'essaye de voir le côté positif de la situation, il y en a toujours un. J'essaye de prendre soin de moi, je fais du sport, je lis beaucoup et je passe beaucoup de temps sur ma guitare à faire marcher ma créativité. Je travaille déjà sur des nouveaux morceaux pour ME AND THAT MAN et BEHEMOTH.

Tu as un nouvel album qui vient de sortir : « New Man, New Songs, Same Shit Vol.1 ». Tu es un homme nouveau ?
Eh non, je suis toujours le même ! Mais l'homme de l'album est un peu nouveau.

Ce pourrait être plutôt ME AND THOSE MEN plutôt que ME AND THAT MAN car tu as de nombreux invités sur cet album, non ?
Eh bien c'était mon idée au départ. Je voulais prendre le nom ME AND THOSE MEN mais le management a refusé car il aurait fallu tout changé : les contrats, les réseaux sociaux... tout. Il y a trop d'administratif si tu veux changer de nom. Ce serait comme si j'avais créé un nouveau groupe. Je préfère la continuité.

Tu es content de "ces hommes" qui ont interprété tes chansons ?
Oui, ce ne sont que des personnes que j'apprécie énormément. On est tous plutôt bons amis. Je dois dire que je les respecte énormément pour leur travail dans leur propre carrière et ce qu'ils ont fait pour ME AND THAT MAN. Il y aussi des amis plus récents, comme Sivert Høyem de MADRUGADA que j'ai rencontré à Berlin. MADRUGADA est un de mes groupes préférés, je les adore. On se connaît depuis trois ans et quand je lui ai demandé de chanter sur l'album, il avait peur de me décevoir. Mais quand il m'a envoyé sa chanson, j'ai été subjugué. C'était super ! Quelle est ta chanson préférée ?

A vrai dire, j'ai un faible pour ta chanson en polonais "Mestwo"...
Je suis surpris de voir comment les gens réagissent positivement à cette chanson ! Pour être honnête, je ne m'attendais pas à ça car le polonais, c'est vraiment une langue exotique pour beaucoup de monde. Je pensais que les gens se foutaient du polonais ou de la Pologne d'ailleurs. Mais les gens semblent aimer ma voix, tant mieux !

Et de quoi parle-t-elle cette chanson ?
"Mestwo" se traduirait par “courage”. C'est un nom très symbolique. C'est à propos d'un mec qui ne lâche rien dans la vie, qui ne fait aucun compromis, qui veut rester ce qu'il est à tout prix, rester fidèle à lui-même. Il ne s'incline devant aucun chef, aucun dieu... C'est un peu une chanson sur la rébellion, l'autonomie. Je n'ai pas écrit les paroles mais quand j'ai écouté la démo, j'étais jaloux. J'aurais voulu les écrire !

Ce pourrait être autobiographique en effet…
Je connais bien le gars qui a écrit les paroles donc il m'avait forcément en tête en écrivant. Mais je n'aurais pas fait mieux que lui. C'est parfait !
 

"Pour le prochain album, je vais inviter bien plus de femmes, donc ne vous méprenez pas : par nature, je suis féministe."

 

Tous les artistes qui interviennent sur l'album viennent d'un milieu metal, toi aussi d'ailleurs. C'est un défi de créer et de participer à ce genre de musique si différent ?
Oui, c'est un peu un défi mais c'est surtout réellement gratifiant car je sors de ma zone de confort, je sors des cases, des standards. Le heavy metal est mon pain quotidien et c'est dans mes gènes. Mais j'ai senti le potentiel que pouvait apporter ce genre de musique pour en apprendre plus à propos de moi-même. Ça me libère, ça me passionne, c'est rafraîchissant. Je crois d'ailleurs que ça s'entend dans la musique. Ce genre de musique te permet vraiment de t'exprimer grâce à deux accords simples, des mots parlés et des thèmes francs. C'est vraiment différent de BEHEMOTH qui parle de magie, de métaphysique, avec des métaphores. Ici, c'est vraiment plus simple. C'est très nouveau mais très enrichissant pour moi.

ME AND THAT MAN est le côté plus lumineux de Nergal ?
Peut-être mélodiquement mais les thèmes que nous abordons ne sont vraiment pas plus lumineux ! OK, "Coming Home" parle d'amour même si l'histoire se termine mal. Mais les autres morceaux parlent de tuer des femmes, de suicide, de dire adieu... Je ne crois pas que cela soit léger !

Et l'album est très blasphématoire aussi. Tu t'élèves toujours contre la religion, les religions ?
Ce n'est un secret pour personne. J'ai vraiment une haine viscérale pour toutes les religions monothéistes, donc oui. Si j'exprime ça en des mots simples et visuels : « Qu'ils aillent se faire foutre ! ».

Tu as donc beaucoup d'hommes qui ont joué avec toi sur cet album. Et les femmes alors ?
Il y en une : Johanna Sadonis (de LUCIFER). C'est une fille très classe, une lady ! Elle a des couilles ! Bien plus grosses que tous ces hommes ! Pour le prochain album, je vais inviter bien plus de femmes, donc ne vous méprenez pas : par nature, je suis féministe. J'aime les femmes, je les respecte et j'espère quand même être un gentleman ! Je suis très fier du travail de Johanna sur l'album.

Quelles sont tes sources d'inspiration quand tu écris des paroles ?
Je lis beaucoup et je prends des notes. Je regarde aussi des émissions de télé, j'écoute de la musique... Quand j'écris pour ME AND THAT MAN, je prends une idée, un riff, un rythme que j'ai entendu et je brode autour, je le tourne à ma sauce. J'aime les chansons simples et éternelles. J'essaye toujours de rester authentique, de m'approprier la musique.
 

"Je serai toujours là pour défendre la liberté d'expression, juste la liberté, la tolérance, l'ouverture d'esprit."



Tu es très proches des fans sur les réseaux sociaux. C'est important pour toi ce contact personnel ?
Oui, j'ai besoin de partager mes pensées avec l'univers. Les réseaux sociaux sont un beau moyen de communiquer avec le monde. Pas simplement pour parler de moi ou de ma musique mais pour partager des émotions, des interrogations. Je suis un grand communiquant sur scène mais aussi sur les réseaux sociaux, et je crois que je le fais bien. Mon compte Instagram, par exemple, a 400 000 followers et ils peuvent tous se dire que je suis à 100% honnête. J'adore provoquer les gens, les embêter. Mais ce que je peux dire aussi, c'est que vous pouvez être sûr à 100% que c'est Nergal qui rédige les commentaires sur les media. Je ne crois pas que ce soit le cas de Trent Reznor (NINE INCH NAILS) par exemple. Je ne crois pas qu'il tienne son compte instagram. Ou imagine que Quorthon de BATHORY soit encore en vie et qu'il t'amène à la salle de gym via Facebook ! Ça ne te surprendrait pas ? Ou Nick Cave qui t'emmènerait faire les courses ! Pourtant, cela ne leur enlèverait aucune crédibilité. Au contraire, tu les aimerais encore plus.

Oui, tu as raison. D'ailleurs, tu as toujours un discours très libre. C'est ton fer de lance ?
Oui. En Pologne, j'ai toujours été confronté à la censure et je déteste ça. Donc, aujourd'hui, je veux parler, me confronter aux limites. Je veux aussi que les gens fassent travailler leur cerveau car c'est bon pour la santé. On ne peut pas rester dans les standards politiquement corrects. Surtout en tant qu'artiste, j'ai besoin d'exprimer ma liberté. On peut me critiquer mais si tu essayes de me faire passer pour ce que je ne suis pas, tu auras toujours un gros doigt levé devant tes yeux ! Je serai toujours là pour défendre la liberté d'expression, juste la liberté, la tolérance, l'ouverture d'esprit.

Et quand tu es en live, ce doit être vraiment différent de jouer dans BEHEMOTH et ME AND THAT MAN, non ?
​Oui ! J'adore les deux mais par exemple, cet été, je devrais jouer dans des festivals avec les deux groupes, parfois le même jour. Et ça c'est difficile à gérer ! J'ai vraiment besoin d'apprendre à répartir mon énergie entre les deux projets. C'est un réel défi. Je préférerais avoir du temps entre les deux. C'est comme être les deux côtés d'une même médaille. En tous cas, j'ai hâte de venir en France, j'adore votre pays ! J'ai joué au Motocultor et au Hellfest. Le Hellfest est probablement mon festival préféré, je le pense vraiment. Donc soyez prêts !


L'album « New Man, New Songs, Same Shit Vol. 1 », paru le 27 mars, est disponible sur ce lien : MeAndThatMan
 

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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