7 avril 2020, 17:00

BENIGHTED

• "Obscene Repressed"

Blogger : Crapulax
par Crapulax
Album : Obscene Repressed

On pourrait croire qu'à chaque nouvel album les Stéphanois donnent l'impression qu'ils ont encore repoussé leurs limites, qu'ils sont une nouvelle fois partis encore plus loin dans cette délicieuse démesure d'une brutalité innée autant qu'outrancière, brutalité qui semble ne connaître comme seule restriction que le niveau 10 du potard de volume des amplis.

Mais on ne va pas vous prendre pour des billes : ce n'est pas tout à fait exact. BENIGHTED fait du BENIGHTED, point barre. Si nombre de musiciens se sont succédés depuis son premier album autoproduit (2000), la formule revigorante du professeur Herbert West, elle, reste globalement inchangée. Pour preuve la traditionnelle reprise de fin de CD comme il y en a déjà eu sur « Identisick » (NAPALM DEATH), sur « Asylum Cave » (les regrettés NASUM) ou sur les éditions deluxe de « Carnivore Sublime » (ABORTED et RAMMSTEIN) et de « Necrobreed » (SEPULTURA et MARDUK) sans parler de l'EP « Dogs Always Bite Harder Than Their Master » (AT THE GATES ») sorti dernièrement pour fêter les 20 ans du groupe. Ici, on ne déroge pas à la règle non plus avec la cover survitaminée du "Get This" de SLIPKNOT !

Autre habitude du groupe : les invités de marque comme Niklas Kvarforth (SHINING) et Michael Kern (CARNAL DECAY) sur « Carnivore Sublime » et Trevor Strnad (THE BLACK DAHLIA MURDER) sur « Necrobreed ». Sur « Obscene Repressed », c'est au tour de Karsten Jäger (DISBELIEF) de participer à la fête et surtout au tour de l'incontournable Jamey Jasta de HATEBREED qui, ceci dit en passant, n'a pas fait le détour pour se prendre en selfie devant un champ de betteraves. Il est tout simplement impérial sur le titre "Implore The Negative" !

Côté pochette d'album rassurez-vous également : BENIGHTED ne fait toujours pas dans les couleurs chatoyantes, les petites fleurs et les ombrelles sur fond de lac nimbé de soleil chers aux peintres impressionnistes. On est toujours dans le gras, le dégueu, le sombre, le dérangeant. Un univers que le phénoménal artiste/tatoueur Grindesign, auteur de la présente pochette, maîtrise à la perfection (ALL SHALL PERISH, SKELETONWITCH, KREATOR, SLAYER... la liste fait peur à voir !).

Alors en un seul mot comme en mille : ce neuvième album tient musicalement toutes ses promesses en terme de son et d'agressivité (le nouveau batteur Kévin Paradis ex-SVART CROWN y étant sans doute pour quelque chose, voir le titre éponyme), mais aussi en terme de variété des rythmes et des ambiances. Chaque morceau sait changer intelligemment d'angle d'attaque (par exemple l'excellent "The Starving Blast" plus syncopé qu'un "Scarecrow" complètement bourrin) même si l'objectif reste toujours le même depuis deux décennies déjà : la dévastation du périmètre d'écoute en mode Hiroshima !

Au milieu des cris porcins, des rots caverneux et autres régurgitations toujours très classe, quelques traces de finesse malgré tout subsistent... Mais que tout le monde se rassure, elles sont au nombre de 2 et ne couvrent que 36 secondes : l'intro acoustique de "Brutus" et le solo presque jazz de "Muzzle" qui fait écho à celui de "Sex Addicted" (sur l'album « Identisick »).

Aussi est-il logique de conclure que le BENIGHTED édition 2020 n'a toujours pas tempéré son propos ni retourné sa veste. Ça surprend quelqu'un, sérieusement ?

Blogger : Crapulax
Au sujet de l'auteur
Crapulax
Véritable touche-à-tout venant du metal underground : ancien animateur radio de l'émission TRANSAM ROAD (1989/1995), rédacteur de fanzines (CREME D'ANDOUILLE), ex-chanteur et guitariste rythmique au sein du groupe de Post-Hardcore SCREAMING SHORES (2006/2011). Également artiste graphique : affiches de concerts, jaquettes de démos, logos, caricatures de stars du Metal et divers comics (SEXUAL TENDENCIES, PAPY METAL, NEOBLASPHEMATEURS).
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