2 mai 2020, 10:30

IRON MAIDEN

• Discographie des membres : Bruce Dickinson


​Vous connaissez tous la carrière d’IRON MAIDEN, une centaine de millions d’albums vendus répartis entre seize disques parus depuis 1980 jusqu’à 2015, mais saviez-vous qu’il y a, concernant ses membres, une vie musicale parallèle avant, et même pendant, pour certains ? Si tel n’est pas le cas, laissez-moi vous présenter la carrière actuelle ou passée de chacun des membres actuels et anciens en dehors du groupe. Cette semaine, le Capitaine Bruce Dickinson. « Permission de monter à bord accordée ! »

Né le 7 août 1958, Paul Bruce Dickinson a rejoint les rangs d’IRON MAIDEN à la fin de l’année 1981 après une audition concluante dont trois titres ont été mis en ligne sur Internet que vous pouvez écouter en cliquant sur ce lien, remplaçant ainsi le chanteur Paul Di’Anno débarqué peu de temps avant. Le groupe part alors en Italie en octobre afin de tester pour quelques dates le potentiel de cette nouvelle recrue. Loin d’être un perdreau de l’année à cette époque, le vocaliste multitâche qu’il est devenu au fil des années et de ses envies a connu un beau début de carrière à partir du milieu des années 70 tout d’abord, puis en solo à partir de 1990, chemin qu’il poursuivit lors de son départ du groupe en 1993 et même en 2005, quelques années après son retour avec La Vierge de Fer. Penchons-nous sur tout cela si vous le voulez bien de façon chronologique.

Bruce Dickinson prend le micro en studio pour la première fois en 1977 à l’âge de 19 ans après avoir répondu à une annonce du magazine Melody Maker sur lequel il avait repéré une annonce d’un groupe recherchant un chanteur auquel il envoya une cassette en guise de démo en y joignant un mot : « Au fait, si vous trouvez le chant pourri, il y a des trucs de John Cleese (Ndr : membre de la troupe comique The Monty Python) sur l’autre face qui pourraient vous amuser. » Et c’est ainsi que le groupe THE SHOTS invita le chanteur à entrer en studio pour enregistrer le titre "Dracula" que l’on retrouve facilement sur le deuxième disque de sa compilation « The Best Of» parue en 2001.
 


Nous sommes ensuite toujours vers 1977-1978. La trace de Bruce avec le groupe SPEED est audible ci-dessous sur le titre "Man In The Speed". Aussi bref qu’anecdotique, on peine à reconnaître sa voix, n’ayant peut être pas par ailleurs trouvé la sienne de voie. De voix. Bref.



 


Avance rapide jusqu’en 1983 avec la parution du single "Oh Baby" du groupe XERO (dont le guitariste Bill Leisegang jouait précédemment avec THE SHOTS) et où figure en face B le titre "Lone Wolf" qui est en réalité une chanson enregistrée par… THE SHOTS. C’est le manager de XERO qui eut l’idée de mettre cet ancien morceau sur le disque avec un avertissement sur la pochette afin d’attirer un nombre conséquent d’acheteurs potentiels, IRON MAIDEN ayant une notoriété énorme à cette même époque. Une audace qui ne serait plus tolérée aujourd’hui par le management et les redoutables avocats de Bruce et IRON MAIDEN. Autres mœurs, autre époque. En attendant, nous, on en profite…



 


Retour en arrière en 1979 lorsque Bruce rejoint les rangs de SAMSON avec qui il enregistre deux albums, « Head On » (1980) et « Shock Tactics » (1981). On le retrouve cependant sur « Survivors » (1979) lorsque cet album est réédité en CD en 2001 où sa voix est posée sur les morceaux originaux. A cette époque, son nom de scène est “Bruce Bruce”, un surnom ridicule qui puise sa source dans un sketch des Monty Python (encore eux !). Dans une interview, Bruce décrit son passage au sein de SAMSON en ces termes : « Au départ, il y avait SAMSON, SAXON, IRON MAIDEN et DEF LEPPARD. (…) Et on a rapidement perdu pied tandis qu’IRON MAIDEN tirait son épingle du jeu avec une imagerie forte. SAMSON, c’était un bordel total. Imaginez un batteur masqué se renversant de la bière sur la tête en proférant des borborygmes inhumains, ce qui, au passage, occasionnait des difficultés aux autres membres pour commander un verre au bar des salles dans lesquelles on jouait. »
 

  
 

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Afin d’illustrer son passage au sein de SAMSON, j’ai choisi, au lieu de partager un morceau, de vous proposer de visionner le court-métrage Biceps Of Steel, réalisé par Julian Temple en 1980 mais qui ne fit son apparition qu’en 2003. Au vu du document, vous comprendrez que le monde n’a pas perdu grand-chose avec cette histoire de super-héros roadie (dont le rôle est tenu par Barry “Thunderstick” Purkis, batteur de SAMSON) combattant une horde d’énergumènes qui veulent empêcher un public rock de s’éclater. Lors de ces 12 minutes, on peut y entendre les titres "Hard Times" et "Vice Versa" tirés de « Head On » et dont certaines séquences se retrouveront dans un film d’horreur avec John Cassavetes, Incubus, sorti sur les écrans en 1981 (1982 pour la France). Après son départ, les fans ont pu réentendre la prestation du groupe en 81 au festival de Reading sur l’album bootleg « Live At Reading 1981 » au cours duquel il fut approché par un certain Rod Smallwood, manager d’IRON MAIDEN. Le reste appartient à l’histoire...



 


Entre 1982 et 1990, Bruce va être occupé à 100 % avec IRON MAIDEN, enchaînant les cycles album/tournée à un rythme effréné et l’envie (la nécessité ?) de sortir un album solo se concrétise en 1990 avec « Tattooed Millionaire », un premier disque dont le guitariste est un certain Janick Gers qui rejoint les rangs d’IRON MAIDEN à cette même période, suite au départ d’Adrian Smith. Ces 10 chansons nous font découvrir une facette de l’artiste à mille lieues de ce qu’il propose avec MAIDEN, plus rock et basique, une sorte de retour aux sources, d’exercice cathartique par le cri primal et un album qui fait écho à un furieux titre très rock 'n’ roll de SAMSON, "Riding With The Angels", que Bruce reprend d’ailleurs sur la tournée qui suit la sortie de cet album solo. Un extrait de ce premier album ci-dessous avec le titre "Dive! Dive! Dive! " filmé en live avant que l’album live malicieusement intitulé « Dive! Dive! Live! » paraisse l’année suivante, uniquement en VHS.



 

  


Nous arrivons en 1992 et Bruce s’autorise un gros délire en compagnie de l’acteur Rowan “Mr. Bean” Atkinson en enregistrant une reprise d’un morceau d’Alice Cooper, "I Wanna Be (Elected)", dont les bénéfices sont reversés à l’œuvre de charité Comic Relief, collectif de comiques effectuant des spectacles afin de lever des fonds pour venir en aide aux populations africaines et aux Anglais en difficulté. Un clown au grand cœur, déjà engagé à cette époque aux côtés de Nordoff Robins dont la méthode du même nom est une musicothérapie que Paul Nordoff et Clive Robbins ont développée sur une période de 17 ans, de 1958 à 1975. Elle a été conçue dans le but d'aider les enfants souffrant de troubles psychologiques, physiques ou du développement.




Exit, non pas « to chatagoune-goune » comme le chante Hubert-Félix Thiéfaine, mais exit tout court en 1993 lorsque Bruce quitte IRON MAIDEN et sort l’année d’après le premier disque de ce qui est désormais une vraie carrière solo, « Balls To Picasso », avec les musiciens du groupe TRIBE OF GYPSIES, parmi lesquels le guitariste Roy Z, qui va l’accompagner jusqu’en 2006. Ce disque n’a rien à voir avec « Tattooed Millionaire », comme le prouve le titre "Tears Of A Dragon", ainsi que « Skunkworks » qui sera lui aussi en tout point différent ("Back From The Edge" ci-dessous), s’entourant à cet effet de jeunes musiciens, partant avec eux en tournée dont le point d’orgue sera le concert donné à Sarajevo et documenté dans le récent Scream For Me Sarajevo.





  


En 1997, un peu las de ses errances discographiques peut-être, du moins pas vraiment satisfait de leur impact commercial et désireux de renouer avec le heavy pur et dur qui lui manque, Bruce rappelle à ses côtés une vieille connaissance, Adrian Smith. En compagnie de Roy Z à nouveau, le binôme responsable de quelques-uns des plus grands titres d’IRON MAIDEN s’attelle à la composition de ce qui deviendra « Accident Of Birth », dont la pochette est signée Derek Riggs, illustre illustrateur des visuels de MAIDEN pendant plus d’une décennie, et qui voit donc Bruce sortir un album très heavy, cohérent et bourré de titres incroyables, dont le morceau-titre ci-dessous.



 


Un an plus tard, on décèle une trace d’activité plutôt incongrue personnifiée avec la reprise de "The Zoo", écrite par SCORPIONS, enregistrée ici avec le guitariste Roy Z et qui se retrouve sur la compilation « ECW Extreme Music », florilège de titres que l’on entend lors des matchs de l’ECW (pour Extreme Championship Wrestling), une des ligues affiliées à la WWE, la célèbre fédération de catch.



 


Toujours en 1998, la reprise de la collaboration entre Dickinson et Smith a créé une émulation qui les amène à publier plus sérieusement cette fois-ci « The Chemical Wedding », album dont le thème traite de l’occulte et la magie noire avec de nombreuses références à Aleister Crowley, ce qui débouchera en 2008 sur un film dont le scénario est signé Bruce, Le Diable Dans Le Sang (The Chemical Wedding en V.O.). Encore plus heavy et lourd, il se dit que Steve Harris est jaloux de la réussite artistique des deux derniers disques de son ancien chanteur et le verrait bien revenir à l’écurie. Comme il l’explique dans sa biographie, Mais A Quoi Sert Ce Bouton ?Bruce est un pur-sang fait pour les grands espaces. En 1999, il rejoint donc les rangs d’IRON MAIDEN en compagnie d’Adrian Smith, préfigurant une nouvelle ère qui va les voir dépasser ce qui a été accompli dans les années 80. Cette même année sort aussi « Scream For Me Brazil » sur lequel vous pouvez écouter et voir (un format vidéo ayant été édité) l’extrait suivant, "Killing Floor".



 

  


Alors qu’IRON MAIDEN va surprendre la planète entière avec « Brave New World », son chanteur trouve le temps de participer en 2000 à "Into the Black Hole", morceau-fleuve de près de 10 mn que l’on trouve sur l’album« Universal Migrator Part 2: Flight of the Migrator » du groupe AYREON, projet d’Arjen Anthony Lucassen. Interrogé afin de comprendre comment Bruce s’était retrouvé en studio avec lui, Arjen a expliqué : « A cette époque, mon manager, Harrie, travaillait pour le management de MAIDEN et il a pu donner à Bruce un exemplaire de mon album « Into The Electric Castle ». Environ six mois plus tard, il lui demanda s’il l’avait écouté et Bruce répondit qu’il l’avait adoré! Sa manière de chanter sur ce titre est différente et son côté aéré lui a donné plus d’amplitude pour essayer d’autres choses. Il a fait trois prises et j’ai sélectionné les meilleures parties de chacune. Un détail amusant sur cette session que vous remarquerez lorsqu’il est en concert est qu’il pose son pied sur les retours pour atteindre les notes les plus hautes et lors de l’enregistrement, il posait justement son pied sur un petit tabouret quand il voulait  monter dans les aigus. »



Il faudra attendre ensuite 2005 pour écouter un nouveau disque solo, en l’occurrence « Tyranny Of Souls » qui est, à ce jour, le dernier paru. Coincé entre deux tournées d’IRON MAIDEN, Dickinson ne partira pas sur la route pour défendre ce pourtant excellent album mais trouve le temps de sortir une vidéo du titre "Abduction". Capitalisant sur le succès, la maison de disques Sanctuary Records édite en 2006 un coffret de trois DVD intitulé « Anthology » qui regroupe pour la première fois dans ce format le concert « Dive! Dive! Live! » paru en 1991. A ses côtés, un concert filmé en 1996 lors de la tournée “Skunkworks” qui faisait deux haltes en Espagne, le fameux « Scream For Me Brazil » enregistré à Sao Paulo ainsi que tous les clips réalisés entre 1990 et 2005 plus quelques bonus. Autant dire, un achat obligatoire.



 

  


Nous aurions pu écouter un nouvel album de Bruce si, entre-temps, Steve n’avait pas décidé de garder pour MAIDEN la chanson "If Eternity Should Fail" qui se trouve en ouverture de « The Book Of Souls » paru en 2015. Cela signifiait tout simplement que celui-ci et d’autres étaient dans la besace du chanteur, prêt de nouveau à en découdre en solo. On espère que ce n’est que partie remise et que, tournée de promotion ou pas derrière, on pourra poser sur nos platines un autre album aussi bon que l’ont été les autres, chacun dans un genre différent. Mais ça, seul l’avenir nous le dira.
​« The prophet stared at his crystal ball… » (Le prophète consulta sa boule de cristal... - IRON MAIDEN "Can I Play With Madness")

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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1 commentaire

User
Steph BERMOND
le 02 mai 2020 à 07:56
Hello.... Merci pour cet article sur la disco du grand Bruce... Up The Irons......
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