24 mai 2020, 12:18

SILENCE OF THE ABYSS

• Interview David Santucci


L’un des aspects positifs du confinement aura été de faire de belles découvertes. C’est assurément le cas avec SILENCE OF THE ABYSS proposant un metal brut aux douces influences corses, soit un peu de soleil dans la grisaille, au sens figuré, du quotidien. Après un EP en 2018 le trio de l'Île de Beauté a sorti en mars un premier album « Unease & Unfairness », à la fois lourd et groove où metal et mélodies résonnent de Bastia à Bonifacio. C'est avec le fondateur David Santucci que nous nous sommes entretenus pour parler de ce premier album.
 

Quels ont été tes précédents projets avant de fonder SILENCE OF THE ABYSS en 2017 ?
Cela fait une vingtaine d’années que je suis dans la musique, tout comme Jean-Bernard Florès notre chanteur. Nous avons eu le temps de faire beaucoup de choses et d’avoir plein de groupes. Certains ont bien fonctionné, d’autres se sont cassé la gueule. Et c’est vrai qu’on s’était éloignés du metal, et il y a trois ans on a voulu revenir à nos racines. C’est pour cela qu’on a fondé SILENCE OF THE ABYSS.

Pourquoi vouloir revenir subitement à vos racines ?
C’est la musique de notre enfance. Pour nous trois c’est ce que nous avons écouté en premier, et c’est vraiment ce qui est en nous.

Qui sont les héros de ton enfance ?
Il y en a beaucoup ! Je ne suis pas allé non plus dans tous les styles, mais dans beaucoup. Le vrai coup de massue a été avec « Piece Of Mind » d’IRON MAIDEN, je me souviens de la toute première fois où j'ai vu cette pochette, je m’étais dit qu’il me fallait cet album. Et après cela a évolué, j’ai voulu aller vers d’autres genres musicaux, comme le blues ou la musique corse et cubaine. J’ai toujours voulu faire la musique que je ne connaissais pas pour voir, et cela m’a appris énormément. JB c’est pareil, il peut faire du Brel et du SYSTEM OF A DOWN, il est incontestablement ouvert à plein de choses.

Votre premier album est sorti chez M&O Music, es-tu satisfait des différents retours ?
Nous sommes très contents, limite on n’y croit pas. Franchement je suis surpris par les retours. Ce qui me surprend le plus ce sont les messages personnels que l’on reçoit, où on nous dit que tel ou tel titre a touché. Franchement, on ne s’y attendait pas du tout !

Quel a été votre processus de création pour « Unease & Unfairness »​ ?
Avant tout nous commençons toujours sur un sujet ou un thème. Et de cela nous allons partir sur un tempo et un accordage, plus bas ou plus aigu pour avoir la tonalité. Puis je commence à maquetter à partir de ce que je ressens de ce thème ou sujet, ce que cela m’évoque. Après avoir tout finalisé, je donne le résultat à Diane et JB, et chacun donne son avis et ses nouvelles idées. Ce qui nous permet de reconstruire le titre et ainsi de placer les mélodies et les arrangements.

Peux-tu nous donner des détails sur la personne qui s’est occupée de l’enregistrement, mixage, mastering, et jusqu’où il vous a influencé ?
Nous avons la chance d’avoir un petit home-studio que nous avons aménagé, et c’est ici que l’on fait toutes nos prises. Après on envoie le tout à Brett Caldas-Lima, au Tower Studio à Montpellier. On s’est rencontré sur Internet, on avait déjà bossé avec lui sur l’EP, il nous fait un son super. Pour l’album on est partis sur un concept un peu bizarre, on ne voulait pas rentrer dans un moule très compressé et très "triggé". Brett avait le même avis, il nous dit que ce serait dommage de trigger notre batteuse alors que celle-ci frappe, ce qui est rare dans metal. Du coup il a voulu nous faire un son qu’il n’avait jamais fait durant sa carrière, tout en nous assurant que si on se trompait on pourrait revenir au classique. Il a donc contribué à nous donner une image sonore sur cet album, qui n’est pas fausse pour autant. Pour la guitare c’est là même chose, elle a été enregistrée sans être trafiquée. Ni le chant qui est brut, et on est content d’avoir choisi cet angle.

On retrouve sur « Unease & Unfairness »​ des mélodies ainsi qu’un accent méditerranéen plutôt inédit, est-ce l’identité de SILENCE OF THE ABYSS ?
On essaie de nous cataloguer, ce qui est normal pour qu’on nous retrouve. J’ai entendu post-thrash, death-progressif, je ne sais plus quoi… des styles dont je ne connaissais l’existence. Mais nous on ne s’y retrouve pas du tout ! Un jour on m’a posé la question, et pour plaisanter j’ai dit qu’on pouvait soit se rapprocher du metal tout court, soit du metal méditerranéen. Et on m’a dit que ça collait bien, vu qu’on est en enracinés dans l’île, et que JB peut avoir ce petit truc dans la voix, il est aussi chanteur de musique corse. Aussi, on adore et on utilise toute l’année des guitares en nylon, et ce serait dommage de ne pas en faire profiter le groupe. On essaie d’intégrer toute cette culture car cela fait partie de nous.

C’est vrai que Jean-Bernard Florès à cette caractéristique dans son chant, l’avez-vous justement recruté pour cela ?
Non, au départ on voulait trouver un chanteur qui maîtrise le growl et le scream. Après on a trouvé JB, c’est sa voix, du coup ça s’est fait naturellement. Après on ne va pas le préciser exprès, c’est comme pour l'accent de Serj Tankian qui est arménien.

Est-ce que le paramètre "concert" est important dans votre phase d’écriture ?
Non, quand on compose on peut se dire que tel titre peut-être bien pour le live mais on ne va pas créer une chanson pour le live. On ne veut pas se poser des questions du style « il faudrait trafiquer cela pour que cela passe en concert ».

En tant que trio, avez-vous un bassiste pour le live justement ?
Pour l’instant non, déjà parce qu’on est un groupe qui se connait depuis 15 ans. On est un peu une famille, donc intégrer quelqu’un ça serait un peu compliqué. Ceci dit la porte est bien sûr ouverte, on ne sait jamais ! Pour le live on a fait comme en studio. C’est moi qui ai fait la basse sur l’album et je ne voulais pas que cela sonne comme tel. Je voulais que ce soit plutôt des fréquences qui se marient avec la guitare, et qui grossissent le son de SILENCE OF THE ABYSS. Et en live c’est pareil, on a fait un système de séquences. On aura le rendu final quand les dates redémarreront. On a toujours joué auparavant avec un bassiste mais le peu qu’on ait fait sans fonctionne bien.

J’aime beaucoup la pochette, quelle est le message que vous voulez faire passer ?
Merci, c’est Eric Hyrcza de Kahinienn Graphix qui l'a créée. J’avais beaucoup aimé son travail, et lorsque je l’ai contacté je suis tombé amoureux d’une pochette mais du verso, et à la base cela devait-être le recto. Il m’a alors demandé de lui envoyer des morceaux avec les textes en me disant qu’il allait voir s’il pouvait faire quelque chose. Les thèmes lui ont donc évoqué cela, et nous on a pensé que ça collait parfaitement avec les thèmes des chansons. Du coup le recto est passé en verso pour la pochette.



Votre premier EP était autoproduit et vous êtes désormais chez M&O Music, quels sont changements importants que cette signature vous a apporté ?
Comme on vient de sortir l’album je ne peux pas te dire. Du mois de mars à maintenant c’est encore trop tôt, personne n’arrive à respirer.

J’allais y venir, en cette période très étrange de confinement quel est ton passe-temps préféré excepté la musique ?
Je ne sais pas si j’ai réellement un passe-temps, je fais tout et rien. S’il n’y a pas la musique c’est compliqué, j’occupe le temps comme je peux. Je passe le plus clair de mon temps à faire de la musique. Malgré cette période anxiogène où je n’ai pas pu toucher une guitare ou en écouter les trois premières semaines. Ce qui ne m’était jamais arrivé auparavant. Le début du confinement a surtout bloqué ma créativité et même l’envie de répéter.

Depuis, vous vous êtes organisés tous les trois pour que la vie musicale continue ?
J’ai la chance de vivre avec Diane notre batteuse. Nous avons un petit local avec batterie et guitare, ce qui est une chance énorme en confinement. Cela nous permet de répéter et de composer, d’ailleurs nous avons commencé à avoir des idées et notamment pour deux nouveaux morceaux, ça c’est un gros passe-temps.

Si vous avez du nouveau matériel peux-tu prévoir la sortie d’un album ou d’un EP ou est-ce encore trop tôt pour se prononcer ?
Oui, nous sommes assez créatifs, du coup on partirait plutôt sur un format EP que sur un album. Je pense que l’industrie a changé et l’EP nous convient mieux, car on peut sortir quelque chose plus rapidement. Il vaut mieux quatre ou cinq chansons à chaque fois, plutôt qu’attendre deux ou trois ans pour sortir neuf titres.

Est-ce que tu vois des aspects positifs au confinement ?
Personnellement aucun. En revanche Diane elle adore ! Même si maintenant elle commence à trouver le temps un peu long. Être recluse et faire de la musique cela lui convient, et moi c’est l’inverse. Elle le vit bien et moi plutôt mal. Je suis un peu hyper actif et se sentir bloqué...

Aviez-vous des concerts prévus ou d’autres projets qui ont donc été annulés ou reportés ?
Nous avons de la chance car tout est reporté, du moins pour l’instant et j’espère que cela continuera ainsi. Donc la release-party pour la présentation de l’album est reportée, de même pour notre vidéo clip. Le tournage devait avoir lieu dans la seconde quinzaine du mois de mars. Dès qu’on pourra ressortir nous allons tourner la vidéo, En revanche nous avions commencé à démarcher pour faire une petite tournée dans le sud de la France, et pour le moment on ne sait pas du tout où on en est, et je crois bien que c’est le cas pour tout le monde.

As-tu un peu de visibilité pour le second trimestre 2020 ou 2021 ?
On va se battre pour que fin 2020, début 2021, les choses redémarrent pour tourner et jouer. La question est de savoir jusqu’à quand va-t-on rester bloqués ? Personne ne le sait, c’est compliqué.

C’est vrai qu’on a vu tous les événements être annulées les uns après les autres. Et même les plus grands festivals, qu’est que cela t’évoque 
Comme beaucoup de personnes je suis déçu, mais cela est nécessaire, les festivals ne pouvaient pas se dérouler dans de telles conditions. Après la vraie question est de savoir comment tout cela va repartir ? Est-ce que certains auront la capacité de le faire, et si cela ne va pas leur faire trop de mal, ce qui serait absolument dommage. On est vraiment dans le flou sur l’avenir.

Merci David et bonne continuation donc...
Merci beaucoup pour ce moment agréable. Je remercie aussi ce qui nous suivent et qui nous envoie des messages, cela fait très plaisir.


Vous pouvez commander l'album « Unease & Unfairness » en suivant ce lien : SilenceOfTheAbyss-Album
www.facebook.com/pg/SilenceOfTheAbyss



Blogger : Jérôme Graëffly
Au sujet de l'auteur
Jérôme Graëffly
Nourri dès son plus jeune âge de presse musicale, dont l’incontournable HARD FORCE, le fabuleux destin de Jérôme a voulu qu’un jour son chemin croise celui de l'équipe du célèbre magazine. Après une expérience dans un précédent webzine, et toujours plus avide de nouveautés, lorsqu’on lui propose d’intégrer l’équipe en 2011, sa réponse ne se fait pas attendre. Depuis, le monde impitoyable des bloggers n’a plus aucun secret pour lui, ni les 50 nuances de metal.
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