11 juin 2020, 19:00

UN JOUR, UN ALBUM

• SKID ROW : "Slave To The Grind"


Le 11 juin 1991, « Slave To The Grind » de SKID ROW arrivait dans les bacs. L'idée n'est pas d'en faire la chronique mais d'effectuer une remise en contexte tout en rappelant quelques faits ou anecdotes que vous ignoriez peut-être sur le deuxième album studio des Américains qui fête aujourd'hui son 29e anniversaire...
 

• Il y a les groupes que le succès pousse à devenir plus commerciaux pour toucher un public encore plus large. La majorité. Et il y a les autres. Comme SKID ROW. Tout auréolés des 5 millions de ventes de leur carte de visite, sortie deux ans plus tôt, les jeunes musiciens doivent beaucoup à Jon Bon Jovi, leader de BON JOVI. Depuis le milieu des années 80, le groupe est en effet l'un des plus gros vendeurs de disques aux USA et « le petit prince du hard FM », comme on surnomme alors son leader, a donné un très substantiel coup de pouce à son ami d'enfance, le guitariste Dave "The Snake" Sabo, originaire comme lui du New Jersey.

C'est grâce à lui que SKID ROW a découvert Sebastian Bach, alors âgé de 19 ans, un excellent chanteur doublé d'un frontman charismatique, qui les rejoint en 1987. Le Canadien a précédemment joué avec MADAM X, groupe formé par les sœurs Petrucci, dont Roxy, la batteuse, partira rejoindre VIXEN. C'est aussi grâce à Jon que SKID ROW a décroché un contrat avec la major Atlantic Records et signé avec Doc McGhee (poids lourd du management qui s'occupe également de KISS, MÖTLEY CRÜE, BON JOVI, SCORPIONS...), avant que BON JOVI ne les emmène en ouverture d'une partie de l'énorme "New Jersey Syndicate Tour" aux USA. Bref, aussi bons soient-ils, SaboBach, le bassiste Rachel Bolan, le guitariste Scotti Hill et le batteur Rob Affuso auraient sans doute plus galéré sans leur "parrain" à bouclettes.

• Mais tout a un prix. Pour bénéficier de ces indéniables opportunités, les jeunes musiciens ont cédé leurs droits d'édition au duo JBJ-Richie Sambora. Personne ne pouvait en effet prédire que « Skid Row », leur premier album sorti en 1989, dépasserait les 5 millions de ventes. Ce qui représente évidemment beaucoup d'argent...
Tandis que SKID ROW crie au scandale et règle ses comptes avec les deux hommes par magazines interposés, le guitariste de BON JOVI, sans doute pris de remords, leur restitue leurs droits. Mais pas le chanteur. « Cela m'a longtemps laissé un goût amer, expliquera Bas en 2012. Et puis j'ai compris que sans Jon, nous n'aurions pas aussi bien marché, voire peut-être même pas marché du tout... »

• Sans doute en partie pour prendre leurs distances et montrer que musicalement, ils n'ont besoin de personne, les "poulains" ont donc durci le ton avec « Slave To The Grind », leur second album à nouveau produit par Michael Wagener (METALLICA, ACCEPT, DOKKEN...), qui débarque en 1991. A l'époque, certains chroniqueurs iront jusqu'à le décrire comme le « chaînon manquant » entre le hard US et le thrash. La preuve d'entrée de jeu avec "Monkey Business", le premier single, sorti en mai...
 


​• Si « Skid Row », qui s'est hissé jusqu'à la 6e place des charts américains, dépassera donc les 5 millions d'exemplaires aux USA, « Slave To The Grind » atteindra la première place... mais ne se vendra "qu'à" 2 millions de copies. C'est en tout cas le tout premier album de metal à s'être classé en tête des charts US, écoulant au passage 134 000 exemplaires au cours de sa première semaine de commercialisation.

• Le deuxième single,  "Slave To The Grind", débarque quant à lui en juin et montre une approche plus "metal".
 


• Contrairement à ce que certains pensent – en Europe uniquement – le nom SKID ROW (qui signifie "quartier malfamé") n'est pas un clin d'œil pas plus qu'un hommage au groupe qui, à la fin des années 60 et au début des années 70, a réuni Gary Moore et Phil Lynott. C'est juste un homonyme.

• Problème, si Bach est un excellent chanteur doublé d'une bête de scène et que son physique ne laisse pas la gent féminine indifférente, il est parfois difficile à gérer. En 1989, il est apparu dans le magazine américain Metal Edge avec un T-shirt "AIDS kills fags dead" (que l'on peut traduire par "le sida anéantit les pédés"). Une parodie d'un goût plus que douteux du slogan de la célèbre marque d'insecticide Raid qui proclame : "Raid kills bugs dead"...

En décembre, alors que le groupe ouvre pour AEROSMITH à Springfield, dans le Massachusetts, il est touché par une bouteille envoyée depuis la fosse. Furieux, il la réexpédie dans le public et blesse au visage une spectatrice qui se trouvait sur sa trajectoire, avant de sauter dans le public pour faire sa fête à celui qui, il en est persuadé, l'avait visé. Il sera arrêté pour agression et placé en liberté surveillée pendant trois ans.

Cinq ans avant le "spaghetti incident" de GUNS N' ROSES, SKID ROW a donc eu son "bottle incident"...
 


• Troisième single, "Wasted Time" arrive dans les bacs en octobre. Bach y parle de l'addiction à la drogue de son ami Steven Adler, batteur originel de GUNS N' ROSES, qui sera écarté du groupe en 1990 en raison de ses excès. Sans que l'on sache trop pourquoi, Rachel Bolan, le bassiste, qui l'a pourtant coécrit avec le chanteur et Sabo, a décrit la chanson comme étant « le plus gros tas de merde qu'on ait jamais composé »… Ce sera en tout cas la dernière chanson du groupe à bien se classer dans les charts outre-Atlantique.
 


• Quatrième single, "In A Darkened Room" sort le 25 novembre. Cette très belle chanson, qui parle d'un enfant maltraité, n'apparaîtra même pas dans le top 100 des singles aux USA...
 


​• Quant à "Quicksand Jesus", que l'on ne verra pas non plus dans les charts, il sortira début 92.
 


• Après avoir assuré la première partie de MÖTLEY CRÜE, avec arrêt à Paris le 30 octobre 1989, SKID ROW revient en tête d'affiche, toujours au Zénith de Paris, le 18 novembre 1991 dans le cadre du "No Fucking Frills European Tour" avec LOVE/HATE en guise de chauffe-salle. Trois mois plus tôt, Bach & Co. ouvraient pour GUNS N' ROSES à Londres, à Wembley. Ça tombe bien, leur prestation londonienne a été immortalisée...
 


• En 1992, à cette lointaine époque où les groupes de première partie n'avaient pas à payer pour pouvoir partager l'affiche avec une formation plus importante, SKID ROW emmènera dans ses flycases deux groupes bien différents qui auront ainsi l'occasion de se produire devant un plus large public : PANTERA, dont Bas aime énormément « Cowboys From Hell », leur précédent album, ainsi que SOUNDGARDEN, qui a sorti un an plus tôt « Badmotorfinger ».

• La version japonaise de « Slave To The Grind » comporte des titres bonus, en plus de "Get The Fuck Out" live à Wembley : un inédit, "Beggar's Day", qui remplace "Get The Fuck Out" sur la version "clean", ainsi que deux reprises – "Holiday In The Sun" des SEX PISTOLS, déjà présente sur la compilation « Stairway To Heaven/Highway To Hell », sortie en novembre 1989, sur laquelle figuraient tous les groupes ayant participé au gigantesque Moscow Music Peace Festival et reprenant chacun un morceau d'un groupe dont l'un des musiciens a succombé à la drogue ou à l'alcool ; et "Delivering The Goods" de JUDAS PRIEST, live en Arizona en 1992. 

Quand on parle du loup... Le Metal God, en short, chemise à carreaux et mâchant du chewing-gum, interprétant "Delivering The Goods" avec SKID ROW à New York pour l'émission Headbanger's Ball en 1992. Logique puisqu'on l'entend sur « B-Sides Ourselves», EP de reprises du quintet américain.
 


• L'artwork de la pochette, on le doit à David Bierk, le père de Bas (dont Bach, vous l'aurez compris, est le nom de guerre), un peintre réaliste canadien. Il s'agit d'une peinture murale inspirée par L'Enterrement de Sainte-Lucie (voir ci-dessous) que réalisa le Caravage en 1608 mais mélangeant les époques. Il y a en effet de nombreux anachronismes, comme des gadgets contemporains (téléphone...), et on trouve même le Président John Fitzgerald Kennedy au milieu de la foule.
 


​Discographie
Skid Row (1989)
Slave To The Grind (1991)
Subhuman Race (1995)
Thickskin (2003)
Revolutions Per Minute (2006)
EP
B-Side Ourselves (1992)
United World Rebellion: Chapter One (2013)
Rise of the Damnation Army – United World Rebellion: Chapter Two (2014)
 


Un jour, Un Album

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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