12 juin 2020, 18:00

PARADISE LOST

• "Draconian Times" (1995 - Retro-chronique)

Blogger : Clément
par Clément
Album : Draconian Times

Du fin fond de son Yorkshire pluvieux et verdoyant, PARADISE LOST ne sait probablement pas encore à sa création, en 1988, qu’il va devenir l’un des groupes les plus en vue de la décennie qui s’annonce. Installé alors dans le confort ténébreux d’un death metal lourd, sombre et monolithique aux confins du doom qu'il délivre froidement sur son premier album « Lost Paradise » en 1990, il provoque pourtant un véritable séisme sur une scène alors prise d'assaut par le death metal.
Aux côtés d’ANATHEMA et MY DYING BRIDE, deux autres tristes sires qui font la pluie (surtout) et le beau temps (moins) en la matière, le groupe défie sans ménagement les lois de l’attraction métallique pour en inverser la force de pesanteur. Persévérant dans cet univers froid et hostile, c’est sur son deuxième effort sombrement intitulé « Gothic » que le quintet se retrouve pionner d’un genre, le death/doom, dont il définit les contours au début des années 90. « Shades Of God », lui, voit deux ans plus tard le heavy metal s’acoquiner à cette sombre sarabande pour tutoyer les sommets d’un genre en 1993 avec « Icon », qui atterrit à sa sortie à la 31ème place des charts allemands. 1994 voit le groupe exploser dans ce pays avec un passage au célèbre Rock Am Ring devant 80 000 spectateurs déchaînés et des ventes d’albums qui dépassent celles... d’un certain METALLICA. La pression est donc lourde sur les épaules des Anglais lorsqu’ils rentrent en studio avec Simon Efemey, producteur attitré du groupe, pour enfanter ce qui reste toujours, vingt-cinq ans plus tard, comme le chef d’œuvre absolu de PARADISE LOST.

« Draconian Times », en tant que titre d’album, n’a d’ailleurs rien de prémonitoire. C’est même tout le contraire puisque c’est avec celui-ci que le groupe s’impose à peu près partout en Europe et au-delà, tournant inlassablement aux quatre coins du globe pour assurer sa promotion. Le résultat ne se fait pas attendre puisque le disque dépasse plus d'un million d’exemplaires écoulés dès l’année suivante : joli coup. Et le plus fort dans tout cela, c’est qu’il conjugue avec panache réussite commerciale avec aboutissement artistique. Une gageure pour de nombreux groupes de l’époque qui subissent les foudres des fans pour oser expérimenter pendant que d’autres tournent en roue libre, bien installés au chaud sur leur gros pécule. PARADISE LOST réalise en effet un tour de force en injectant ici une forte dose de mid-tempo à chacun de ses morceaux (excepté sur le monstrueux "Once Solemn") et surtout, Nick Holmes achève sa mue dans un registre de voix claire maîtrisé de bout en bout. Souvent affublé du titre de "Black Album" du groupe, celui-ci enchaîne classique sur classique sans discontinuer depuis les premières notes de piano qui ouvrent "Enchantment" jusqu’au fabuleux riff final de "Jaded". Les singles "The Last Time" et "Forever Failure" en sont le plus bel exemple et font d’ailleurs toujours mouche dans le répertoire live des Anglais.

Plus accessible donc, plus efficace et direct aussi, l’album possède une fibre mélancolique unique mais aussi une force nostalgique qui en font ce qu'il s’est fait de mieux en matière de heavy metal sombre, gothique diront certains, dans les années 90. Et que dire de cette production impeccable et percutante, de cette pochette magnifique signée Holly Warburton (et son unique collaboration avec un groupe de metal au passage), sinon que PARADISE LOST signe ici un sans-faute qui, vingt-cinq ans après sa parution, demeure le summum de popularité du groupe. La suite de l’histoire est bien connue, « One Second » qui se nourrit d’incursions électroniques et surtout « Host », honni par une bonne partie de ses fans pour sa DEPECHE MODE-isation avancée avant le coup de braquet en arrière entamé sur « Symbol Of Life » et ses successeurs.

A noter que l’album a été réédité à de nombreuses reprises depuis sa parution (chez Metal Mind, Relativity Records, Koch Records, Sony BMG Music Entertainment, Peaceville et à nouveau Music For Nations en 2011) et qu’une version live « Draconian Times MMXI » filmée au Forum à Londres le 1er avril 2011 enrichie d’un livret contenant des anecdotes et des interviews de l'époque est toujours disponible, un bon moyen de revivre ce grand moment d’histoire qu’est « Draconian Times »...


Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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