SUICIDAL TENDENCIES, Venise Beach, 1990. Virage dans l'orientation musicale du groupe deglinguos californien, avec un line-up enrichi depuis l'album précédent par la présence d'un jeune bassiste qui allait beaucoup faire parler de lui durant les 20 années suivantes, Robert Trujillo. Des titres de plus en plus thrash et moins speed, une expérience qui s'installe.
"You Can't Bring Me Down". La guerre des décibels est déclarée, la couleur de l'album étalée. Y a de l'ampleur et de l'ambition. De la puissance qui l'emporte sur le côté clown punk-hardcore foutraque. On trouve toujours un peu le côté skatecore en roue libre, marque de fabrique de Mike Muir et de ses sbires. Mais les guitares de Rocky Georges et Mike Clarke posent des couches thrashy aussi langoureuses qu'un coucher de soleil de… Venice Beach (évidemment). Mike Muir est comme à l'accoutumée en roue libre, lui aussi, la voix forte et claire, vous haranguant sans retenue, un véritable Monsieur Loyal du punk-rock. Le titre est depuis devenu un hymne lors des grandes prestations, livrant la cyco vision du groupe.
L'album va se poursuivre sur cette orientation thrash. La basse funky groove de Trujillo est un plus d’originalité, et affiche une telle technicité qu'il n'est pas étonnant, avec le recul, qu'elle ait retenu l'attention des quatre cavaliers masters of thrash.
"Lost Again". Les riffs sont si huileux qu'on surfe à 100 à l'heure sur des vagues indomptées de pur metal. Plus qu'une fusion, on prend un bain d'alchimie qui résonne comme le grand changement qui s'opère dans le paysage musical. Les années 90, fallait les vivre pour comprendre. Cet album donne une idée de l'évolution darwinienne qui nous a fait franchir le Muir du son !
On prend le meilleur de chaque monde, heavy, thrash, hardcore, punk, est on le regroupe dans un morceau "Alone ". La basse de Robert et la batterie de R.J. Herrera font des étincelles funky si énormes, si "Lovely", que les RED HOT CHILI PEPPERS peuvent aller bouffer de frustration leurs chaussettes cache-kiki.
A tous ceux qui rient du look improbable de SUICIDAL TENDENCIES, sachez que ce n'est pas de mode qu'il s'agit mais d'efficacité. Faut des chemises amples et des chaussettes blanches dans de grosses baskets pour se démener comme ils le font sur leurs instruments. Faut être à l’aise pour faire hennir les guitares comme ils le font. "Give It Revolution" ? Oui c'est exactement ça. Des breaks et des accélérations sur les soli heavy metal, c'est le chaînon manquant entre les années 80 et 2000. Le premier qui blague et tente un parallèle avec le danser simiesque de Mike Muir, il sort...
Cet album riche musicalement regorge d'hymnes, "Send Me Your Money", jouissif tel un steak juteux, ou "Disco's Out, Murder's In", créant un martialcore. Un sens du rythme, un goût pour les guitares lourdes, entêtantes, et les rythmiques énervées, c'est ça l'apogée de SUICIDAL TENDENCIES !
« Lights... Camera... Revolution! », un album à découvrir ou à redécouvrir. Du groove-thrash parfait pour partir sous le soleil des vacances et se faire éclater les oreilles de plaisir. Enfilez vos plus belles chaussettes de touriste allemand, mettez des chemises hawaïennes, et foncez toutes oreilles ouvertes et vitres baissées, avec les rires de Cyco Miko en écho.
SUICIDAL TENDENCIES, masters of… chaussettes du thrash-crossover. Surf or die !