30 juillet 2020, 19:30

UN JOUR, UN ALBUM

• PANTERA : "Cowboys From Hell"


Le 24 juillet 1990 sortait « Cowboys From Hell » de PANTERA. L'idée n'est pas d'en (re)faire la chronique (que vous pouvez lire ici), mais d'effectuer une rapide remise en contexte tout en rappelant quelques faits ou anecdotes que vous ignoriez peut-être sur le cinquième album studio des Américains, qui a fêté ses 30 ans la semaine dernière. La naissance d'un nouveau son et, pour le groupe comme pour ses fans, sa véritable première réalisation…


• « Power Metal », quatrième album de PANTERA sorti en 1988 et premier avec Phil Anselmo au chant, avait déjà marqué une évolution quant au style musical des Texans. Non, contrairement à ce que son titre pourrait le laisser penser, les Américains ne se sont pas brusquement adonnés au style si prisé par DRAGONFORCE ou SABATON, ils ont troqué leur hard US pour un metal oscillant désormais entre JUDAS PRIEST et QUEENSRŸCHE. Et avec « Cowboys From Hell », le virage musical est encore plus flagrant, en grande partie grâce à l'arrivée au micro du natif de la Nouvelle-Orléans et à ses goûts musicaux plus belliqueux que le reste du groupe. Exit les frisettes, la laque et les Spandex, les musiciens de PANTERA, qui resteront d'ailleurs très susceptibles du cheveu quant à leur ancien look et bloqueront même la sortie de leurs premiers albums, sont en pleine métamorphose. Et quelle métamorphose ! Becoming… 

• Début 1988, Anselmo invite Diamond DarrellDarrell Abbott pour l'état civil – le guitariste (qui se rebaptisera par la suite Dimebag Darrell), à une session fumette et en profite au passage pour lui faire découvrir les mérites de “At Dawn They Sleep”, un des morceaux de « Hell Awaits » de SLAYER, le reste du groupe étant davantage branché METALLICA à l'époque. Ce dernier repartira certes en marchant sur la tête mais il est conquis par ce groupe qu'il ne connaissait pas et qui lui donne envie d'intégrer une approche plus radicale dans son jeu de guitare et ses compositions. PANTERA a trouvé sa voie (en même temps que sa voix).
Dans les mois qui suivront la sortie de l'album, Kerry King de SLAYER viendra passer quelques jours avec eux et taper le bœuf, entre autres, sur “The Art Of Shredding” qui figure sur « Cowboys From Hell ». 

• Après avoir essuyé pas loin de 30 refus des majors qu'il a démarchées, le quartet, qui compte également dans ses rangs le batteur Vinnie Paul Abbott, frère de Diamond Darrell, le bassiste Rex Brown et Anselmo, donc, décroche enfin un contrat de disques avec Atco Records, distribué par la major Warner Music. 

• Six mois durant, les quatre hommes planchent sur ce qui deviendra « Cowboys From Hell », un album qui incorpore thrash et NWOBHM avec une touche de sudiste. Le groove metal est né en même temps qu'un nouveau guitar hero, Diamond Darrell, dont la précision chirurgicale et le son jamais égalé vont en faire l'un des six-cordistes les plus influents des années 90. 

PANTERA entre aux Pantego Sound Studios où Jerry, le père des frères Darrell, travaille en tant qu'ingénieur du son (on lui doit d'ailleurs la production de leurs quatre premiers albums). Cette fois, c'est Max Norman, qui a produit « Diary Of A Madman » d'Ozzy Osbourne (1981) dont les musiciens sont de grands fans, qui va être à la console. Mais 48 heures avant le début des hostilités, ce dernier se désiste. LYNCH MOB, groupe post-DOKKEN du guitariste George Lynch, lui a en effet proposé 50 000 dollars – soit 20 000 de plus que le budget dont disposent les Texans – pour signer le son de sa carte de visite…

• Du coup, c'est Terry Date, dont les quatre hommes ont particulièrement apprécié « Louder Than Love » de SOUNDGARDEN, qui prend la main. Il la gardera jusqu'au huitième et avant-dernier album de PANTERA inclus, « The Great Southern Trendkill » (1996), et réalisera donc trois albums majeurs du metal des années 90. 

• Premier des trois singles tirés de l'album, "Cowboys From Hell" donne le ton…
 


Phil Anselmo s'est fait tatouer CFH (les initiales de Cowboys From Hell) sur le crâne, Diamond Darrell sur l'épaule.

• Deuxième single, "Cemetary Gates" permettra à PANTERA d'élargir (un peu) son public. C'est sans conteste l'une des meilleures prestations vocales d'Anselmo qui n'était pourtant pas partant pour l'enregistrer, la chanson étant trop mélodique à son goût. Il obtempère malgré tout mais, aujourd'hui encore, considère que c'est le maillon faible de l'album et un compromis de la part du groupe. Question de point de vue…
Pour obtenir le grain de voix voulu sur certrains passages, le chanteur boit du porto, un truc que lui a donné Terry Date qui le tenait de Chris Cornell de SOUNDGARDEN.
 


PANTERA tournera aux USA en première partie de nombreux groupes, dont SUICIDAL TENDENCIES et EXODUS, mais en France, il faudra patienter jusqu'au 17 mars 1991 pour les découvrir en live, au Zénith de Paris, en première partie du “Painkiller Tour” européen de JUDAS PRIEST qui emmène également ANNIHILATOR dans ses flightcases. Rob Halford, qui est tombé à la renverse en découvrant le groupe sur MuchMusic, l'équivalent de MTV au Canada, n'est d'ailleurs pas étranger à leur présence à l'affiche. « On ne soulignera jamais assez à quel point PANTERA a sauvé le metal dans les années 90 » analyse d'ailleurs le Metal God. Mais le public "old school" ne réagira pas avec grand enthousiasme au groove metal des quatre hommes…

• En 1992, PANTERA et le grand Rob enregistreront ensemble "Light Comes Out Of Black" pour la B.O. du film Buffy The Vampire Slayer (Buffy, Tueuse de Vampires en V.F.) qui inspirera la série télé Buffy contre les Vampires de Joss Whedon avec Sarah Michelle Gellar. 


• Côté pochette, les Abbott Bros, Anselmo et Brown ont choisi une photo datant de 1910 prise à l'intérieur du Cosmopolitan à Telluride, dans le Colorado, sur laquelle ils ont été (grossièrement) rajoutés.

• En guise de troisième salve, PANTERA sort “Psycho Holiday” en single. 
 


• Le 28 septembre 1991, les quatre hommes participent aux Monsters In Moscow, énorme festival dans la capitale soviétique au cours duquel ils se produisent devant plus de 500 000 spectateurs en compagnie d'AC/DC, METALLICA, THE BLACK CROWES et E.S.T., dans le rôle des locaux de l'étape. Trois mois plus tard, c'est la dislocation de l'URSS (mais aucune des formations présentes n'en est responsable, hein)… 

• Disque d'or aux USA (500 000 ventes) en 1992, « Cowboys From Hell » atteindra le stade de platine (1 million de ventes) cinq ans plus tard. 

• En 2019, Dave Mustaine confirme qu'en 1988, peu de temps après la sortie de « Power Metal », il a proposé à Diamond Darrell de rejoindre MEGADETH. Ce dernier a accepté de venir, à la condition sine qua non que son frère soit lui aussi de la partie. Mais comme Nick Menza venait tout juste d'intégrer les rangs du groupe de l'ex-soliste de METALLICA, cela n'ira pas plus loin. « Vous imaginez ce que Darrell et Vinnie auraient donné avec moi et Junior (David Ellefson, le bassiste, NDJ) ?, dira Mustaine à l'occasion d'une interview avec Tampa Bay. (…) Darrell était un monstre. » Ce sera Marty Friedman qui, du coup, rejoindra MEGADETH, et c'était pas mal non plus…
Avec du recul, même si bien entendu une telle collaboration aurait certainement été grandiose, elle nous aurait privés de plusieurs albums majeurs de PANTERA et rien que pour ça, on ne peut que remercier le regretté Diamond Darrell pour sa décision.

• Dernière chanson composée, “Primal Concrete Sledge” préfigure déjà l'album suivant, le formidable « Vulgar Display Of Power » (1992). Mais ceci est une autre histoire…


Discographie
Metal Magic (1983)
Projects In The Jungle (1984)
I Am The Night (1985)
Power Metal (1988)
Cowboys From Hell (1990)
Vulgar Display Of Power (1992)
Far Beyond Driven (1994)
The Great Southern Trendkill (1996)
Official Live: 101 Proof (1997)
Reinventing The Steel (2000)
Live at Dynamo Open Air 1998 (2018)


​Un jour, Un Album

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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