28 juillet 2020, 18:00

Kiko Loureiro

• Interview

En plus d'être un guitariste talentueux, Kiko Loureiro est un homme d'une grande générosité. Parallèlement à son rôle dans MEGADETH, il revient avec un cinquième album solo instrumental qui porte bien son nom : « Open Source ». En effet, il a été réalisé grâce à une campagne de crowdfunding qui a connu un succès fulgurant et toutes les parties des différents instruments seront disponibles gratuitement afin que les fans puissent eux-mêmes jouer sur les morceaux. « Open Source » est donc une base donnée pour la créativité des fans, un fondement solide de mélodies heavy et de riffs sophistiqués que le guitariste présente ici avec un enthousiasme communicatif.
 

Ton cinquième album « Open Source » est donc sorti. Tu sembles être un musicien sans limite avec tous les univers que tu explores !
Kiko Loureiro : Oui, il est très important pour moi d'explorer de nouveaux horizons. A une époque où tout est disponible sur Internet, il est essentiel d'aller toujours plus loin dans sa quête musicale et, surtout, de partager son univers avec le plus grand nombre.

En effet, d'ailleurs peux-tu nous parler du concept autour de « Open Source » ? Est-ce que c'est une espèce de mondialisation de ta musique et de tes idées ?
On vit dans un monde à la fois réel et virtuel. Les deux sont interconnectés. Grâce à Internet, il y a une espèce de collaboration entre les personnes mais aussi une démocratisation du savoir. Tout le monde peut à la fois chercher des informations, mais aussi en apporter grâce à Wikipedia ou Google par exemple. Internet est donc une encyclopédie collaborative, une source incroyable de connaissances pour tous ceux qui peuvent s'y connecter. N'importe qui, même vivant dans une région pauvre du bout du monde, peut prendre des cours de violon ou de basse en ligne avec l'orchestre de Paris pour peu qu'il ait une connexion Internet. Je donne moi-même des cours de guitare en ligne gratuitement. C'est vraiment une grande force pour la musique ! Et c'est ce que je veux montrer grâce à « Open Source ». Bien sûr, il peut y avoir des côtés addictifs et frustrants car tu te compares avec les autres sans cesse, mais il n'en demeure pas moins que la collaboration virtuelle reste un très bon moyen de véhiculer ma musique, mais aussi la musique en général.
Je vais partager toutes les pistes des instruments séparés pour que tout le monde puisse inventer ses propres morceaux à partir de la base que je donne. Les gens peuvent jouer sur les mélodies ou en inventer d'autres, mieux ou moins bien, mais cela n'a pas d'importance. Je pense qu'avec tout le potentiel créatif du monde, on arrivera à créer quelque chose de meilleur que ce que j'ai réalisé. J'en serai alors ravi !

Le partage s'est aussi fait grâce à ta campagne de crowdfunding qui a très vite atteint son but. Tu dois être très fier d'avoir tant de fans qui te suivent dans tes projets ?
Oui vraiment, j'en suis très content. C'est le pouvoir de la collaboration et du partage. L'album sera gratuit sur Internet, sur Youtube. Si tu veux payer pour avoir quelque chose de spécial en tant que VIP, tu peux participer à la campagne, mais sinon tu peux simplement accéder au contenu gratuitement. Tout le monde peut accéder au produit fini. C'est très chouette.

C'est très généreux !
Je ne sais pas... Je suis le seul à prendre des risques. Je n'ai pas de label, pas de personnes à qui rendre des comptes, donc je n'ai pas besoin de calculer. Les fans peuvent donner ce qu'ils veulent et s'ils ne veulent rien donner, ils peuvent quand même écouter l'album en toute légalité.

C'est toi qui t'es occupé de toute la production de l'album ?
Oui, mais bien sûr, je me suis entouré de gens professionnels et talentueux pour le visuel avec Gustavo Sazes (ARCH ENEMY, MACHINE HEAD...) et les autres instruments. Le concept de l'enregistrement de l'album a été le même que ce que je décris juste avant : Bruno Valverde, le batteur, et Felipe Andreoli, le bassiste, ont apporté leurs propres idées à ce que je leur proposais. Ils sont partie prenante de l'album. Il en est de même pour le mixage. C'est un vrai travail de groupe. J'aime cette confiance mutuelle que nous avons. C'est la base des rapports humains.

Et tu peux nous parler de ta collaboration avec Marty Friedman ?
En tant que guitariste de MEGADETH depuis 5 ans, à chaque fois que je vais sur Internet, je trouve mon nom associé à celui de Marty Friedman dans le même paragraphe ! Il y a toujours une comparaison entre nous. Comment faire passer le message que je suis un grand fan de Marty Friedman, que je me sens bien à jouer ses soli et même d'être comparé à lui ? Nous ne sommes pas en compétition, même si les gens le croient. Donc quoi de mieux que de jouer avec lui sur mon album pour montrer aux gens que nos relations sont saines ? Les seules personnes avec lesquelles nous nous mesurons, c'est nous-mêmes.



​Tu penses que tu auras l'occasion de partir en tournée quand la situation sera redevenue plus clémente ?
La tournée MEGADETH a été reportée mais je ne sais pas ce qu'il en sera des plus petits groupes, donc des plus petites salles. Et on ne sait pas ce que les autorités des différents pays vont décider. C'est très aléatoire donc je ne peux pas me prononcer, mais cela va prendre du temps. Il y aura probablement des petits concerts dans les clubs. J'aimerais bien en faire partie, mais on verra...

Tu as toujours été un musicien très productif, dans ANGRA bien sûr, et dans MEGADETH maintenant, mais que t'apporte le fait de réaliser des albums solo ? C'est un travail d'écriture différent pour toi ?
Oui, quand tu fais quelque chose pour toi-même, tout est plus intime. Quand tu es dans un groupe, tu peux en utiliser sa puissance, te cacher derrière les autres personnalités. Tu fais des choses en groupe que tu ne fais pas seul. Tu peux te cacher derrière l'entité du groupe, donc tu n'as pas la même pression individuelle. Faire un album solo, c'est un peu comme sortir seul nu ! Si les gens aiment, tu prends tout le bénéfice mais s'ils détestent, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même ! C'est bien sûr un grand moment d'émotion que de voir un album sortir. Tu sais que tu vas être jugé sur ton travail et avec Internet, c'est décuplé ! Mais c'est aussi beaucoup de plaisir.

Il s'est écoulé beaucoup de temps entre « Sounds Of Innocence », paru en 2012, et « Open Source ». C'est parce que tu as passé beaucoup de temps sur tes autres projets ?
Oui, j'ai sorti « Sounds Of Innocence » en 2012, le DVD en 2013, en 2014, il y a eu un album d'ANGRA, « Secret Garden », en 2015 j'ai rejoint MEGADETH et on a sorti un album en 2016, « Dystopia ». Puis on est partis en tournée intensive. Et puis j'ai aussi eu mes jumeaux ! Cela prend beaucoup de temps ! Je n'ai pas eu le temps avant de me pencher sur ma propre musique. Mais j'ai quand même été très productif !

Quelques mots à ajouter ?
Oui, merci de votre soutien et j'ai vraiment hâte d'avoir vos commentaires sur les titres de « Open Source » sur Internet ! N'hésitez pas à me dire ce que vous aimez ou non et surtout, partagez vos productions !
 

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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