23 septembre 2020, 19:00

DEFTONES

• Interview Abe Cunningham

Un album de DEFTONES est toujours attendu comme un cadeau d'anniversaire. On ne sait pas à quoi s'attendre mais ce sera toujours une bonne surprise. « Ohms », neuvième album des pionniers du nu-metal américain, fait la part belle à la technique musicale et aux atmosphères variées. Abe Cunningham, batteur du groupe mythique, revient avec nous sur ces nouvelles chansons mais aussi sur les derniers mois particuliers et sur quelques projets à venir, tout en énergie et en humour.

Pour commencer, comment vis-tu cette situation sanitaire si particulière ?
Abe Cunningham : Eh bien, du mieux que je le peux. Pour être honnête, je deviens dingue, mais on est tous dans le même bateau, alors j'essaye de rester positif.

Et comment se sont déroulés ces derniers mois, personnellement, mais aussi musicalement ?
Tout s'est arrêté. Ces dernières années, on a pris un peu de temps pour se reposer, puis on a écrit un album, donc on est prêts à partir sur les routes. Ça fait un moment qu'on n'est pas partis en tournée, donc on a très envie de sortir cet album et monter sur scène. Dans quelques heures, on aurait dû partir pour une tournée mondiale, mais ce ne sera pas le cas. Par contre, mes valises sont prêtes ! Je suis prêt à partir ! J'ai envie de revoir les gens, transpirer sur scène, rire et passer du bon temps. Croisons les doigts !

Vous devez avoir hâte de présenter votre nouvel album au public. Est-ce que c'est différent d'en faire la promotion par les temps qui courent que lorsque la situation est normale ?
Eh bien, en fait, tout se déroule à peu près normalement... à part que nous ne pouvons pas jouer. Toute la promo, la presse, les vidéos, tout passe par Zoom, ce qui est un peu différent de d'habitude, mais sinon tout est normal. A part qu'on ne peut pas faire de concerts. Et ça, c'est difficile.

Est-ce que tout ce qui se passe change ta façon de voir le monde ou influence ton point de vue ?
Je suis toujours très optimiste et je souhaite toujours le meilleur à tout le monde. Personne ne s'attendait à ça et ça touche le monde entier. Je veux rester positif et aller voir nos amis partout. On apprend à s'adapter et s'améliorer. On reste actifs, mais en restant sur place. C'est un peu bizarre.

Et comment se passe la vie de groupe depuis ces quelques mois ? Avez-vous trouvé le temps de vous voir, de répéter ?
Non, je n'ai vu que Frank (Delgado, le claviériste/DJ) quatre fois en six ou sept mois. Il habite à environ un kilomètre de chez moi à Sacramento. Mais je n'ai pas vu les autres gars du groupe, car ils vivent tous dans des villes différentes. La dernière fois, c'était pour faire l'album, donc c'était il y a un moment.
 

"Stephen Carpenter veut toujours pousser plus loin en utilisant 7, 8 cordes et maintenant 9 cordes"

 

​« Ohms » est votre neuvième album. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur ce titre ?
Oui, c'est une sorte de résistance et un jeu de mots avec "home" aussi. Mais ce qui est intéressant, c'est que c'est un mot qui nous est apparu par hasard. Le gros débat portait sur si ça devait être « Ohm » ou « Ohms ». On s'est battu à ce propos pendant un moment. Je pense que nos titres n'ont jamais vraiment de signification. Ca peut paraître bête, mais le titre nous paraissait cool donc... Bien sûr, on peut lui trouver plein de significations.

Il a été produit par Terry Date. Est-ce que c'est un moyen de retrouver un son proche de celui de vos origines ?
Oui, absolument. Je n'aime pas cette expression de "retour aux sources", mais on n'a pas pu s'en empêcher. Terry a fait notre son, il l'a créé avec nous. On a fait beaucoup d'albums ensemble et c'est quelqu'un de très droit, très fiable. On a eu l'occasion de travailler avec d'autres personnes, mais il nous a toujours dit que si on avait besoin de lui, on pouvait compter sur son aide. C'est comme un membre de la famille.

De même avec Frank Maddocks qui a fait la pochette de « Ohms » et de « White Pony ». Vous avez fait appel à de vieilles connaissances, finalement !
Oui, vraiment ! On a regroupé toute la vieille équipe. A l'époque, c'était un artiste du coin qui venait à nos concerts. Puis il est devenu une personne familière de notre entourage et maintenant un ami depuis des années. Pouvoir regrouper toutes ces personnes, c'est vraiment chouette.

« White Pony » est sorti il y a 20 ans. Un album anniversaire avec des pistes bonus était prévu. Est-ce toujours d'actualité ?
Eh oui ! Vingt ans se sont écoulés. Je ne les ai pas vus passer, mais c'est bien le cas. Il y a longtemps, au moment où nous écrivions la musique pour « White Pony », on s'était dit qu'on pourrait prendre quelqu'un pour remixer l'album et l'appeler « Black Stallion ». On tenait un concept et c'est devenu une blague. Ce n'est jamais arrivé. C'est resté quelque chose dont on parlait et rigolait. Et maintenant, on est sur le point de sortir cet album 20 ans plus tard. La partie « Black Stallion » devient réalité. Ça va paraître en édition vinyle et en CD aussi, mais dans un packaging spécial. Ce seront des chansons de « White Pony » remixées. C'est assez amusant de faire de cette blague initiale un vrai projet. Ça va sortir bientôt. Je ne connais pas la date mais... bientôt !

Comment considères-tu « White Pony » ? A l'époque, il fut quelque peu décrié par certains pour devenir culte ensuite. Quel est ton point de vue ?
C'est un vrai triomphe. Nous voulions faire quelque chose de différent, même si nos précédents albums avaient déjà des éléments, des sons que nous voulions incorporer dans ce nouvel album. On savait que ce ne serait pas facile, mais on s'en foutait. On voulait suivre notre chemin, prendre la direction que nous voulions. Et je pense que la raison pour laquelle nous sommes encore là aujourd'hui, c'est cet album. Cela n'a pas été immédiat, on nous a dénigrés. Mais c'est cool de voir l'intérêt qu'il suscite maintenant, les nouveaux fans qui l'apprécient. Avoir un album comme celui-ci dans sa carrière, c'est vraiment spécial.

Revenons un peu à « Ohms ». Il contient 10 titres qui sont très variés. Il y a des chansons très puissantes comme "Genesis" et d'autres beaucoup plus lourdes comme "Pompeji". Où puisez-vous votre inspiration ?
En fait, on n'a jamais trop de plans au départ et après toutes ces années passées ensemble, on commence à savoir où l'on veut aller. C'est cependant un peu différent cette fois, car on avait l'habitude de se retrouver, passer beaucoup de temps ensemble en studio ici, quand tout le monde vivait à Sacramento. Mais maintenant que tout le monde réside dans des villes différentes, quand on se revoit, on passe un peu de temps à se reconnecter, se raconter nos histoires. Et quand on s'aperçoit que le temps passe, on se dit qu'il faut commencer à bosser ! On paye le studio, les hôtels... on ne peut pas se permettre de parler des heures et des heures comme à la belle époque. On doit être productifs. Mais on apporte chacun notre production pour faire avancer les choses et comme on s'entend bien, ça avance vite. Je suis très reconnaissant d'avoir ces "frères" de groupe. Cela nous donne de la force. On s'aime !

Il y a une chanson sur l'album qui s'appelle "The Spell Of Mathematics" qui est très atmosphérique, très éthérée. Tu peux nous en dire plus sur son contenu ?
C'est une chanson très intéressante, car c'est une des dernières que l'on a écrites, en studio. J'avais deux jeux de batterie : le kit principal et un autre pour des sons un peu différents. On a commencé à enregistrer les titres qui étaient prêts et un jour Terry Date m'a demandé d'aller jammer sur la deuxième batterie. Sergio (Vega, le bassiste) était dans le coin à essayer ses micros et une "battle" a commencé entre nous. On a jammé pendant 5 minutes et cette chanson en a découlé, bien qu'on y ait ajouté quelques arrangements ensuite. Les autres membres ont chacun apporté leurs contributions et l'étincelle a jailli. On est allé boire une bière, enfin quelques bières... en ville et quand on est revenus au studio, on a terminé ce morceau.



​Vous avez choisi de sortir "Ohms" en tant que premier single. Pourquoi ce titre ? Est-ce que tu le trouves représentatif de l'album ?
Pas du tout ! Tout le monde nous a demandé pourquoi on faisait ça, alors que c'est la dernière chanson de l'album. On nous a dit qu'on n'était pas censés faire ça... mais c'est quoi la règle ? Cette chanson fait sens. Elle n'est pas représentative de l'album mais elle contient un peu de tout ce que l'on fait. Elle est très concise.

J'aimerais que tu nous parles de l'utilisation d'une guitare à 9 cordes sur ce titre...
Pour ma part, je ne voyais rien de mal à l'utilisation d'une guitare à 6 cordes, mais Stephen Carpenter veut toujours pousser plus loin en utilisant 7, 8 cordes et maintenant 9 cordes. Ça donne un son plus lourd, mais c'est difficile car ça donne un ton si bas qu'il est dur pour les autres de rentrer dans le spectre. Il a toujours un son énorme et maintenant, il est encore plus large, donc on a du mal à suivre. Ça a été un point de désaccord, mais tout le monde finit par faire ce que Stephen fait.

Et qui s'est occupé du visuel de la vidéo ?
On a enregistré deux vidéos en même temps. Frank et moi qui vivons à Sacramento avons enregistré dans un studio vidéo. Nos assistants de tournées et photographes sont venus de Los Angeles pour faire les prises de vue et sont retournés à L.A pour les autres membres du groupe, puis sont allés à New York pour Sergio. On a tourné tout ce qu'il fallait pour la vidéo de "Ohms" et celle de "Genesis". C'était très intéressant de faire ce tournage un peu particulier. C'était la première fois. Les deux vidéos ont été tournées de la même façon, mais ont un rendu très différent. C'est très sympa.

Ce n'est pas trop dur pour vous de sortir un album et de ne pas pouvoir le présenter en live à vos fans ?
C'est très difficile, si ! Cela fait un moment que l'on n'est pas partis sur les routes et comme je te l'ai dit tout à l'heure, mes valises sont prêtes ! Mais bon, on est tous dans le même bateau, ce n'est pas seulement nous, la situation concerne tout le monde. Donc on n'a pas le choix.

Est-ce qu'on peut imaginer dans ce cas un live-stream de la part de DEFTONES comme le font d'autres groupes ?
Oui, c'est devenu très courant et on en parlait justement encore ce matin. On aimerait mettre ça en place, car je trouve ça incroyable. On n'a encore rien décidé mais je pense que ça se fera.

Ce serait une bonne nouvelle... en attendant de vous voir en vrai ! Je te laisse conclure avec quelques mots pour nos lecteurs.
On apprécie vraiment votre patience et votre curiosité tout au long de ces années. On a hâte de vous retrouver, de revoir tout le monde en France !
 


Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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