La vie est comme un puzzle, dont les pièces sont, d’une manière ou d’une autre, reliées entre elles, tels des chemins qui se croisent, se décroisent, s’emmêlent, s’entremêlent et se démêlent au gré du changement des saisons, au fil du temps, au souffle du vent. Chaque chose en amène une autre, et nous poursuivons notre route comme des Petits Poucets qui tentent de retrouver leur chemin en suivant des petits cailloux, dans le meilleur des cas, ou bien des miettes de pain, sitôt semées, sitôt mangées. Et parfois, au détour du sentier, on tombe sur une pépite de mica aux multiples reflets brillants, ou une belle brioche dorée que les rapaces n’auront pas encore dévorée. La musique, entre autres, est de ces pépites que l’on ramasse et garde précieusement avec soi, pour nous éclairer lorsque la nuit tombe.
Le neuvième album de 10 YEARS, « Violent Allies », est une de ces petites merveilles que la vie nous offre de temps en temps, lorsque l’on s’y attend le moins. En effet, comment ne pas succomber dès les premières notes de "The Shift", qui ouvre l’album, avec son refrain immédiatement mémorisable, son rythme prenant et ses paroles profondément émouvantes :
« We go from silence to sirens
Without a space between
We are violent virus
Without a remedy »
Des paroles écrites par le chanteur, Jesse Hazek, bien avant la pandémie qui nous touche depuis des mois, et qui font référence au comportement des hommes et l’impact de leurs gestes quotidiens sur l’état de notre planète. Un regard sans complaisance sur l’égocentrisme des êtres humains qui détruisent leur bien le plus précieux : la Terre qui nous accueille tous.
Mais "The Shift" n’est pas la seule chanson qui fait mouche sur ce superbe album, le trio de Knoxville ayant un talent inné pour créer des tubes à la pelle. Evoluant entre metal alternatif et post-grunge plus intériorisé à la manière d’ALTER BRIDGE, BREAKING BENJAMIN ou encore NICKELBACK et SEETHER, 10 YEARS excelle aussi bien dans des compositions mélodiques ("The Unknown", "Waiting"), des titres émouvants et sensibles tels "Without You", "Start Again" avec encore une fois un refrain qui joue sur la corde sensible (« It's only when we've lost everything we are, Free to start again, Start again »), et la sublime "Say Goodbye", hommage au grand-père disparu du frontman, que d’autres plus énergiques et bruts de décoffrage comme "Déjà-Vu" et ses growls judicieusement placés, "Cut The Cord", qui donne furieusement envie de headbanger sur son génial refrain, "Sleep In The Fire", à la puissante énergie qui ferait des merveilles en concert (Aaah, si seulement les concerts pouvaient enfin avoir lieu...).
"Planets III" et "Planets IV" font office d’interludes instrumentaux, tout en douceur, en égrenant des notes aériennes de piano et de guitares acoustiques, qui font une transition parfaite avec les titres suivants. L’album se referme sur "Say Goodbye", l’un des plus beaux morceaux composé par le groupe, sur lequel la voix du chanteur nous transporte au-delà de la sphère purement musicale pour nous emmener dans le registre de l’émotion pure, à fleur de peau. Et c’est avec des yeux brillants de larmes contenues que l’on repense, nous aussi, aux êtres chers que l’on a perdus. Et aux moments précieux que l’on a vécus.
« Violent Allies » s’achève peut-être sur une note nostalgique mais cependant, on ne peut s’empêcher d’appuyer une nouvelle fois sur la touche "play", tant les trois musiciens et artistes de 10 YEARS ont réussi le pari haut la main de rendre cet album hautement addictif. Et c’est si bon, parfois, de succomber à la tentation.