13 octobre 2020, 18:30

TRANK

• Interview M.J.

TRANK est un groupe français qui mêle rock alternatif puissant et inspirations new wave/cold wave. Formé près de Genève en 2016, et choisi en 2018 comme première partie par DEEP PURPLE, ANTHRAX, DISTURBED et PAPA ROACH, et après avoir publié plusieurs single, le rock alternatif puissant, mélodique et contagieux du groupe marie hard rock accrocheur, noirceur et menace cold-wave, émotion et flamboyance, au fil des morceaux d'un premier album paru le 15 septembre 2020 et dont les textes jettent un regard à la fois sensible et acéré sur l’écheveau des relations humaines. Nous avons souhaité en savoir plus sur cette ''nouvelle'' formation qui nous a chatouillées les oreilles et c'est M.J., le chanteur qui a bien voulu répondre à toutes nos interrogations...


TRANK s'est formé en 2016, peux-tu nous raconter brièvement comment est né le groupe et si les membres d'aujourd'hui sont les mêmes que lors de la sortie de votre premier EP ?
TRANK existe – en tout cas dans sa formation actuelle – depuis 2016. On avait tous des expériences diverses et assez longues dans des groupes amateurs, semi-pro, voire professionnels – et on était chacun de son côté à la recherche d’un projet qui nous passionne assez pour qu’on s’y investisse à fond. Quand j’ai rencontré Julien (guitare), je cherchais quelqu’un capable de composer des morceaux rock assez puissants pour me laisser utiliser une palette vocale plus large et plus rock que mes propres compositions, qui étaient à l’époque plutôt mélancoliques. Mais même si je cherchais des riffs puissants, je voulais aussi de la richesse mélodique et de l’originalité, et la place à un peu de ''noirceur'' – histoire de parler à ma fibre de fan de new wave. Ca fait beaucoup – mais Julien avait tout ça, et une espèce de flamboyance hallucinante dans son jeu en plus, influencé entre autres par les possibilités sonores incroyables des guitare Manson, qu’il maîtrise comme peu de gens. Dès les premières démos faites ensemble, on était certains de tenir un truc unique, et j’ai contacté mon ami Johann (batterie), dont je savais à la recherche lui aussi d'un projet vraiment unique dans lequel investir son temps et son talent. On a commencé avec Max à la basse, un ami de Julien et très bon musicien, qui jouait sur notre premier EP, réalisé en 2016 pour se faire la main et commencer à créer notre identité. Mais Max a dû partir pour raisons personnelles, et après lui on a éclusé un bon paquet de candidats, par petite annonce... Trouver un ''vrai'' bon bassiste, assez créatif et motivé pour prendre toute la place que lui laisse l’absence de guitariste rythmique, ça a fini par nous paraître impossible – et puis il fallait aussi quelqu’un avec le genre de personnalité à la fois hyper forte et sociable qui pourrait s’intégrer à nous. On était un peu désespérés quand David est arrivé – et là, quelque chose s’est mis en place, à la fois en termes d’identité musicale et de relations de groupe – et TRANK et devenu le vrai gang auquel on aspirait.

On imagine que c'est votre passion pour la musique qui vous a liés, vos innombrables influences sont devenues naturellement votre identité musicale ?
On est en effet tous des passionnés, avec des goûts très éclectiques et assez complémentaires, mais on se retrouve autour de références qui arrivent à se marier, d’un côté, une forme de puissance accrocheuse, de flamboyance contagieuse, et de l’autre, une certaine noirceur mélodique, une tension, une forme d’intensité émotionnelle très forte : ça va de références du metal et rock des années 90 comme SOUNDGARDEN ou DEFTONES, à la cold-wave de KILLING JOKE ou DEPECHE MODE, en passant par le rock alternatif à la fois épique et tourmenté de groupes comme MUSE, ROYAL BLOOD ou PLACEBO, ou les raffinements assez ambitieux de Steven Wilson et PORCUPINE TREE. L’identité de TRANK s’est donc forgée autour de quelques équilibres essentiels qu’on retrouve dans ces groupes, quel que soit leur genre – entre l’énergie et l’émotion, entre l’intense et l’accessible, entre une forme de puissance sonore et de recherche, de travail du détail, entre une part d’ombre et de lumière.
 

"La liberté de faire exactement l’album qu’on voulait était vraiment appréciable."


Est-ce là l'atout de créer des chansons qui conservent un style particulier tout en ne se ressemblant pas ?
On espère. La musique qui nous vient naturellement est assez vite reconnaissable – outre les équilibres ci-dessus, chacun de nous a un son particulier dont le mélange fait l’identité du groupe, et la cohérence sonore ou visuelle est importante pour nous. Mais même si on a un ''territoire'' naturel, on met aussi un point d’honneur à en explorer tous les recoins, et à varier les dosages, les niveaux d’énergie. On fait la musique qu’on voudrait entendre, et qu’il s’agisse d’une chanson, d’un album ou d’un concert, on veut qu’elle nous emporte, et les gens avec nous, dans un trip qui reste intéressant tout le long, sans répétition. Donc cet équilibre entre cohérence et diversité est essentiel pour nous. On est ravis que tu le ressentes aussi.

J'aimerais que l'on parle un peu de votre premier album qui est sorti récemment, il montre définitivement une large palette de votre talent dans un hard rock aussi bien alternatif que classique avec des intonations metal, est-ce que ce sont les EP que vous avez déjà sortis qui ont tracé le chemin vers l'album ?
Déjà, merci !... On est tous assez ''vieille école'' et on a commencé à penser à un album dès la sortie de notre premier EP : parce qu’on a grandi avec ce format-là, que la musique du groupe nous paraissait assez riche pour le justifier, et que, en bons perfectionnistes, l’EP était à peine sorti qu’on a commencé à pinailler sur tout ce que l’on aurait pu faire mieux, ou sur le point auquel les nouvelles compositions qui n’apparaissaient pas dessus étaient meilleures. Les singles de 2018/2019 étaient clairement prévus et conçus pour appartenir à l’album, et l’évolution de notre son durant toute cette période, notamment sous l’influence des grosses premières parties qu’on a eu la chance d’assurer comme DEEP PURPLE, ANTHRAX, PAPA ROACH ou DISTURBED, trouve en effet sa meilleure expression dans l’album.

Je présume que l'émotion doit être la priorité lorsque vous composez, est-ce que ce sont les paroles qui définissent la musique qui va être écrite ensuite ? Ou bien cela peut varier en fonction des idées ?
Dans la plupart des cas, le texte et la mélodie vocale arrivent en fait en dernier. Mais tout est en effet au service d’une émotion et d’une idée centrale dans chaque chanson. L’idée musicale essentielle vient toujours de l’un d’entre nous : la plupart du temps c’est Julien ou David, et c’est en général sous la forme d’une colonne vertébrale de chanson déjà assez formée, à la guitare. Je travaille sur la structure avec Johann, on met le résultat sous forme de démo basique, chacun réfléchit de son côté puis on se retrouve en salle de répétition pour créer les arrangements basse / guitare / batterie. Une fois qu’on a quelque chose qui se tient, chacun m’envoie ses pistes enregistrées au propre, je créé une démo et j’ajoute l’habillage électronique qui va permettre de renforcer encore l’émotion ou le feeling de la chanson dans mon home-studio (avec une assez large collection de synthés), et on raffine encore en salle de répète. Après quoi, une fois qu’on est clair sur l’émotion et l’atmosphère du morceau, je trouve la ''phrase magique'' dans mon carnet de notes ''idées de textes'' – celle qui cristallise vraiment l’esprit de l’instrumental en cours, et je construis le texte et la mélodie vocale autour de cette phrase. Puis retour en salle de répète pour dégraisser certains trucs si besoin est, pour que voix, guitares et rythmique se répondent de la meilleure manière possible, jusqu’à ce qu’on ait une chanson qu’on estime prête pour le studio. Dans certains cas plus rares, j’amène une chanson finie au groupe, mais sans les arrangements : juste la progression d’accord, la voix et le texte, présents dès le début. Après quoi le processus est le même : même si l’idée centrale de chaque chanson vient de l’un d’entre nous, l’arrangement est travaillé ensemble. C’est pour ça que l’éclectisme du groupe s’entend dans toutes les chansons, même si certaines tirent plus clairement vers tel ou tel côté du ''territoire'' de TRANK.
 


Des chansons qui tiennent la route, des clips magnifiques, une production irréprochable, une expérience scénique aux côtés de groupes réputés et pour certains légendaires, il y a une chose qui m'intrigue, vous n'avez pas encore été approchés par une maison de disques ?
Non. Mais bon, l’état de l’industrie étant ce qu’il est, on comprend, même si c’est triste, que les mecs attendent que tu aies treize millions de fans pour investir. Minimisation du risque... Et encore merci.

Aujourd'hui, quand un groupe peut se le permettre, est-il plus facile de s'auto-produire et finalement chercher simplement un label pour la distribution ?
''Facile'', pas certain – on discute en ce moment d’un partenariat de ce genre avec un label. Mais ce qui est certain, c’est que la liberté de faire exactement l’album qu’on voulait était vraiment appréciable.

Quand je réfléchis, on peut vous comparer à des groupes inclassables comme ALTER BRIDGE ou POP EVIL qui naviguent dans un genre utilisant intelligemment et naturellement toutes les sources du Rock... « The Ropes » prouve que vous avez plusieurs cordes à votre arc ?
C’est très flatteur. Oui, on se reconnaît pas mal dans la démarche de ces groupes, à commencer par le côté ''inclassable'' qui vient avec leur évidente liberté créative. David est ultra fan de Slash et de Myles Kennedy, la comparaison lui fera sans doute encore plus plaisir !

L'album a-t-il été enregistré avant notre situation sanitaire actuelle ? Avec qui avez-vous travaillé en studio pour la production ?
On a enregistré avant le confinement, tout au long de l’année 2019, avec notre ami et ingénieur du son depuis le début et de ce fait producteur, Yvan Barone - un ingé chevronné qui est entre autres une référence au festival de Montreux. Yvan et nous étions d’accord sur le fait de créer un matériau sonore riche et expressif, plein de contrastes, de dynamiques, d’ombre et de lumière, qui reflète les équilibres des compos. On a, sous sa direction, enregistré dans trois studios de la région genevoise, où on vit, qui ont en commun qu’on s’y sentait comme chez nous (essentiel pour donner les meilleures performances), et qu’on y disposait d’un matériel nous permettant de réaliser cette ambition-là : un parc de micros hors pair (il y en avait une vingtaine rien que sur la batterie), des consoles de rêve (celle d’Yvan est une Amek analogique qui a été utilisée par QUEEN et apparaît même dans le film...), et surtout, de quoi bien manger à proximité ! Outre le studio d’Yvan (où on a fait les guitares, les voix et la basse), et mon propre home-studio (les synthés), on a bossé aux Forces Motrices Studios chez David Weber (YOUNG GODS...), et chez Serge Fernex aux Ella Recording Studios. On a pris le temps de faire tout ça le mieux possible, afin que l’ingénieur du son qui s’est occupé du mixage, Brian Robbins, ait le matériau qu’il lui fallait pour le son ambitieux qu’on voulait. En revanche, ce mixage de Brian s’est fait en grande partie pendant le confinement – mais bon, il est à New York (c’est lui qui a mixé les albums les plus importants de BRING ME THE HORIZON et ASKING ALEXANDRIA). Donc on allait de toute manière devoir procéder comme on l’a fait, par vidéo conférences et échanges de fichiers. Pas simple, mais le gars est aussi brillant qu’il est patient, et il nous a donné le mix massif et tranchant qu’on voulait, sans perdre de la richesse sonore créée avec Yvan. Et c’est Andy Van Dette, aussi à New York, qui a fait le mastering (il a entre autres fait des merveilles pour PORCUPINE TREE et même David Bowie).
 


Sortir un album dans ces conditions jamais vécues auparavant peut être compliqué à gérer, difficile de se projeter dans le futur, mais qu'avez-vous prévu pour poursuivre la promotion de ce premier album ? Des concerts envisagés pour 2021 ?
On est comme beaucoup de groupes : tout ce qu’on sait, c’est qu’on crève d’envie de défendre les chansons sur scène. Mais impossible de prévoir quoi que ce soit pour l’instant. A défaut, on va continuer d’alimenter le truc de plus en plus par le biais des réseaux sociaux. Il faut bien que ça serve à autre chose qu’à répandre telle ou telle théorie du complot ou poster des photos de chats... (Bon, j’adore mon chat, hein ? Là n’est pas le problème.)

Etes-vous seuls à décider de votre avenir ou est-ce qu'il y a des personnes de votre proche entourage qui vous conseillent ? Comme les choix artistiques par exemple ? TRANK a-t-il un bon manager qui lui prépare le terrain ?
On est fièrement auto-managés – d’autant plus que nos expériences avec les managers qui ont prétendu vouloir s’occuper de nous ont été catastrophiques : entre les escrocs, les abrutis et les fainéants, on a fait la totale. Je suis certain qu’il y a d’excellents managers, on ne les a juste pas rencontrés. En revanche, outre Yvan, il y a un autre membre honoraire de TRANK à qui on fait une confiance aveugle, c'est Alban Verneret, notre directeur visuel et réalisateur de presque tous nos clips. Et on a aussi des gens qui nous aident à travailler l’aspect en ligne, dont certains pourraient être amenés à jouer un rôle plus important à l’avenir. Mais on prend les décisions nous-mêmes, en groupe, avec l’avis d’Yvan et Alban.

Pour terminer, et en quelques mots, comment définiriez-vous « The Ropes » à nos lecteurs pour le présenter avant qu'ils ne l'écoutent ?
« The Ropes » est le premier album de TRANK, et de manière assez naturelle il résume vraiment l’identité, la personnalité du groupe : un rock alternatif qui se veut à la fois puissant, accrocheur, intense, passionné, accessible et ré-écoutable sans lassitude. Des émotions fortes où l’on aime se replonger, parce que les chansons touchent la corde sensible, restent en tête, et que l’on découvre un nouveau secret caché quelque part dans le mix à chaque fois. Les premières critiques sont incroyablement positives, mais ce qu’on aime surtout c’est qu’elles remarquent toutes à quel point ce qu’on fait est difficilement étiquettable : on nous parle de metal, de rock alternatif, de cold-wave / electro 80's et même de neo-prog' – toutes ces références sont en effet présentes dans ce qu’on fait, sans que l’on puisse nous résumer à une seule. Ca nous va bien. Et on espère que ça ira à plein de gens. On fait la musique qu’on a envie d’entendre, mais on espère bien ne pas être les seuls !

 

Blogger : Christophe Droit
Au sujet de l'auteur
Christophe Droit
Animateur radio chevronné de la région toulousaine, fidèle partenaire de HARD FORCE depuis toujours, Christophe, alias "Godzilla", a participé à l'élaboration du projet Radio Force (CD & Musique) encarté dans le magazine jusqu'en 2000. Depuis 2008, il supervise l'équipe et l'actualité dans HARD FORCE et sur Facebook et anime de très nombreuses émissions sur HEAVY1, notamment NOISEWEEK tous les vendredis soirs, consacrée à l'actualité discographique de la semaine.
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