18 octobre 2020, 14:30

LABELS ET LES BETES

• "Le côté obscur de la force métallique" - épisode 39


La nature se pare de ses plus belles couleurs et elle commence doucement à se préparer à affronter le froid. Mais cet univers sombre et hostile est tout ce qui réjouit nos trois comparses de l'extrême, Aude, Clément et Crapulax. Ils se munissent donc eux aussi de leurs plus beaux atouts : des albums à faire frémir les plus terribles fantômes d'Halloween ! Au programme de ce mois-ci : du lourd, du violent, du froid...à vous glacer le sang !
 

ARKHERON THODOL : « Rituals Of The Sovereign Heart » (Naturmacht Productions)

ARKHERON THODOL est un groupe de black metal atmosphérique américain plutôt jeune puisque son premier EP date de 2015. Rien de bien original me direz-vous si on considère la pléiade de nouvelles formations qui déferlent sur les réseaux ces temps-ci. Mais celui-ci se démarque par une musique d'une rare beauté, totalement à la hauteur de la pochette de ce second album.

Tout en nuances, tout en mélodies, tout en atmosphères, « Rituals Of The Sovereign Heart » est un voyage hors du temps et de la morosité ambiante. Les quatre titres qui le composent reposent sur des guitares éthériques, des rythmes travaillés, une progressivité envoûtante et des voix hurlées juste parsemées ici et là. Il y a bien sûr des passages plus agressifs et rapides mais l'ensemble repose sur une ambiance sereine plutôt que sur une violence contenue.
ARKHERON THODOL est en cela un distillateur d'ondes positives et de quiétude. Que cela fait du bien de se laisser emporter par un black metal à la fois de qualité et si bien construit ! A mettre entre toutes les oreilles, même les plus fragiles.
(Aude)


 

ANACHITIS : « The Sorcerer's Sorrow » (Avantgarde Music)

ANACHITIS est le projet solo de James Sloan, guitariste de groupe de black metal en pleine ascension : UADA. Rien que pour cela, il vaut le coup de s'y pencher. Avec ce premier album, il nous emmène dans un univers bien sombre et dépressif où la lumière est anecdotique, tout autant que la chaleur.

Entre passages blastés d'une rare agressivité et moments plus atmosphériques et sombres, « The Sorcerer's Sorrow » oscille entre true black et dark/doom profond. Les hurlements suraigus et les guitares dissonantes se fondent totalement dans une ambiance chaotique dérangeante alors que de jolis soli et des voix parlées créent une ambiance mélancolique subjuguante.
Cette diversité résulte de la pensée créative d'un esprit torturé débordant de sentiments contradictoires. « The Sorcerer's Sorrow » est un recueil de pensées ésotériques et la bande son à une quête de soi inachevée. ANACHITIS serait-il la facette cachée d'UADA et son pendant obscur ? En tous cas, les deux groupes sont complémentaires et sont voués à faire chemin ensemble, ou au moins en parallèle pendant un moment.

C'est tout le mal que l'on peut souhaiter à James Sloan en tous cas.
(Aude)


 

INFERI : « Of Sunless Realms » EP (The Artisan Era)

Toujours aussi jouissif, aussi technique et finalement aussi génial, le quintet de Nashville nous régale encore de sa superbe tant son art (encore injustement sous-estimé médiatiquement parlant) survole la concurrence, loin au sommet de l'Olympe du death metal mélodique mondial.

Cette fois-ci c'est sous la forme condensée d'un modeste EP 4 titres ½, en comptant le court "Summoning" qui sert plus d'intro au dernier morceau qu'autre chose, que les américains espèrent à nouveau pilonner généreusement la planète metal. Les furieux blast beats de batterie raisonnent comme autant de bombes H larguées d'un B-52, les soli virevoltants ("The Abhorrent Art") rivalisent avec la complexité vertigineuse des guitares rythmiques (« Spellbound Unearthed Terror ») et à la frénésie de la vitesse d'exécution des titres répond la classe des brillantes cassures mélodiques ("Aeons Torn"). Chacun des missiles balistiques de ce mini-lanceur qu'est « Of Unless Realms » prouve qu'INFERI demeure au top du top de ses capacités techniques et musicales et de ses facultés de désintégration atmosphérique.

A ce stade il apparaît comme difficile, voire déraisonnable, de tenter de faire mieux ou plus rapide que ça sans risquer de se crasher en plein vol...
(Crapulax)


 

DETHRONE : « State Of Decay » EP (Massacre Records)

« Un petit EP qui tue vaut mieux qu'un gros LP qui pue » : c'est sur cette adage crapulien maintes fois avéré (rappelez-vous « Out Of The Dark... Into The Light » de KREATOR, « Garage Days Re-visited » de METALLICA, « Cross The Threshold » de LOUDBLAST, « Surf Nivaragua » de SACRED REICH ou plus récemment le « Uncovered » des BUTCHER BABIES...) que sort ce petit bout de destruction massive du fin fond de la Suède.

Amateurs de death/thrash à la THE HAUNTED, préparez-vous à être comblés au-delà de vos rêves les plus fous car ces anciens DEATHGATE, dont on n'avait plus de nouvelles depuis 2016 par le biais de leur second effort « Incinerate All », ont bourré leurs amplis de dynamite, chargé leurs guitares avec des munitions de calibre 12 et rajouté quelques grenades offensives dans les poches histoire de faire bonne mesure.

Gonflés à bloc, prêts à en découdre avec le monde entier, les membres de DETHRONE font feu de toutes parts dans un style percutant et rapide propre au style ("Room 101", quelle éclate !) qui certes n'invente rien mais qui défonce bien sa race.
(Crapulax)


 

TORMENT : « Occult » (Great Dane Productions)

Avec ce premier album dans sa besace, le quatuor de Nancy annonce la couleur sans détours : ici l’ambiance est au propos musclé et viril ! Un deathcore qui use (et parfois abuse) de gros breaks couplés à des accélérations meurtrières, des vocalises flirtant avec le black metal qui accompagnent une section rythmique bien lourde. Et comme pour conforter ce constat d’entrée, "Deathwish" ouvre le bal avec un groove à décrocher les mâchoires.

Il flotte ici comme une volonté de proposer quelque chose de très moderne dans l’exécution mais en même temps qui pourrait évoquer ce que proposaient des formations comme EKTOMORF, DEVILDRIVER ou LAMB OF GOD à la fin des années 2000. Des riffs vengeurs et burnés, certes, mais bardés de mid-tempos qui suivent une ligne directrice plutôt claire tout au long de l’album.
Le tout tape juste et fort mais une légère monotonie peut s’installer en cours de route, les quarante-cinq minutes de matraquage à grand coup de groove restant souvent dans un cadre stylistique très serré.

TORMENT réussit malgré tout son pari et signe ici un premier album qui laisse entrevoir un futur séduisant...
(Clément)


 

GOATCHRIST : « Pythagoras » (Non Posse Mori Records)

Contrairement à son patronyme fleurant bon le black metal underground qui sent fort sous les aisselles, GOATCHRIST est gentil, très gentil. Certes ce quatuor originaire du Yorkshire officie bien dans le black metal, pas de doute là-dessus, mais il serait plutôt du genre à venir chatouiller les amateurs de VED BUENS ENDE, ARCTURUS, FLEURETY, cette vague norvégienne décalée du milieu des années 90.
Plutôt inattendu puisque l’unique membre du groupe est né en 1997, c’est-à-dire après la sortie des albums références du genre ! Peu importe, la valeur n’attend pas le nombre des années puisque son leader a déjà sorti un paquet d’EP, singles, demos et quatre albums en six ans : plutôt du genre prolifique le bonhomme !

Et c’est sur une production aux petits oignons que l’album démarre avec ses guitares acérées et des trémolos à l’envi, de furieuses mélodies nordiques couplées à des accélérations épiques... toujours habitées par ce sens pointu de la composition. Les textures sont riches, variées et alternent avec des passages plus posés qui s'imbriquent les uns aux autres de manière homogène pendant quarante-neuf minutes où originalité et prise de risques sont érigées en ligne de conduite.
De la belle ouvrage !
(Clément)

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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