1 novembre 2020, 18:00

LORD OF THE LOGOS

• Interview Christophe Szpajdel


​Christophe Szpajdel, ce Belge mondialement connu pour ses dessins de logos de groupes de metal, notamment de black metal comme EMPEROR pour ne citer qu'eux, souhaite publier un deuxième livre de ses œuvres sous le nom de Archaïc Modernism. L'artiste qui a réalisé 10 000 logos à ce jour veut y montrer toute la philosophie de son art. Il contiendra environ 300 pages pour un véritable voyage au cœur de son monde extraordinaire. Dans cette optique, il a bien voulu répondre à nos questions à propos du nouveau recueil de ses œuvres et de beaucoup d'autres réflexions personnelles.
 

Bonjour Christophe, tout d'abord, comment vas-tu en cette période si particulière ?
Fort difficile parce que la campagne Kickstarter n’arrive pas à mes attentes. J'espérais qu’il y aurait plus de préventes et de pledges au niveau du Kickstarter parce que le crowdfunding fait partie intégrante de la promotion du bouquin. Je suis en plein pourparler avec Kickstarter pour une possible extension de la campagne histoire de pouvoir atteindre mes objectifs. Sortir ce bouquin pour moi est très important, c’est comme une promesse que j'ai faite à tout le monde qui m’a posé la question : « Y aura-t-il la sortie d’un nouvel ouvrage après "Lord of the Logos" ». J'avais répondu à toute occasion par un oui catégorique. Ceci est l’opportunité de prouver à tout le monde que je suis quelqu’un capable de tenir ma parole quand j’ai fait une promesse.

Est-ce que la situation actuelle a tendance à t'inspirer ou au contraire à te faire perdre toute inspiration ?
Cette période difficile a stimulé mon inspiration. Effectivement. J'aimerais partager ici quelques logos que j’avais commencé à faire en couleur. C'est comme je dirais : ne laissez pas une crise sérieuse passer au gâchis car c’est l’opportunité de faire des choses que vous n’auriez jamais pu imaginer ni réaliser en temps normaux. Pour moi cette crise a été l’opportunité de pouvoir explorer plein de nouveaux horizons. Les clients ont beaucoup changés, j'ai surtout des demandes très urgentes avec délais très courts, et aussi la nécessite d’investir dans du nouveau matériel. S’il n'y avait pas la crise sanitaire, je n'aurais pas eu la possibilité de pouvoir me consacrer pleinement à ce livre.

Tu lances une campagne de financement pour ton deuxième livre, "Archaïc Modernism". Peux-tu nous dire ce qu'il contient ?
Kickstarter, comme j’ai déjà expliqué, n’est pas mon idée personnelle mais celle de ma maison d’édition, Heavy Music Artwork. Cette campagne est une nécessité dans ces nouveaux temps. Beaucoup de bouquins ne seront édités en format physique uniquement s’il y a assez de préventes. Beaucoup de livres et concerts fonctionnent ainsi. Les préventes et les campagnes kickstarter font partie intégrante de la promotion et conditionnent les sorties en format physique.

Que symbolise ce titre ?
"Archaic Modernism", c'est la connexion entre l’ancien, le préhistorique et le moderne, le futuriste. J’offre au lecteur l’opportunité de voyager dans le temps au travers de mes logos. Depuis des logos hyper simples à ceux très sophistiqués, des logos qui comme l’eau calme, vont de flux avec le courant, comme des eaux tranquilles, jusqu’à d'autres complètement dingues. Des logos hyper simples et faciles à lire jusqu'à des logos illisibles.

Est-ce le succès du premier volume qui t'a donné envie de publier ce nouvel ouvrage ?
Tout à fait, C’est aussi une promesse que je vous avais faite. Avec le succès de mon premier livre, c’était une nécessité de montrer à tous mes lecteurs que je suis en pleine forme et qu’il fallait confirmer mon retour avec un nouveau livre, mais cette fois-ci, en mieux, car il y a également du texte. Une seule version, la version anglaise puisque c’est la langue que j’utilise le plus dans mon quotidien.

Il semble qu'il s'ouvre à un public plus large, de métalleux certes mais aussi à toutes les personnes qui aiment l'art en général non ?
Exactement, l’objectif de ce livre est de pouvoir séduire un public le plus large possible. Cela fait partie de mon évolution naturelle en tant qu’être humain. L’évolution, l’élargissement des horizons est un pas nécessaire. Une zone de confort est un endroit merveilleux mais rien n’y croît.

Revenons un peu à tes débuts. Comment t'est venue l'idée de dessiner des logos pour les groupes de black metal notamment ? Est-ce une vocation ou un hasard ?
Je pense que c’est une vocation depuis ma tendre jeunesse. En 1978, quand KISS a sorti "I Was Made For Loving You" et puis l’album « Dynasty », je savais très bien que cela serait ma vocation. J'ai adoré les logos, surtout les lettrages mediévaux, Art Nouveau, Art Deco ,Orientaux et c’est exactement ce que j'ai voulu reproduire, puis ensuite m’en inspirer. Et c’est comme ça qu'en 1989, je m’en suis pris à refaire le logo des Finlandais DISGRACE et puis frapper fort, tel un fer de lance en réalisant celui d'EMPEROR en 1991, puis les coups partent tous seuls... beaucoup d’autres logos ont suivi et je n‘ai plus su m’arrêter.

De quoi t'inspires-tu lorsque tu dessines ?
Surtout de la nature, l’architecture, l’histoire mais également d’autres sujets. L’observation des gens m’a de plus en plus inspiré, depuis leurs tergiversations sociales jusqu'à leur extravagance de style, leur mode de vie. Observer les gens a été une très grande contribution à ma créativité, artistique, non pas en regardant la télé mais en observant les gens en vrai et en interagissant avec eux. C’est quelque chose que l’on comprend quand on ne reste pas scotché à son smartphone mais quand on a le temps de le poser et de regarder autour de soi. Pour toute personne qui se pose des questions, j'invite à lire un livre de très grand intérêt : La Fabrique du Crétin, de Jean-Paul Brigghelli  et La Fabrique du Crétin Digital, de Michel Desmurget.
 

  


Pensais-tu connaître autant de succès lorsque tu as commencé à dessiner pour les groupes ?
Pas vraiment, les gens ont mis des années, voire des lustres pour réaliser une chose toute simple et évidente. Le logo d'EMPEROR a été celui dont j'ai dû convaincre le plus de monde. C'est seulement en 1994 que les gens ont commencé à me croire, alors que « In The Nightside Eclipse » venait juste de sortir sur le label Candlelight Records. J'ai bien insisté sur le fait que Samoth, avec qui j’étais en contact, s’assurait que je sois crédité. J’avais même contacté Candlelight en 1993 mais ils n’avaient pas répondu directement, juste des newsletters qu’ils envoient à tout le monde. Visiblement ils ne m’avaient pas pris au sérieux en ces temps obscurs.

Quel est le logo dont tu es le plus fier ? Et pourquoi ? Pour ma part, le logo dont je suis la plus fière est celui que tu as dessiné avec gentillesse pour le fanzine "The Summoning Webzine" il y a une vingtaine d'années déjà...
Le logo dont je suis le plus fier est celui d'EMPEROR, tout simplement parce qu'il démontre toutes les qualités de ce que doit être un logo : simple, efficace, lisible immédiatement, iconique et de ce fait, mémorable.
Quelques autres logos que j'ai adoré dessiner, c’est WOLVES IN THE THRONE ROOM, où je me suis permis de faire plusieurs éditions. Une comme le groupe le souhaitait et une autre beaucoup plus élevée, monumentale, spirituelle et monolithique avec les 4 têtes de loups, comme je l’aurais interprété, sans l’intervention du client. Et puis, RIHANNA, un logo qui m’a propulsé sur la toute grande scène en 2016, un pas de géant.

Tu sembles très soucieux de pouvoir faire vivre ce deuxième livre. A-t-il une importance particulière pour toi ?
Tout à fait, comme je l’avais évoqué à de très nombreuses occasions. Ce bouquin c’est mon enfant. Dans ma vie humaine, je suis resté célibataire car j’ai préféré rester seul que mal accompagné, je n’ai pas eu d’enfant mais par contre je me suis défini des objectifs. Le plus important de ces objectifs est de laisser un témoignage vivant et de sortir un livre où, de mon vivant, j’explique mes galères, mes aventures artistiques et ma détermination à atteindre les objectifs que je me suis fixés.

Merci en tous cas, nous te souhaitons un franc succès pour ta campagne et ton livre, "Archaïc Modernism".
Un très grand merci à toi pour cette opportunité de devenir plus que ce que j’étais depuis tout ce temps. J'espère vraiment que ceci va atteindre un maximum de lectrices et de lecteurs sur tout dans l’Hexagone et autres contrées du monde ou la langue de Molière est pratiquée. Je pense aux DOM TOM, au Québec, à la Belgique, à la Guyane française, aux Maldives, partout ou la langue française est utilisée, ne fut-ce que par une petite poignée de personnes ou une multitude. J'aimerais remercier tous et toutes pour ce moment d’attention. Merci de partager le lien Kickstarter !

Si vous voulez soutenir la sortie de ce livre, rendez-vous sur ce lien : Heavymusicartwork
Le site officiel de Christophe Szpajdel : Lordofthelogos.com
Sa page facebook : Facebook.com/lordofthelogos
 

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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