
Et si ce troisième et dernier album des Islandais AUÐN était enfin celui de la consécration ? A l’image de certains de ses petits camarades dont la notoriété a dépassé les frontières du pays (SINMARA, SVARTIÐAUDI ou MYSÞRMING en tête de liste), le groupe démontre une nouvelle fois sur « Vökudraumsins Fangi » toute l’étendue de son savoir-faire. Cet art du riff glacial empreint d’une majesté toute insulaire, ce sens inné du riff froid et précis qui claque tel le blizzard sur les joues rougies et ces mélodies superbes et inspirées : oui, tout démontre ici l’irrésistible envie de se faire une place au soleil de minuit !
Il ne faut d'ailleurs qu'une poignée de secondes pour s'en rendre compte avec cet "Einn um alla tið" qui ouvre les hostilités sur quelques notes d’une délicieuse guitare acoustique avant de foncer dans le décor sur des tempos rageurs et incendiaires. Le batteur est aux abois, la section rythmique pilonne avec une précision redoutable et surtout le vocaliste est complètement habité par son rôle, capable d'un grand huit de tonalités bluffant. Le bougre hurle son désespoir et sa rage à qui veut bien l'entendre avec une mélancolie profonde et palpable. A peine le temps de se remettre de cette performance que l'impitoyable "Eldborg" ne déboule sans crier gare avant que le groupe ne remette un coup de frein sur "Birtant Gugann Brennir". Le tout est impeccablement exécuté avant de repartir à fond les ballons sur dans des paysages lunaires et enneigés sur les morceaux suivants. Les accélérations, abruptes et envoûtantes, prennent le relais avec parcimonie pour donner un second souffle à l’album. Un souflle divin qui évoque à la perfection ce côté épique propre aux paysages de la Terre de Glace. Epique, oui, je pense d’ailleurs que ce mot n'a rarement sonné avec autant de justesse qu’ici.
Imperturbablement, AUÐN souffle donc le chaud et le froid tout du long de ces cinquante-cinq minutes de pur bonheur nordique qui marient l'authenticité vengeresse du black metal à l’obscure élégance propre à nombre de ses compatriotes. Doté en bonus d’une superbe production signée Jens Bogren (dont on ne sait combien de temps durent ses jours et ses nuits puisqu’il figure sur un nombre impressionnant de productions récentes !) et d’un artwork teinté de nostalgie et de nature, « Vökudraumsins Fangi » ne souffre d’aucune faute de goût et devrait sans surprise se retrouver dans le carré final de ce qui se fait de mieux en matière de black metal pour cette année. Kraftferð !