8 novembre 2020, 11:00

MOTÖRHEAD

• "Ace Of Spades" (1980 Retro-Chronique)

Album : Ace Of Spades

Nous sommes (déjà !) en 2020 et cet album fête ses... 40 ans !

Que dire qui n’ait déjà été dit sur ce disque et sur ce groupe ? Peu de choses, les ouvrages dédiés par exemple ont été suffisamment nombreux et complets, et on ne va pas refaire le match ni réinventer la poudre, juste rappeler ô combien un album bien précis a fait entrer au Panthéon de la musique dure un groupe qui a, et continuera à jamais, à influencer et à faire des adeptes. 22 albums en 45 ans de carrière, c’est quelque chose quand même. Et quand il s’agit d’un groupe incontournable de la scène hard, c’est vraiment à saluer. Et si ce groupe comporte en ses rangs rien moins qu’un personnage haut en couleur devenu par la force des choses (à tout Seigneur tout honneur) une légende de son vivant, on tient là un phénomène, un cas unique. Le gars s’appelle Lemmy Kilmister, le groupe s’appelle MOTÖRHEAD et l’album, c’est « Ace Of Spades ». Demandé à n’importe quel hardos de citer un seul album du groupe et il est fort à parier que celui-ci, emblématique, sortira pour la majorité des réponses. Paru le 8 novembre 1980, ce n’est ni le premier de la formation anglaise ni son meilleur (avis subjectif bien entendu), et pourtant. Il est LE classique du Bombardier, l’étant devenu surtout de par sa chanson--titre. Incontournable, dans l’impossibilité d’être tenu à l’écart des set-lists jusqu’au dernier concert donné à Berlin le 11 décembre 2015, moins de deux semaines avant le décès de Lemmy alors gravement malade sans qu’il sache à quel point, le morceau "Ace Of Spades" (le chanteur indiquera que pendant deux ans, il a chanté « The Eight Of Spades » sans que personne ne se rende compte de quoi que ce soit) est un hymne, repris à gorges déployées par les fans et repris par de nombreux groupes depuis quatre décennies. A noter qu'une pochette alternative (ci-dessous à droite) a été dévoilée avant d'être abandonnée lors de la finalisation du disque au profit de celle que nous connaissons tous.

Il faut rappeler qu’un an auparavant, le trio formé, outre Lemmy au chant et à la basse, de "Fast" Eddie Clarke à la guitare et Philip "Philthy Animal" Taylor à la batterie, a sorti deux albums consécutifs (« Overkill » et « Bomber ») les ayant propulsés sur le devant de la scène. Comment poursuivre après avoir mis la barre à un tel niveau ? MOTÖRHEAD s’en fout, il ne cherche pas à truster les charts ni à faire décoller sa carrière vers les Etats-Unis, à l’instar d’un tout jeune groupe de la NWOBHM, DEF LEPPARD. Il joue du rock point et c’est d’ailleurs un fait que Lemmy soulignera à chaque début de concert (« We are MOTÖRHEAD and we play rock 'n' roll! »).
Enregistré entre août et septembre 1980 par le producteur Vic "Chairman" Maile, les fans se voient offrir 12 titres dont les furieux "Love Me Like A Reptile", "The Chase Is Better Than The Catch" et "(We Are) The Road Crew", cette dernière étant dédiée à l’équipe technique du groupe, les roadies comme on les appelle. Lemmy ayant rempli cette fonction pour rien moins que Jimi Hendrix, on comprend aisément qu’il les tienne en haute estime et non pas comme une bande de sous-fifres tout juste bons à porter des caisses pour son compte. Et ça, vous m’excusez, mais c’est la classe ultime et un profond signe d’humilité, une qualité reconnue chez le bonhomme. Sans fioritures, ramassé (12 titres pour 36mn), brut, « Ace Of Spades » est un disque qui s’écoute avec le volume à 11 (minimum) afin de rendre hommage au boucan que los tres pistoleros faisaient en concert.



​En 2005, un documentaire est édité par Eagle Vision pour sa série de DVD Classic Albums (DEF LEPPARD, METALLICA, IRON MAIDEN en ont un aussi) et contient des interviews des musiciens de l’époque et permet une plongée inédite dans le making-of de ce classique du hard. Diverses rééditions sont parues au fil des ans (en 1996 aux USA chez Castle Communications ou en 2005 pour une version plus étoffée avec titres démos et alternatifs). Cependant, afin de fêter dignement le 40e anniversaire du disque, est sorti un coffret roboratif renfermant l’album remasterisé, des titres et prises alternatives en pagaille ainsi que deux concerts, dont l’un donné au Parc des Expos d’Orléans le 5 mars 1981. Pour finir, MOTÖRHEAD pourrait être résumé en détournant la célèbre tirade du nez écrite par Edmond Rostand pour l’œuvre Cyrano de Bergerac : « C’est du rock ! … c’est de l’as de pique ! … c’est un cap ! Que dis-je, c’est un cap ?… C’est une péninsule ! » Droit dans ses tiags jusqu’au dernier moment, on ne pourra jamais trop remercier Lemmy et MOTÖRHEAD d’avoir enfanté avec ce disque et tous les autres, les enfants du rock que nous sommes.

Pour aller plus loin :

« Overkill » (1979)
« Bomber » (1979)
« Another Perfect Day » (1983)
« 1916 » (1991)
« Kiss Of Death » (2006)
« Bad Magic » (2015)

D’autres albums méritent aussi le détour, comme « Orgasmatron », « Bastards » au hasard et vous pourrez aussi combler le manque de concerts actuels en réécoutant quelques lives (au nombre de 13) retranscrivant l’ambiance pour le moins électrique des concerts du trio infernal, l’impeccable « No Sleep 'Til Hammersmith » de 1981 en tête.


Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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