19 novembre 2020, 19:00

DARK TRANQUILLITY

• Interview Mikael Stanne

Déjà 30 ans de carrière et toujours autant d’inspiration. Le groupe de death metal mélodique suédois DARK TRANQUILLITY revient avec un splendide douzième album intitulé « Moment », deux nouveaux guitaristes de tournée qui intègrent officiellement le line-up, Christopher Amott (ex-ARCH ENEMY) et Johan Reinholdz​ (ANDROMEDA), et  et c’est son chanteur et leader Mikael Stanne qui nous en parle avec un calme olympien et un réel engouement.


Salut Mikael ! Comment vas-tu ? Tu dois être occupé pour la promotion de l’album à venir, « Moment » ?
Oui, en effet mais c’est très bien comme ça. Cela me permet d’oublier la situation actuelle un petit peu.

Tu es content de pouvoir sortir un nouvel album de DARK TRANQUILLITY malgré les derniers événements ?
Oh oui, je ne pourrais pas l’être davantage ! Bien sûr, les choses ne sont pas simples aujourd’hui en termes de production d’album. Mais nous avons réussi à faire quelque chose de génial. J’aime les chansons que nous avons écrites, j’aime ce que nous sommes en tant que groupe. J’ai vraiment hâte que l’album sorte pour que les gens puissent le découvrir et nous donnent leur avis.

Et tu dois être fier de célébrer 30 ans de carrière, non ?
Oh que oui ! C’est bizarre de penser que nous existons depuis toutes ces années, mais j’ai toujours été fier de ce nous avons réalisé. On se demande à chaque album si on va pouvoir refaire la même chose, si ce que nous faisons va marcher à nouveau. Il y a toujours cette espèce d’insécurité, cette introspection qui nous fait douter. Mais quand on commence à écrire, on se met vraiment dans l’album et on reprend confiance. On essaye toujours de concevoir un album dont on est fiers. On se bat pour trouver des moyens de faire ce que nous voulons faire. C’est très excitant car quand l’album sort, c’est très gratifiant du coup.

Quand vous avez commencé votre carrière, vous pensiez arriver si loin ?
Oh non, bien sûr que non ! On était juste un groupe de potes qui voulaient jouer ensemble. Puis on a commencé à écrire un album, puis on a fait des concerts. Du coup, cela nous a donné de nouveaux objectifs : une tournée, puis les festivals... On a toujours voulu aller de l’avant et conquérir de nouveaux horizons. Et depuis, on arrive toujours à aller plus loin.

Ce n’est pas trop dur de savoir que l’album va sortir sans que vous puissiez le faire découvrir en live à vos fans ?
Si, c’est dingue. Pour tous les autres albums, on partait quasiment en tournée le jour de la sortie de l’album. Ne pas pouvoir le faire, ça me brise le cœur. L’équipe me manque, les fans me manquent, mes amis du monde entier me manquent. Mais bon, tout le monde est dans le même panier. Mais notre réponse à cette situation est de faire comme si on partait en tournée, donc, on va faire un concert qui sera diffusé le jour de la sortie de l’album. On le fera ici à Göteborg, dans un site exceptionnel. On jouera l’album en entier, il y aura toute l’équipe autour de nous, il y aura du matériel pour faire comme si c’était un vrai concert. Il n’y aura juste pas le public. Ça permettra de vivre une expérience différente. Et j’espère que nous en sortirons grandis. Il faut en tirer le meilleur de toute façon. C’est frustrant, mais cela va être génial en même temps. Donc profitons-en au maximum !
 


​« Moment » est le premier album sans le guitariste Niklas Sundin, comment s’est passée son écriture ?
Pour le dernier album, Niklas n’était déjà pas dans le studio quand nous l’avons enregistré. Il a enregistré ses guitares à la maison. Je tiens à dire que c’est quelqu’un que j’aime énormément et je respecte vraiment ses décisions. Dès lors, cela nous a demandé de travailler différemment et d’être plus attentifs à la production. Mais on a aimé ça. Donc, pour « Moment », finalement, on a juste continué à travailler comme on avait commencé à le faire.

De toute façon, Niklas n’est pas parti bien loin puisqu’il a réalisé la pochette de l’album… qui est géniale d’ailleurs !
Oui, on a travaillé ensemble, comme on a l’habitude de le faire. Je lui ai envoyé les paroles de l’album et il en fait sa propre interprétation. On en a discuté et j’ai adoré ce qu’il en a fait. C’est vraiment de l’art, j’ai hâte d’avoir le vinyle dans les mains pour le constater encore plus.

D’ailleurs, les paroles de « Moment » sont très profondes, tout comme la pochette. Elles semblent très personnelles, philosophiques, presque psychologiques. C’est important pour toi de véhiculer un message à propos de l’âme humaine ?
Je ne sais pas si je veux vraiment faire passer un message en fait. Je sors juste les idées de mon esprit, je crie les choses qui me fâchent et j’essaye de parler des choses qui me tracassent ou que je ne comprends pas. J’essaye de comprendre comment l’Humain en est arrivé là, comment on a évolué, pourquoi pas plus ou différemment. Comment on croit en des idéologies plutôt qu’à d’autres. Mais je ne fais que dire ce que je ressens, je n’essaye pas de convaincre qui que ce soit de quoi que ce soit. Cela me permet juste de me sentir mieux de savoir qu’il y a quelqu’un dans le monde qui ressentira peut-être la même chose que moi.

Est-ce que la situation actuelle t’inspire ?
Oui, j’essaye d’apprendre le plus possible de la situation et en même temps, j’essaye de l’analyser, de prendre du recul par rapport à ce que je vois ou lis pour ne pas me laisser influencer. Quand j’écris, j’essaye de faire sens et ne pas juste décrire ce que je vois.

Vous avez passé beaucoup de temps à enregistrer l’album. Vous le vouliez parfait...
Oui, c’est toujours le cas ! Du moins, on essaye de s’en approcher. On a enregistré plusieurs fois les instruments pour en tirer le meilleur. Mais on ne voulait pas quelque chose de chirurgical, on voulait de l’émotion. Cela prend du temps d’arriver à quelque chose qui contient du feeling, qui soit précis mais qui reste authentique. On voulait que le rendu soit presque comme un live.

Les 12 titres de « Moment » semblent plus agressifs que ceux de « Atoma », comme si vous étiez revenus à vos racines. Il y a beaucoup de growls par exemple...
Oui, je me sens très en colère, c’est peut-être pour ça ! En fait, il y eu beaucoup de frustrations ces derniers temps et je pense que les chansons avaient besoin de cette agressivité. On a commencé à composer l’album en février-mars et tout s’est arrêté, on était bloqués, isolés. Notre humeur a donc changé et cela a forcément affecté la façon dont nous avons enregistré. On était dans l'incertitude, donc on a eu besoin de sortir toute notre colère.
 


​Il y aussi des moments très mélodiques, très éthérés, une atmosphère très mélancolique...
Oui, car on voulait que les chansons aient un impact fort. On avait donc besoin de sentiments, d’émotions. On voulait être sûrs que tout soit bien cadré : les parties lourdes et agressives devaient être poussées à leur paroxysme et les moments les plus atmosphériques et mélodiques devaient être vraiment mis en avant, sans faire de compromis sur l’un ou l’autre. C’est un équilibre difficile mais intéressant à trouver.

Il y a une chanson particulièrement intéressante : "In Truth Divided". Peux-tu nous en dire plus ?
C’est une des premières chansons que nous avons écrites. Une chanson au piano. On a beaucoup réfléchi à ce que l’on voulait en faire : une ballade ? Une chanson acoustique ? Une chanson heavy ? On n’a pas arrêté d’y revenir, pendant au moins un an et demi. Cette chanson a été un peu notre fil rouge car on ne savait pas trop ce à quoi elle ressemblerait. Jusqu’au bout ! Elle parle de la façon dont une vérité peut être interprétée. Doit-elle être universelle ? La vérité de l’un n’est pas forcément la vérité de l’autre. C’est quelque chose de très actuel car tout le monde semble très arrêté sur ses idées en ce moment. Tout le monde peut clamer sa propre vérité. Mais les technologies d’informations ne sont pas toujours utilisées de la bonne façon car toutes les imbécillités sont traitées comme les meilleures idées du monde. La vérité ne devrait pas être soumise à l’interprétation personnelle.

Comment avez-vous choisi le titre de l’album qui se résume en un mot, comme beaucoup de vos albums ?
J’aime bien ce mot unique car il peut être interprété de plein de façons différentes. J’en ai parlé à Niklas (Sundin) et on a convenu que c’était un bon titre car il permettait d’aller dans un sens d’interprétation comme dans un autre complètement opposé. Et avec la pandémie, on peut penser encore à d’autres sens. Ce « Moment » peut être cette année. Il peut parler des meilleurs moments comme des pires. Cela ouvre vraiment des horizons très variés.

Justement, merci pour ce "moment", Mikael...
Merci... je suis très frustré de ne pas pouvoir venir vous voir en France alors en attendant, rejoignez-nous en ligne pour la sortie de l’album et un concert exceptionnel. Nous avons hâte de vous retrouver, prenez soin de vous.
 


Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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