24 novembre 2020, 17:30

RUFF MAJIK

• "The Devil's Cattle"

Album : The Devil's Cattle

Dans la jungle des groupes de stoner, difficile d’exister, et encore plus de se démarquer, les Sud-Africains RUFF MAJIK l’ont bien compris et ont su se faire connaître avec une communication drôle et intelligente, une identité visuelle forte et une musique qui s’affranchissait des carcans de leur scène habituelle. Formé en 2015 à Pretoria, RUFF MAJIK a fait preuve d’emblée d’une bonne productivité en sortant en peu de temps 3 EP portant chacun un nom d’animal dont « The Fox », particulièrement apprécié des fans. Ensuite, ce fut un EP par saison, dont les morceaux retravaillés allaient donner naissance au premier album, « Seasons ». En 2019, RUFF MAJIK changeait de ton en reprenant le corpse paint d’EMPEROR et le logo de MAYHEM pour un single augurant l’album « Tårn » sur lequel, en plus de son stoner-doom hybride, il apposait des touches de black metal, que ce soit par le blast comme par les riffs torturés. 2020, nouvelle année, nouveau cycle et donc de nouvelles pistes pour nos Sud-Africains qui n’aiment pas se cantonner à un style. Ainsi, après plusieurs titres dévoilés sur leurs réseaux sociaux en guise de teaser avec à chaque fois encore un superbe artwork, le troisième album, « The Devil’s Cattle », déboule plein gaz.

Un album où QUEENS OF THE STONE AGE copule avec tout un tas de groupes divers et variés avec cette touche RUFF MAJIK. On commence très fort les hostilités avec "All You Need Is Speed", un pur moment de rock 'n' roll boosté aux amphétamines, avec un petit côté garage-rock à la THE HIVES, ainsi qu’une rapidité et un grain sonore à faire plaisir aux fans de la bande à Lemmy Kilmister. Le genre de morceau qui s’écoute en secouant la tête dans tous les sens, pied au plancher. Et le pied qui écrase l’accélérateur, c’est l’envie que va nous donner les titres qui suivront. Un stoner dansant et énergique, voilà ce que proposent des titres comme "Swine Tooth Grin" ou encore "Shrug Of The Year ", deux chansons évoquant le rapport de l’homme au mysticisme religieux et le besoin des peuples de suivre un leader, politique ou religieux. "Heart Like Alligator", c’est du simple et efficace, beuglé comme il faut, fun et humant la sueur, over the top à tous niveau.

"Gregory", avec sa basse qui cajole et caresse, prend l’auditeur par les hanches pour s’offrir une danse sexy avec les entrejambes qui se frottent. "Jolly Rodger" nappe son stoner de glam-rock à faire danser toute la famille. "Lead Pills And Thrills" et "Trading Blows" semblent sortir d’un QUEENS OF THE STONE AGE de la grande époque, quand sur "Who Keeps Score", la basse fuzzy et les riffs bien saturés convoquent le MUSE des débuts (mais toujours à la sauce RUFF MAJIK, faut pas déconner, hein !). "Born To Be Bile" commence par un stoner classique mais dans la seconde partie, bifurque sur un sludge doom boueux, étouffant et inquiétant avec l’apport d’un Vincent Houde (de DOPETHRONE) semblant possédé. La quasi-ballade "God Knows" offre une respiration avant le doom écrasant de "Hymn No. 5", où chaque note offre à l’auditeur la douce sensation d’un massage crânien offert par Gregor Clegane (Game Of Thrones). Ici, pas une once d’oxygène, on est dans un marais putride où semble mourir toute trace de bonheur.

Le voyage de l’auditeur prend fin de manière abrupte, la Mustang V12 boostée à la nitro du premier morceau s’écrasant sur le mur sonore du dernier, la boucle est bouclée. Si RUFF MAJIK propose un condensé d’influences variées, il ne se contente pas d’avaler celles-ci mais s’en sert de base pour construire une musique hybride et inclassable. « The Devil’s Cattle » montre encore une fois un groupe créatif qui ne va jamais où on l’attend, et continue de surprendre l’auditeur avec une nouvelle direction à chaque fois. C’est ce qui rend RUFF MAJIK aussi imprévisible que passionnant.
Où les Sud-Africains nous emmèneront-ils la prochaine fois ? On n’en sait rien mais on sera au rendez-vous. Au vu de leur productivité, on le saura très bientôt. Comme leur compatriote SPRINGBOKS qui enchaîne les titres avec un talent insolent et une puissance de feu intimidante, RUFF MAJIK fait de même avec en plus cette audace qui fait de chaque album un incontournable. Et « The Devil’s Cattle » s’impose comme une nouvelle réussite indéniable d’un groupe qui, en cinq ans seulement, s’est imposé comme une formation avec laquelle il faut compter.

Blogger : Nikkö Larsson
Au sujet de l'auteur
Nikkö Larsson
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK