Bonjour Docteur,
Je me permets de vous écrire aujourd’hui, suite à notre dernière séance. Vous souvenez-vous que je vous avais dit que je n’étais vraiment pas en forme ces derniers temps, le moral miné par cette année 2020, rongée par la sinistrose ambiante ? Il faut dire que ce n’est vraiment pas facile à gérer, tous ces événements. On nous enferme, on nous relâche, on nous enferme, on nous relâche, et ainsi de suite. On a le droit de s’agglutiner aux caisses des supermarchés, mais pas d’aller dans une salle de spectacle. On surveille nos moindres faits et gestes, que l’on doit justifier comme des gosses de 5 ans, mais on nous oblige à aller nous entasser dans un bureau peuplé de fous, « pour le bien de la société », coincé entre les psychotiques qui ne se baladent pas sans leurs masques, leurs inombrables flacons de gel hydro-alcoolique et leur paquets de lingettes désinfectantes, et les j-m’en-foutistes qui tripotent sans complexe, avec leurs mains pleines de doigts crasseux, les objets posés sur votre bureau que vous avez soigneusement nettoyés, comme chaque matin. Bref, vraiment pas le moral !
Et vous m’aviez alors conseillé d’écouter, sans modération aucune, le dernier album de BLACK STONE CHERRY, le quartette de hard rock et southern-rock originaire du Kentucky, qui présente avec « The Human Condition » son huitième album. Docteur, je dois vous remercier chaleureusement pour cela. Dieu que cet album est exceptionnellement jouissif ! Même si les thèmes abordés sont sérieux et sensibles, de la première note de "Ringing In My Head" à la dernière de "Keep On Keepin' On", qui referme cette merveille d’album, on ne peut s’empêcher de taper du pied, de remuer du popotin et de sourire béatement, tant la qualité est exceptionnelle et la musique des quatre artistes file la patate. Le groove de chaque morceau est incroyable, et je dois avouer que j’ai eu de gros coups de cœur, entre autres, pour "Push Down & Turn", "Ringing In My Head", "Live This Way" et son refrain complètement dans l’air du temps :
« Gone gone, gone gone to stay
Leaves are changin', time is wasting
Sorry if this comes out wrong
I'm tired of waiting, anticipating
Can't believe we've been this long
Life is way too short to live this way »
Sans oublier "The Chain", "In Love With The Pain" et la géniale reprise d’ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA, "Don’t Bring Me Down". Message reçu à 100%, Docteur. Après tout, il y a toujours de la lumière quelque part, il faut juste la trouver, et ne plus la lâcher.
BLACK STONE CHERRY n’en oublie pas pour autant quelques douceurs mid-tempo comme "The Devil In Your Eyes" et "If My Heart Had Wings", magnifique ballade qui sied superbement bien à la voix rocailleuse à fleur de peau de Chris Robertson. Tout au long de l’album, les guitares sont puissantes, heavy et mélodiques, la basse et la batterie apportent ce groove inimitable, entre metal alternatif, rock sudiste, avec une pointe de grunge, notamment dans le spleen qui se dégage des textes profonds et touchants. En tout, 13 titres qui nous embarquent loin des tracas du quotidien, avec une énergie positivement contagieuse. A tel point que BLACK STONE CHERRY a réussi à créer un disque complètement addictif, dont on ne peut absolument plus se passer.
Pour tout cela, Docteur, je tiens à vous remercier une nouvelle fois. En effet, depuis que j’écoute « The Human Condition », je sens que ma propre condition s’améliore de jour en jour. Donc, par la même occasion, j’en profite pour vous dire que je mets fin à nos séances hebdomadaires. Vous le comprendrez aisément, je n’ai désormais plus besoin de vos services. La musique a la faculté d’apaiser tous les maux et celle de BLACK STONE CHERRY a le pouvoir d’ouvrir toutes les cages pour laisser l’âme s’évader et se ressourcer. La mienne est déjà partie loin, dans le bleu du ciel.