15 décembre 2020, 18:30

BRING ME THE HORIZON

• "Post Human: Survival Horror"

Album : Post Human: Survival Horror

Automne 2020, après des choix d’orientations musicales discutables (personnellement je n’ai pas boudé mon plaisir sur l’album « That’s The Spirit », et « Amo » n’était pas désagréable mais ne pouvait réellement se revendiquer metal), que reste-t-il de BRING ME THE HORIZON ?

Le groupe est revenu et a livré un EP. Après beaucoup d’hésitations, j’ai eu envie de me pencher sur « Post Human: Survival Horror », 1er d’une série de 4 EP. Oliver Sykes a choqué son monde en déclarant que le rock était « un tas de merde » (il était un peu fatigué et s’est excusé par la suite) ; toutefois, j’ai toujours apprécié sa volonté de sortir des carcans, d’exploser les ghettos musicaux pour mieux expérimenter le mariage des sons. Ca fait quelques albums que BRING ME THE HORIZON a descendu son niveau de bourrinage et introduit de l’électronique dans ses chansons, se brouillant avec ses fans hardcore... euh, plutôt metalcore. D’un naturel curieux je me dis « en 2020, on n’est pas à une déception près ».
Surprise avec l’ouverture. Le titre "Dear Diary" est d’emblée mortel et frappe façon cobra en plein core. Rythmique ultra énervée, riffs qui saignent et solo hennissant, breaks où l’on a à peine le temps de reprendre son souffle qu’une nouvelle charge electro-metal nous renverse cul par-dessus tête. Exactement ce qu’il me fallait. Et si ajouts multiples il y a, le noyau est résolument metal. Quant à Oli, il lâche des paroles qui, à l’image des riffs, sont empreints d’un nihilisme schizophrénique.

"The sky is falling.
It’s fucking boring.
I’m going braindead.
Isolated.
God is a shit head.
And we’re his rejects.
Traumatised for breakfast.
I can’t stomach anymore.
Survival horror."

BRING ME THE HORIZON effectue un retour aux sources d’un metal sombre et virulent. Jouissif.
"Parasite Eve". Voilà, on rentre dans l’expérimental, on va pouvoir débattre avec les courageux restés dans la salle. Des chœurs bulgares en introduction (WTF !?), des samples electro saccadés, du phrasé hip-hop et des riffs hypnotiques pour nous emprisonner dans une ambiance oppressante. Le thème ? La pandémie, "l’air" du temps en somme. "Parasite Eve-ning", le crépuscule de l’humanité. Entêtant et effrayant à la fois.

"When we forget the infection,
Will we remember the lesson?
If the suspens doesn't kill you, Something else will."

Les morceaux se suivent mais ne se ressemblent pas, à l’inverse de ce que l’on avait pu ressentir dans un album concept comme « Sempiternal ». Le concept ici est l’universalité de la musique. Oli Sykes et ses compagnons explorent tous les... horizons. Elle est facile celle-là, mais on ne peut plus criante de vérité. "Teardrops" balance des riff neo-metal, on se prend une bonne grosse "basse" dans la gueule, des breaks dans les habitudes... oui, oui, vous m’avez suivi, LINKIN PARK pourrait être derrière cette composition. "Teardrops" est d’une fulgurance ultime !
Dans le rayon morceau phare on pioche "Obey", avec en guest la rap-star Yunglud. Un titre indissociable de son clip, où des robots géants façon Gundam se foutent sur la gueule et exécutent un groove hors de contrôle. A leur image le titre est "Mecha-nique", pop et ultra catchy (ça tombe bien les robots transforment la ville en scène de catch). Encore un morceau qui vous reste longtemps en tête.
Ce n’est pas "Kingslayer" qui fera retomber la tension (ou l’attention). C’est le retour du metalcore qui brille de mille screams, alors que résonnent en contrepoint les voix nippones (ni mauvaises croyez-moi !) des BABYMETAL, invitées sur ce titre. Le résultat ? Une merveille, un rejeton de l’electro-metal et du metalcore accouplés, au rythme et aux riffs qui déchirent la frontière des genres. Un hybride qui n’est plus uniquement théorie ?
Punaise cet EP est dingue. Vite la suite !
"1x1" avec NOVA TWINS en invitées, Amy love au chant et Georpia Soth à la basse. Encore une dose de rythme et d’énergie. Cette batterie folle, ces riffs machinaux, nous sommes toujours piégés dans la sombritude du Park.

"So i ask myself,
When will i learn?
I’d set myself on fire to feel the burn.
I’m scared that i’m never going to be repaired."

"Ludens" est le morceau commandé par Hideo Kojima, le pape des jeux vidéo, pour Death Stranding. Plus joyeux dans sa rythmique que les autres titres de cet EP, "Ludens" est un parfait représentant d’electro-core à la CROSSFAITH. Avec des riffs metal dégoulinants à souhait !
Histoire de nous narguer avec un sans-faute, car oui mesdames et messieurs BRING ME THE HORIZON a réussi son pari de revenir et de nous en mettre plein les oreilles, on termine avec l’improbable ballade "One Day The Only Butterflies Left Will Be In Your Chest As You March Towards Your Death", où Amy Lee d’EVANESCENCE vient flirter avec Oli. Sombritude, toujours. Encore moins joyeux qu’un titre de Nick Cave, c’est dire comme les deux chanteurs nous entraînent dans les abysses d’une douloureuse musicalité.

"haunting your own house
nothing to lose
how did i let you sink your fangs so deep?
you know you can’t breathe on your own."

Au début j’ai voulu chroniquer cet EP par défi (et aussi un peu parce que j’étais à jour pour une fois dans mes devoirs musicaux), me disant que ce serait dur de défendre la nouvelle orientation de BRING ME THE HORIZON. Coquin de sort. Cet EP est aussi viral que l’année 2020... j’ai pris un pied fou, enchaînant les moments de plaisir intenses de plage en plage, de style en style.
BRING ME THE HORIZON offre avec « Post Human: Survival Horror » une œuvre forte, animée de son âme propre, qui redessine les contours du rock et du metal d’une excitante façon. Du neo-metal porté vers de nouveaux riffs-âges, et Oli qui ouvre la "voix". Vivement la suite de cette quadrilogie d’EP.
BRING ME THE HORIZON, un groupe à son... zénith.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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