Passé inaperçu lors de sa sortie il y a quelques semaines, ce deuxième disque des Américains GREEN DRUID mérite pourtant une oreille plus qu’attentive. Certes son label, Earache Records, a resserré l’étau autour de ses sorties heavy pour s’aventurer sur des contrées plus "grand public" et classic-rock (GOODBYE JUNE, HYPER, THE DUST CODA...) mais les quelques cartouches métalliques qu’il abat encore sont de qualité (WORMROT et VEKTOR en sont de bons exemples bien que leurs derniers albums datent... de 2016). Alors, même s’il n’a pas bénéficié d’une promotion digne de ce nom dans l’hexagone, il n’était pas question de passer sous silence l’un des meilleurs albums de l’année dernière en matière de doom. Un doom lardé de stoner qui souffle un groove rugueux des profondeurs du Colorado sur les premiers accords d'un "The Forest Dark" boursouflé et titubant. Un bon gros coup de tronçonneuse huilée au millimètre offrant un terrain de jeu idéal pour la section rythmique, créative et délurée.
Et GREEN DRUID sait y faire lorsqu’il s’agit de sortir l’artillerie lourde : lignes de basse clinquantes, roulements de toms secs et précis pendant que le riff vrombissant d’une gratte au soin bien grassouillet se charge du reste. La sauce prend bien derrière ces contours connus et rassurants parsemés de breaks bien sentis, d’accélérations rares mais judicieuses et surtout des vocalises éclairées de Chris McLaughlin qui se posent habilement sur l’épais goudronnage en règle. Mais la grande force du quatuor réside dans les ambiances : prenantes, profondes, hypnotiques ("Haunted Memories" et son passage central de toute beauté), celles-ci donnent un côté sombre, intrigant qui renvoient aux œuvres de NEUROSIS ou CULT OF LUNA. De solides références qui ne doivent pas occulter l’effort de sortir du simple exercice de style, GREEN DRUID parsemant les 66 minutes de « At The Maw Of Ruin » d’influences qui sortent du périmètre strict du genre. Et il fait bien puisque le résultat réserve de petites surprises à chaque nouvelle écoute.
Le bilan est donc évident : produit avec soin et richement illustré par l’incontournable Paolo Girardi, cet album nécessitera de nombreuses écoutes attentives avant de dévoiler ses charmes obscurs... mais l’effort en vaut la peine, assurément !