1 février 2021, 18:40

SCARRED

• "Scarred"

Blogger : Clément
par Clément
Album : Scarred

Quintet franco-luxembourgois (avec une prédominance de ces derniers !), SCARRED est actif depuis 2004 et comporte en ses rangs deux routards du circuit metal : Diogo Bastos (ex-musicien live pour SATYRICON et CARACH ANGREN, ex-ABSTRACT RAPTURE) et Vincent Wilquin (DEHUMANIZE, FRACTAL UNIVERSE). Rassurez-vous, le trio restant n’est pas en reste et maîtrise son sujet sur le bout des doigts : pas étonnant puisqu’en plus de quinze ans, le groupe a amassé une expérience qui lui donne toute latitude pour mettre en musique ses ambitions.

Et des ambitions, ce troisième album éponyme en regorge ! « Scarred » est une parfaite synthèse de ce dont le groupe est capable avec son metal aérien, presque mélancolique qui lorgne à la fois sur le post-metal et ce que pouvait proposer GOJIRA au début des années 2000. Il est donc ici avant tout histoire d'atmosphères, de celles qui se dévoilent idéalement au casque et loin de toute agitation. Les guitares y sont de toute beauté, les tempos sont délivrés tout en nuances, avec un feeling qui donne une profonde impression de dépaysement, une sorte d’expérience décalée un peu à part au sein de la scène. Mais quelle scène ? Parce qu’au final il est compliqué de rentrer le groupe dans une case bien définie et c'est tant mieux ! D’ailleurs à l'écoute de ce dernier album, un constat s'impose naturellement : que de travail abattu par le trio depuis un « Gaia-Medea » initialement paru il y a sept ans et qui posait déjà des bases solides en matière de metal puissant mais mélodique ! Sept années qui ont permis au groupe d'affiner sa recette pour proposer un style envoûtant où maturité et originalité sont érigées en lignes de conduite. Pas de doute, SCARRED sait où il fourre ses rangers, pour sûr. Et ce qui frappe d'entrée ici c'est bel et bien la qualité du chant de Yann Dalscheid, le bougre manie à merveille les ambiances, passant du clair au nerveux avec une facilité déconcertante. Appuyé à merveille par une section rythmique fluide et percutante, il donne à chaque titre présent une véritable personnalité.

Prenez l'introductif "Sol" et ses notes planantes rapidement rejoint par une batterie aux abois, avant qu'une épaisse tartine de guitares ne vienne se greffer sur ces ambiances éthérées. Sauf qu'ici le ton se durcit radicalement avec une envolée thrash du meilleur effet sur la triplette "Mirage",  "AD…something" et "Chupacabra" pour ensuite laisser place à nouveau au calme avec "Prisms"... avant que la tempête ne vienne repointer le bout du pif sur l’excellent "Merry Go Round", groovy à souhait ! Voilà de véritables montagnes russes sur lesquelles on embarque avec délice. "Nothing Instead" reprend ce schéma chaud/froid, garni de montées en puissance équilibrées par des parties plus posées pendant que l’instrumental "In Silent Darkness" sort du cadre avec ses velléités dissonantes qui rappellent un MESHUGGAH au meilleur de sa forme. Le tout est contrebalancé dans la foulée avec  "A.H.A.I.A." et ses riffs mastodonte de toute beauté qui écrasent tout sur leur passage. La dernière ligne droit s’amorce avec deux superbes instrumentaux, "Lua" et "Yours Truly." Entre les deux se glisse LE grand moment du disque : "Dance of Giants" qui mène justement la danse avec des guitares chargées de préparer l'explosion finale, apte à faire trémousser même les popotins les plus flasques : grandiose, simplement grandiose.

Du côté de l'enrobage, rien à redire. Enregistrée et mixée par Patrick Darmiani (aux manettes sur le dernier CARACH ANGREN) au TidalwaveStudio, masterisée par Robin Schmidt (responsable du même travail sur le « Pitfalls » de LEPROUS au passage), cette galette ne souffre d'aucune faute de goût dans son approche sonore, claire et puissante. SCARRED tape fort, SCARRED tape juste et livre ici une production premium qui tient la dragée haute à bon nombre de grosses cylindrées plus rutilantes.

Mélancolique, intimiste et paradoxalement ouvert et chaleureux, "Scarred" s'affirme comme un (très) grand disque d’un « petit » groupe qui ne demande désormais qu’à exploser. Vous savez ce qu’il vous reste à faire…

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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