19 février 2021, 17:26

TRIBULATION

"Where The Gloom Becomes Sound"

Album : Where The Gloom Becomes Sound

Imaginez... imaginez un monde loin du nôtre, où le temps lui-même se déroule dans une nappe de brume électrique. Une rythmique lourde résonne depuis le fin fond d’une caverne ancestrale, et tandis qu’une voix éructe avec douleur les souvenirs des temps anciens, ceux de CANDLEMASS et autres princes du doom. Une délicieuse Féé-riffs. "In Rememberance". Etrangement la guitare se fait souvent légère et égrène des leitmotivs minimalistes, avec la basse gothique en contre-fond nous vivons un écho post-punk glacial aux couleurs grises nuancées de JOY DIVISION. Mesdames et Messieurs, vous êtes en train d’écouter le dernier TRIBULATION. Ambiance et frissons garantis.

« Where The Gloom Becomes Sound » est le titre de ce nouvel album des Suédois. TRIBULATION est un groupe de la dualité. Une sonorité moderne qui empreinte la structure old-school du doom en général, et du heavy metal gothique en particulier, en y ajoutant la fraîcheur de guitares insouciantes. "Hour Of The Wolf". Quelle légèreté possédée par le spectre lourd, poussiéreux et croassant déversé par la voix black'n'roll de Johannes Andersson. Du scooby-doom ? Assurément ! Des riffs que l’ont voudrait voir reprendre dans le futur album de GHOST... oui mais là je m’égare.

"Leviathans". Le metal se fait magie, distille de la grandeur dans la décadence. Ou quand les soli sont des volutes voluptueuses qui élargissent l’horizon de notre perception. Des voix anachroniques sont nos copilotes. La lourdeur des riffs nous porte. Les soli aériens s’extirpent du goudron des riffs. Paradoxe. J’ignore si TRIBULATION offre un meilleur album en cette année 2021 que ses concurrents, toujours est-il que des titres tels que "Dirge Of A Dying Soul" fait plus que toucher notre âme. Une véritable communion. Une musique d’office metaligieux dans une cathédrale des sens. Et cette voix, ce growl black qui se mue en monsieur Loyal de cette cérémonie païenne. Le doom c’est gras, le doom c’est la vie. Vous l’avez compris, cet album se sert chaudement dans nos sens en ces heures glaciales. Frigorifiés près de l’âtre de votre cheminée, laissez imprégner, laissez-vous g-riffés par ces guitares dévoreuses et cette batterie syncopée. "Daughter Of The Djinn". La démone hante l’autoroute des tablatures. Exquise marquise du plaisir. TRIBULATION sait distiller l’émotion sur la pointe d’une langue sépulcrale, ou sur les sillons électriques du heavy metal. "Elementals". Les riffs qui s’accélèrent et extraient des guitares cette huile pure que l’on nomme jouissance musicale. "Ianna". Cette rythmique pendulaire imaginée par Edgar Poe accompagnant une voix black comme... le corbeau, encore un coup de Poe, non ? Une délicieuse ballade doom et gothique.

"The Wilderness", ou comment clore un album sur un morceau langoureux et progressif, qui s’envole en une charge doomesque des plus enthousiastes, growl passionné à l’appui. Quand le black-doom se veut entertainment c'est divin... euh, démoniaque ? Je sais plus !

TRIBULATION, c’est l’art de transformer une procession funéraire en gigue macabre et joyeuse. Alors, « Where The Gloom Becomes Sound » est-il à recommander ? Selon certaines sources fiables des médias sociaux, il paraît que Brueghel l’écoutait en peignant Le Triomphe De La Mort. Voilà, bonsoir.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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