12 mars 2021, 17:29

ARCHITECTS

"For Those That Wish To Exist"

Album : For Those That Wish To Exist

Pas facile de s’attaquer à la chronique du dernier album des ARCHITECTS, déjà parce qu’après leurs deux excellents disques précédents, le successeur est forcément très attendu, ensuite parce que nous allons être encore confrontés au débat « c’est toujours la même chose avec ces groupes, les morceaux se ressemblent trop », ou à l’inverse « les traîtres, ils deviennent novateurs ». Personnellement je m’en moque, si les nouveaux titres me parlent et font vibrer mon âme je serai aux anges. Après oui, vu la claque sonore que fût « Holy Hell » il y a de l’exigence dans mes attentes devant ce « For Those That Wish To Exist » qui pointe le bout de son nez.

Covidalypse oblige, ARCHITECTS a livré un concert il y a quelques mois dans un Royal Albert Hall désert. Lors de ce livestream aussi glacial que majestueux nous avons pu découvrir 3 titres du nouvel album. "Animal" a cette rage primale d’un "Hereafter". De riff et de cris, ou quand les sens se libèrent d’un maelstrom de plomb fondu. Un plaisir étant rarement solitaire, "Discourse Is Dead" envoie du bois et des riffs martelés tout en ménageant des breaks aux chœurs presque symphoniques. "Dead Butterflies" quant à lui crée la surprise avec un tempo intermédiaire, la voix de Sam Carter jouant presque intégralement dans le registre clair. Du metalcore progressif ? Manquait plus que ça diront les détracteurs. N’empêche que c’est bien emballé.

Les 3 titres sélectionnés en avant-première résument parfaitement ce nouvel album. Une alternance de morceaux couillus dans le plus pur style ARCHITECTS et des expérimentations electro qui ne feraient pas tâche sur un (bon) album de BRING ME THE HORIZON. "Black Lungs" s’étire à merveille autour des voix duales, ponctué de quelques charges de riffs bien lourds comme on les aime, on se croirait encore perdus dans les couloirs du Royal Albert Hall. Ca passe crème. Plus rythmé mais tout autant nimbé d’une aura electrocore "Giving Blood" s’apprivoise avec facilité. Pour "An Ordinary Extinction" ça se répète un peu.  Pas que ce soit mauvais, bien au contraire, on apprécie une rythmique aussi hypnotique qu’un serpent à sonnettes, les breaks sont peut-être juste un peu trop nombreux…

"Impermanence" offre une collaboration entre Sam et Winston "the gauloise voice" McCall. Le résultat est la hauteur des espérances que l’on peut attendre du chanteur de PARKWAY DRIVE, dantesque, chacun donnant de la profondeur au chant de l’autre. Autre duo, Mike Kerr de ROYAL BLOOD, sur un "Little Wonder" sympathique mais trop calme pour un groupe aux ailes énervées comme sait les déployer ARCHITECTS. En parlant d'ailes, "Flight Without Feathers" est un morceau atmosphérique qui ne m’a pas plus parlé qu’un bouillon d’orties tièdes.

"Libertine". Voilà un titre intelligent, dans le sens où son classicisme apparent reste porteur d’une charge émotionnelle dense. Le metalcore des ARCHITECTS y est beau et puissant, les guitares électrifiées font tout sauf de la figuration. Avec des morceaux guerriers tel que "Goliath" le bien nommé, qui marque le retour de hurlements magnifiques, un "Demi God" electro symphonique intriguant, ou encore "Meteor" aussi vivifiant qu’un bol d’air printanier (sans masque je précise) cet album explore beaucoup d’horizons.

« For Those That Wish To Exist » est un album très réussi et varié, mais un cran en deçà du monumental « Holy Hell ». Ce dernier rappelons-le avait une structure conceptuelle et cathartique. Oserais-je annoncer que le tout est trop abordable ? Peut-être. Mais attention, abordable ne veut pas dire bâclé. Les 15 titres sont bien construits, mais s'épanouissent indépendamment les uns des autres. Personnellement j’ai tout de même pris un pied fou. Ce sera à chacun de se faire son idée.

ARCHITECTS demeurent… des maîtres bâtisseurs du son.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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