On connaît Lars Are Nedland pour sa voix et son implication dans BORKNAGAR et SOLEFALD, mais sa créativité n'ayant pas de limites, il nous propose cette année un nouveau projet : WHITE VOID. Mélange entre rock et new wave, electro et metal, le premier album « Anti » est un véritable voyage dans un monde absurde et captivant. Il nous en parle avec passion et nous explique la base de la philosophie autour de WHITE VOID.
Peux-tu nous présenter ce nouveau projet qu'est WHITE VOID ?
Oui, WHITE VOID me permet d'expérimenter une musique que je ne peux pas vraiment jouer dans mes autres groupes. J'écris beaucoup de musique et à force, j'ai accumulé pas mal de choses qui ne vont ni dans BORKNAGAR, ni dans SOLEFALD. Quand je me suis rendu compte que j'avais plusieurs chansons prêtes, je me suis dit qu'il fallait que j'en fasse quelque chose. C'est comme ça que WHITE VOID a commencé. C'est aussi un hommage à ma passion pour le rock occulte des années 70 et de la new wave britannique des années 80. Un mélange entre BLUE ÖYSTER CULT et DURAN DURAN. D'ailleurs, quand on a voulu décrire la musique de WHITE VOID avec Nuclear Blast pour présenter le groupe, on s'est trouvé démunis ! Mais en fait, c'est du hard rock.
Ce n'est pas trop dur de te détacher de ce que tu as l'habitude de faire avec tes autres groupes ? De sortir de ta zone de confort ?
Non, au contraire, je me sens vraiment libre. Avec BORKNAGAR, par exemple, on a une ligne de conduite à tenir. C'est un groupe de black metal, même si la musique y est assez expérimentale. On se doit de cadrer dans ce style. Avec SOLEFALD, on fait de la pop, de la techno, du black, mais justement, la consistance de SOLEFALD vient de cet éclectisme. C'est une grande cour de récréation. Avec WHITE VOID, tout est naturel, tout est cool. Je n'ai aucune limite et aucune pression.
Est-ce que tu peux nous parler des musiciens de WHITE VOID ? Ils viennent tous d'horizons très différents, ce doit être vraiment intéressant de travailler avec toutes ces personnalités diverses, non ?
Oui, c'était une de mes priorités quand j'ai commencé à chercher des musiciens. Je ne voulais pas des gens de la scène metal exclusivement. Je ne voulais pas que WHITE VOID soit un groupe de metal. Il me fallait donc des musiciens d'horizons divers. Le premier à intégrer le groupe a été le guitariste (Eivind Marum). Je l'ai connu grâce à mon frère et il vient d'un univers blues rock. Il a écouté la démo que je lui ai proposée et il a en quelque sorte traduit les parties de guitare avec sa propre approche pour se les approprier. Il en fait quelque chose de très 70's. Le batteur (Tobias Solbakk) vient du metal car il joue avec Ihsahn, mais il a aussi un background jazz. Le bassiste, lui, (Vegard Kummen) vient de l'electro. Ils ont tous écouté ma démo et en ont fait vraiment quelque chose de spécial. Le résultat est vraiment différent de ce que j'avais écrit au départ, mais c'est exactement ce que je voulais. J'en suis très content.
"Je suis très intéressé par la philosophie et en particulier par la relation entre Sartre et l'existentialisme, Camus et l'absurde."
Tu penses continuer l'aventure avec eux par la suite, et peut-être même monter sur scène si la conjoncture le permet ?
Oui, oui tout à fait. WHITE VOID n'est pas seulement un projet parallèle. C'est un groupe à part entière. On est en train de négocier des concerts et des festivals auxquels on pourrait participer. Espérons qu'on pourra monter sur scène bientôt... mais je ne peux pas me plaindre de la situation car la pandémie a fait que j'ai pu terminer l'album de WHITE VOID. Nous étions censés faire 61 concerts avec BORKNAGAR qui ont tous été annulés, alors le temps gagné m'a permis d'enregistrer l'album. Ce fut un moment très créatif.
Que symbolise le nom du groupe, WHITE VOID ?
Là ça devient sérieux : je suis très intéressé par la philosophie et en particulier par la relation entre Sartre et l'existentialisme, Camus et l'absurde. Toutes ces philosophies ont un point commun : l'absurde. Le problème de l'absurde est la distance entre ce dont nous avons besoin en tant qu'être humain dans nos vies et ce que l'Univers nous donne. Cette distance est ce que j'appelle le vide blanc (white void). Le trou noir serait l'endroit d'où l'on vient avant de naître et où nous retournons après la mort. Le vide blanc est la même chose, mais de notre vivant. Le concept de l'album est une des directions de l'absurde, celle de Camus. C'est celle que je trouve la plus intéressante. Je me souviens du premier livre que j'ai lu de Camus : L'Etranger. C'est juste un livre incroyable. Il m'a ouvert les yeux sur la base de sa philosophie
Et peux-tu nous en dire plus à propos du titre de l'album, « Anti » ?
C'est un préfixe très intéressant. Il semble négatif mais en fait non car tout dépend de ce que tu mets après. Tout le concept de l'absurde réside dans le fait de prendre un terme et d'en faire le tour. "Anti" permet de faire le lien entre tous les sens d'un mot. En plus, "Anti" seul ne veut vraiment rien dire. On pourrait dire "je suis anti", "je suis contre"... oui mais contre quoi ? Ce peut être positif ou négatif. C'est assez complet. Et j'espère que les gens s'intéresseront à toute la consistance de l'album. Je sais que les gens qui écoutent du metal sont intelligents et je pense qu'ils comprendront le sens de ce que je veux apporter. Mais tout dans WHITE VOID est aussi construit pour que les auditeurs puissent écouter la musique sans avoir à se poser de questions, juste en buvant une bière.
"Tout le concept de l'absurde réside dans le fait de prendre un terme et d'en faire le tour. "Anti" permet de faire le lien entre tous les sens d'un mot."
La pochette de « Anti » est aussi pleine de sens. C'est une peinture à l'huile à l'origine, c'est ça ?
Oui, en effet. Quand j'ai commencé à chercher les dessins que je voulais utiliser pour la pochette de l'album, j'ai fait une liste de priorités. Et cette peinture de Jeremy Geddes qui s'appelle "Adrift" était la première sur la liste. J'ai toujours été très fan de son art. Cette image est vraiment une belle représentation de l'absurde je trouve. Je lui ai donc envoyé un mail en parlant du groupe, en lui expliquant le concept de WHITE VOID pour lui demander s'il serait d'accord pour que j'utilise son œuvre pour la pochette de l'album. Quelques semaines ont passé et je n'ai pas eu de réponse. Donc, j'ai décidé de renvoyer un mail pour demander s'il avait pris connaissance de ma demande. Et il m'a répondu immédiatement qu'il était très intéressé par l'idée. J'étais très content !
Est-ce que tu es content d'être signé chez Nuclear Blast pour cet album ?
Oh oui, bien sûr ! Ils sont si professionnels et ont une telle connaissance de la façon de promouvoir des albums que je trouve la collaboration fantastique. C'est une réelle opportunité pour moi. J'ai eu d'autres bonnes propositions de différents labels aussi, mais Nuclear Blast est vraiment un niveau au-dessus. Je veux que ma musique soit accessible à la plupart des gens, donc un label comme Nuclear Blast aide vraiment pour ça. En plus, je fais vraiment confiance aux gars de ce label, donc c'est un plus.
