
Les Franciliens CREEPING FEAR ne sont pas inconnus dans les rangs de la rédac’ puisque mon collègue Jérôme Sérignac avait succombé en son temps au death metal du gang avec « Onward To Apocalypse », paru en 2017. Sous le charme, celui-ci l’avait d’ailleurs qualifié en ces mots doux : « S’il fallait résumer en un seul mot ce disque, je paraphraserais le personnage de Hulk que l’on peut voir dans un jeu sur console nommé "Lego Marvel’s Super Heroes" : "DÉMOLITION !" ». Bonne nouvelle, fidèle à son entreprise de BTP option destruction totale, voilà le quatuor de retour avec un line-up remanié en profondeur puisque Paul et Théo, bassiste et batteur, ont tous deux intégré le groupe en 2019 suite aux défections de Guillaume et Gabriel.
Et le moins que l’on puisse dire c’est que ce line-up tout frais tout beau en a lui aussi sous la pédale. "Collapse" ouvre les débats sans fioritures à grands coups de mid-tempo taillés pour les pits ! Ouille. Avant que "Hate Crush Consume" et "Deceitful Tongues" ne plient le match avec leurs solos de folie et des envolées de double meurtrières : fast and furious ! Quoique "Hategod Triumph" et sa paire de riffs brutaux devrait faire l'affaire avant de dérouler le tapis rouge pour un "Wearing The Skin Of The Wicked" et "We Belong To The Crypts" à faire rugir les fans de la scène floridienne avec leurs rythmiques trempées dans l'acide chlorydrique. Et je ne vous pas parle du reste issu du même tonneau... c’est cadeau !
D’ailleurs le parallèle avec les monstres de Tampa, MORBID ANGEL et CANNIBAL CORPSE en tête de liste, est ici évident avec cette patte propre aux grosses pointures américaines qui pointe le bout de son nez sur chaque morceau, sur chaque solo déroulé, sur chaque break malicieux qui surgit là où l’on s’y attend le moins. L’exécution est limpide, même dans les passages plus speed que ne renieraient pas leurs compatriotes d’une lointaine époque, MASSACRA en tête de liste. Les mélodies sont également omniprésentes, distillées çà et là avec doigté, calées entre deux assauts rythmiques fracassants. Les deux guitaristes délivrent une partition de haute volée gorgée de riffs zig-zag dantesques, le bassiste est aux abois pendant que le batteur cogne sans relâche. Quant aux growls de Clément, ceux-ci sont parfaitement mis en place, avec juste ce qu’il faut de rugissement bestial pour terrifier l’auditeur : Satan l’habite... à tous les coups !
Oui CREEPING FEAR, du haut de sa décennie, maîtrise parfaitement son sujet. Tout comme cet artiste que l’on ne présente plus, Paolo Girardi, qui a toujours le chic pour mettre en images les coins les plus sombres de son esprit tourmenté avec cette pochette occulte à souhait. Le Dan Seagrave made in Ascoli a encore tapé en plein dans le mille avec cette illustration apocalyptique dressée comme une invitation à l’adoration d’un culte obscur, une main tendue qui n'a qu'un but : vous agripper pour mieux vous emmener dans les tréfonds sans résistance. Et pour parachever ce moment de sauvagerie, la production signée conjointement par Andrew Guillotin et Frédéric Gervais, enrichie par un mastering aux petits oignons signés Dan Swanö, a des allures de panzer qui dévaste tout sur son passage. A coup sûr, « Hategod Triumph » ravira une fois de plus les instincts les plus sauvages d’entre vous avec cet album saignant et sans chichis garanti 100% blasts frénétiques - riffs scie sauteuse. Cocoricooooooooo !