9 avril 2021, 18:15

CHEAP TRICK

Interview Robin Zander

Avec presque 50 ans de carrière au compteur, CHEAP TRICK a toujours su montrer une énergie monstrueuse et une passion sans faille pour la musique qu'il propose. Le groupe revient cette année avec son nouvel album, « In Another World », qui devrait ravir les fans de la première heure. Robin Zander, chanteur et leader, a répondu à nos questions avec humour et humilité.


Félicitations pour ce nouvel album qui a enthousiasmé notre rédaction. La première question qui me vient en tête, c'est qu'à l'écoute du disque, on ressent une énergie absolument incroyable. Quel a été le carburant que vous avez mis dans votre moteur pour parvenir à un résultat aussi spectaculaire ?
On a toujours été un groupe plein d'énergie et on aime ce que l'on fait. Nous sommes des musiciens qui aimons la musique, qui aimons jouer, enregistrer et encore plus partir en tournée. Contrairement à d'autres groupes de notre âge, nous faisons toujours des albums comme on les a toujours faits. C'est une réelle passion.

Fidèle à sa tradition, CHEAP TRICK a toujours été un dosage subtil de pur rock'n'roll, je dirais presque hard rock, et d'éléments punk et en même temps très pop et mélodiques. C'est votre griffe, votre marque de fabrique. Nous en avons discuté entre nous et parmi nos journalistes, certains vous ont connus à l'époque des premiers albums, de « In Color », « Heaven Tonight » et même « Dream Police » et ils m'ont dit, parce que je suis plus jeune, que ce nouveau disque leur a fait le même effet qu'au moment de la sortie de vos albums cultes de la fin des années 70-début 80.
Oui, cela vient peut-être du fait que notre guitariste Rick Nielsen  a écrit la plus grande partie de nos trois premiers albums, puis j'ai commencé à écrire aussi. Nous avons toujours été influencés par les années 60 et 70 : les BEATLES, les STONES, les KINKS, les WHO. Les années 70 étaient très colorées avec tous les éléments que tu as cités : de la mélodie, du punk-rock, du disco, du R'n'B, du pop-rock... On faisait partie de cette scène, c'est notre essence. Je pense qu'il est donc normal que tu ressentes toujours la même énergie aujourd'hui.

Le titre de l'album ,« In Another World », est-il une allusion à ce que nous traversons depuis un an – comme un souhait de vivre dans un autre monde – ou est-ce une coïncidence ?
C'est une coïncidence mais une bonne. Au début, le titre se référait plutôt à la politique de notre pays. Il y avait vraiment une division politique énorme que je n'avais jamais vue auparavant et cela a été très inspirant.

Quand on prend les premières années de l'histoire de CHEAP TRICK, Rick était l'unique compositeur sur disque, comme tu l'as précisé tout à l'heure, et puis, progressivement, au fil du temps, c'est devenu un processus totalement équilibré entre vous. Est-ce que vous avez néanmoins chacun un rôle ou chacun intervient plutôt avec ses idées et les chansons sont élaborées de manière collective, démocratique ?
C'est toujours différent. Parfois, il écrit tout de chez lui puis nous envoie ce qu'il a composé. Ou il écrit les chansons en studio car quelqu'un a suggéré des parties de guitares ou des accords. Pour en revenir aux premiers albums, j'y ai écrit des chansons aussi. Mais il est vrai que pendant les deux premières années, il a beaucoup composé donc on comptait sur lui. Aujourd'hui, c'est vraiment un effort collectif et comme on vit loin les uns des autres, on ne s'influence pas et surtout on ne s'embête pas !

Vous avez choisi "Light Up The Fire" comme premier single de ce disque, qui est foncièrement rock, bien méchant avec un solo complètement délirant comme Rick sait le faire. A une époque où les groupes à guitare et qui font des solos ne sont plus primés aux Grammy Awards et de moins en moins présents dans le top général du Billboard, c'est presque un acte militant !
Peut-être mais ce n'est pas intentionnel. Nous faisons ce que nous avons à faire et ce que nous aimons. On a toujours été comme ça. Mais c'est notre label qui a choisi le single, et c'est un très bon choix. Il est difficile pour nous de faire un choix de single car ce sont comme nos bébés : on n'a pas de préférence.

"On est venu chez vous dans les années 70. On faisait des tournées mondiales avec AC/DC à l'époque"


​Tu parlais tout à l'heure de l'ombre du groupe culte THE BEATLES qui n'est jamais très loin de vos mélodies et de votre goût pour les arrangements léchés (on se souvient d'ailleurs de votre album live hommage à Sgt. Pepper). Peut-on dire qu'il est et restera à jamais l'ultime influence qui a bouleversé votre destin de musiciens ?
Je ne dirais pas ça. C'est plus l'invasion britannique des années 60 qui nous influence. Toutes les formations dont je te parlais avec aussi Jeck Beck, LED ZEPPELIN, Jimi Hendrix.

En parlant d'influences... Il y a 4 ans, tu es apparu dans un clip de STEEL PANTHER pour une reprise de CHEAP TRICK, "She's Tight". De son côté, Rick (Nielsen) a été invité par Dave Grohl pour le film "Sound City" et "Sonic Highways". Comment expliques-tu que CHEAP TRICK, et toi en tant que chanteur, vous ayez exercé une telle influence sur les groupes de hard rock, de metal et même de pop-punk ? Vous avez sacrément marqué les esprits chez au moins deux générations complètes de musiciens américains.
C'est facile, tu les invites à boire une bière et le tour est joué ! Non, sincèrement je ne sais pas... ils ont simplement de très bons goûts musicaux ! Je suis très reconnaissant de leur admiration mais je pense que ce qu'ils aiment chez nous c'est plutôt notre attitude, notre énergie et pas seulement notre musique. Nous ne nous prenons pas trop au sérieux et je pense que c'est ce qu'ils aiment aussi chez nous.

Revenons à « In Another World », on est frappé aussi par les ambiances tellement différentes entre les titres, alors que l'album se tient parfaitement de manière homogène. Aucun rapport entre l'atmosphère d'un "Passing Through" et un "Boys & Girls & Rock N Roll" ou un "Quit Waking Me Up".
Les atmosphères viennent de notre producteur qui fait vraiment partie du groupe maintenant. On a vraiment confiance en lui.

Vous qui avez probablement sorti l'un des albums live les plus mythiques de l'histoire du rock, « At Budokan » en 1978, celui qui vous a révélé au monde entier, quel sentiment cela te fait-il, alors que tu as connu les tournées marathon, de voir l'impensable depuis un an : l'interruption quasi totale des concerts ?
Nous sommes très frustrés car cela fait un an qu'on n'est allé nulle part ! C'est vraiment très long et on a vraiment envie de venir vous voir en France, comme prévu depuis un moment. D'un autre côté, j'ai passé du bon temps à la maison, avec ma femme, ce qui est très appréciable aussi. Cela m'a aussi permis de composer de la musique. Heureusement, il y a des gens comme toi qui nous permettent de parler de l'album et le faire connaître aux gens malgré qu'on ne puisse pas encore le promouvoir live.


On a entendu parler d'un concert de CHEAP TRICK en France, si tout va bien cette année. Peux-tu m'expliquer comment un groupe de votre envergure a-t-il bien pu ne jamais jouer dans notre pays depuis 41 ans ?
On est venu chez vous dans les années 70. On faisait des tournées mondiales avec AC/DC à l'époque. Puis, en 1980 ou 1981, notre bassiste a quitté le groupe, ce qui nous a déstabilisé. On a pris une année sabbatique puis on a refait un album « One On One ». Il a vraiment bien marché grâce notamment au single "If You Want My Love" et avec notre nouveau bassiste Jon Brant, on est reparti en tournée. On a fait quelques festivals mais pas de tournée à proprement dit en France. Puis, comme personne ne réclamait notre venue, il n'y avait aucune raison pour que l'on revienne...

Tu te rappelles de ces trois dates en France en novembre 1980, avec ANGEL CITY en première partie ?
Oui, ANGEL CITY s'appelait THE ANGELS au départ. Ils avaient une chanson qui parlait du sud de la France ce que je trouvais assez drôle. Ils sont devenus de bons amis à nous. Le chanteur Bernard "Doc" Neeson est mort il y a quelques années.

Nous avons des fans de LYNYRD SKYNYRD qui avaient été époustouflés par votre prestation du titre "Gimme Back My Bullets" sur la vidéo live sortie par SKYNYRD il y a 5 ans, "One More For The Fans". Beaucoup ont été surpris de la connexion entre CHEAP TRICK et LYNYRD SKYNYRD. A quand remonte-t-elle et comment s'était faite cette collaboration hommage ?
Cela remonte à très longtemps, d'une tournée en commun. On s'est bien entendus avec les membres de LYNYRD SKYNYRD et la dernière fois qu'on a joué avec eux, ils nous ont donné à tous une guitare signée par tout le groupe. C'est génial de leur part. On a aussi le même management, ce qui aide. On a fait un concert de charité ensemble et on a décidé de faire cette chanson.

Dans 2 ans, CHEAP TRICK fêtera 50 ans de carrière. Un demi-siècle ! Aurais-tu imaginé cela à tes débuts ?
Bien sûr que non ! On ne s'attendait pas à être signé par un label mais on a toujours fait ce qu'on aimait faire et ça a fonctionné. Tant mieux pour nous car on adore ça !

Pour finir, si tu pouvais retourner dans le passé et murmurer quelque chose à l'oreille du jeune Robin Zander, que lui dirais-tu ?
Reste à la maison ! Non, je lui dirais : bonne chance ! Garde une énergie positive et tout ira bien pour toi !
 

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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