Bref rappel des faits : en décembre 2018 le soliste Pat O'Brien (ex-NEVERMORE et membre de CANNIBAL CORPSE depuis 1997) est victime d'hallucinations suite à l'absorption de substances illicites. Il fut retrouvé caché dans une maison du voisinage alors que la sienne (blindée d'armes à feu : fusils à pompe, semi-automatiques, pistolets et même explosifs et lance-flammes !) était en train de brûler. Son récit incohérent (une invasion alien) raconté à la police venue le congratuler lui vaudra évidemment un bref séjour en prison pour cambriolage et menace avec arme sur agent des forces de l'ordre.
Léger problème : la veille de son arrestation CANNIBAL CORPSE annonçait fièrement une tournée en première partie de SLAYER en compagnie de LAMB OF GOD et d'AMON AMARTH... Le genre de chose qui ne se refuse pas et s'annule encore moins !
Le résultat ne s'est pas fait attendre : le 18 janvier 2019 CANNIBAL CORPSE publie sur sa page Facebook un message laconique dans lequel il indique le nom du remplaçant de O'Brien : il s'agira d'Erik Rutan (HATE ETERNAL, ex-MORBID ANGEL...) qui a notamment produit plusieurs albums du groupe (en l'occurrence « Kill », « Evisceration Plague », « Torture » et le dernier en date « Red Before Black »). Rien de moins que LA plus grosse pointure du circuit death metal !
Juin 2020 : CANNIBAL CORPSE entre en studio pour enregistrer « Violence Unimagined », sa quinzième réalisation studio. Rutan est depuis février dernier devenu membre actif et à part entière, se substituant parfaitement à O'Brien tant en terme de composition (il a écrit 3 titres du nouvel album, paroles et musiques) qu'au niveau du soloing. Il suffit d'écouter ses remarquables contributions, plus expressives, plus claires aussi, et ce dès l'excellent "Murderous Rampage" qui introduit extrêmement brutalement l'album (peut-il en être autrement ?) pour s'en convaincre. Rutan est également producteur et au mixage de ce nouvel album.
Mis à part ce recrutement heureux qui dans une rubrique sportive passerait presque pour le transfert du siècle, CANNIBAL CORPSE demeure, imperturbable, ce qu'il est et a toujours été : un monstre sonore de dimension cyclopéenne que même les pires terreurs nocturnes de Lovecraft n'auraient pu imaginer, trop immense pour prendre conscience de la désolation qu'il sème sur son sillage (d'ailleurs ne tombez pas sur le riff principal du terrifiant "Inhumane Harvest" sous peine d'en perdre la raison !).
Un CANNIBAL CORPSE qui demeure fidèle à lui-même, à ses valeurs ? Ce n'est à priori une surprise pour personne ! A la limite si on voulait pinailler, on serait presque déçu de la pochette qui ne présente plus ces délicieuses tripailles d'antan offertes à la putréfaction avec des vers blancs dessus qui s'agitent joyeusement (miam !) au milieu de corps démembrés. On pourrait également se féliciter de la production de « Violence Unimagined », signée Rutan et Alan Douches au mastering, une des meilleures qu'ils n'aient jamais eu à ce jour (pour certains albums, c'était pas dur de faire mieux mais bon voilà c'est dit...). Pour le reste, la formule reste la même. Inchangée. Immuable. Monolithique. D'ailleurs c'est à se demander s'ils se sont un jour posé la question !
Dommage pour ceux qui attendaient de leur part un album acoustique de reprises country, ils devront patienter encore un peu...
