26 avril 2021, 19:20

KORN

"Monumental: A Streaming Event" @ Los Angeles (Stranger Things: The Drive-Into Experience)


D'un champ de maïs près de leur ville natale de Bakersfield au béton de L.A., KORN n'aura pas attendu la pandémie pour se produire sans public. En juin 2010, déjà, le groupe avait filmé The Encounter au milieu de nulle part, seulement entouré de l'équipe de tournage, pour promouvoir « Korn III: Remember Who You Are ». Onze ans plus tard, c'est à Los Angeles que l'on retrouve les cinq hommes sur le toit du site de l'attraction Stranger Things: The Drive-Into Experience, pour Monumental: A Streaming Event. Sans Demogorgon à l'horizon toutefois. 

Les temps ont bien changé en matière de live... Si on nous avait dit, il y a un an, que pendant une période indéterminée, la seule façon de suivre un concert, ce serait en direct de chez soi devant un écran, on aurait... quoi au fait ? Ricané ? Grincé des dents ? Envoyé balader l'imbécile qui racontait n'importe quoi ? Et pourtant... Après les annulations successives et les reports sine die des tournées et de tous les concerts tels qu'on les connaissait jusque-là, des "solutions" ont dû être trouvées par les groupes. C'est ainsi qu'est né, en cette époque hyper connectée, le livestream. Un concert à distance en direct auquel le fan a accès par écran interposé, moyennant finance. Ce qui est bien la moindre des choses, n'en déplaise à certains, les musiciens n'étant pas des philanthropes et ayant besoin, comme vous et moi, de gagner de l'argent pour vivre. Et ce ne sont pas les plates-formes de streaming qui risquent de les aider.

Précisons que, filmé de nuit, Monumental n'était toutefois pas en direct puisque, diffusé pour la première fois samedi 24 avril à 22h, heure française, il aurait donc débuté à 13h sur la côte-ouest, en plein jour. Mais il n'y a pas tromperie sur la marchandise puisque, d'une part, il est précisé "A Streaming Event", et qu'il faudrait être idiot pour s'arrêter à ce détail compte tenu de la qualité de la prestation et des images.
 


Capture Livestream


« Ce concert, pour moi, c'est comme quand tu es enfant et que tu mets des croix sur le calendrier en attendant Noël » confiait James "Munky" Shaffer, un des guitaristes, pendant le pré-show. Car comme leurs fans, les musiciens sont sevrés de live, eux qui ont donné leur dernier "vrai" concert le 1er mars 2020 à Fresno, en Californie. Alors, pour patienter, ils ont composé ce qui sera leur 14e réalisation, en attendant le jour où la vie "d'avant" reprendra son cours.

Au programme de Monumental, pas de best of, mais une set-list composée de titres de neuf des treize albums de KORN qui n'ont que rarement été joués en live. Il y a bien sûr "Cold" et "You'll Never Find Me", extraits de « The Nothing », dernier disque studio en date du groupe sorti en septembre 2019, "dans une autre vie" serait-on tenté de dire. Mais surtout, il y a des chansons qui avaient disparu du répertoire depuis des années : "Thoughtless" (pas joué en live depuis 2010), "Throw Me Away" et "Dirty" (plus interprétés depuis 2011), "Ball Tongue" (boudé depuis 2015) et l'énorme "Narcissistic Cannibal" (entendu pour la dernière fois sur scène en 2016). Parmi les bonnes surprises, citons également, dans le désordre, "Alone I Break", "Black Is The Soul", "Dirty" ou "Coming Undone".

Si seuls "Falling Away From Me" et "Freak On Leash" sont de véritables incontournables du répertoire de KORN ("Blind" figurait apparemment sur la set-list entraperçue pendant le pré-show, mais n'a pas été joué), à aucun moment on ne se dit que le groupe aurait pu ajouter quelques titres supplémentaires parmi les plus connus de sa longue carrière. Car la magie opère dès les premiers accords de "Victimized", qui ouvre le concert et n'avait jamais encore été joué en live. La prestation est – évidemment – intense, le son parfait, Jonathan Davis aussi à l'aise dans les passages les plus brutaux que dans la mélodie, Ray Luzier et Fieldy forgent une assise en béton armé, tandis que Head et Munky tissent leurs harmonies immédiatement identifiables sur leur 7-cordes.
 


Capture Livestream


Parfait écrin de leur musique, la scène est digne des plus grands festivals avec projections sur des écrans géants, jeux de lumière et, cerise sur le gâteau, la skyline de Downtown L.A. filmée par un drone. Et le montage, parfait, permet de suivre les musiciens au plus près. Mais rien de surprenant là-dedans, l'image étant pour eux aussi importante que la musique, témoins leurs splendides vidéos dignes de courts métrages.

De la sortie de « Korn » en 1994 à « The Nothing », KORN a encore et toujours prouvé son statut de leader incontesté, "créateur de tendance" pour reprendre une expression à la mode. Pas un vulgaire suiveur, comme le rappelait le titre en forme de clin d'œil « Follow The Leader », pierre angulaire de leur discographie sortie en 1998, et Monumental l'a rappelé avec cette prestation de haute volée. Sans doute le choix de "Here To Stay" pour clôturer le show n'était-il pas anodin. Car KORN est de ces groupes, comme RAGE AGAINST THE MACHINE ou SYSTEM OF A DOWN, qui ont marqué l'histoire du metal d'une empreinte indélébile. Si ce n'est qu'eux sont toujours en activité près de 30 ans après leur création et qu'ils sont toujours aussi pertinents et affûtés.
 


Capture Livestream


Seul petit reproche, la relative brièveté du set, 1h10… Dis, monsieur Davis, tu peux pas les faire un peu plus longs tes concerts ?

Avis aux retardataires : vous pouvez encore visionner Monumental jusqu'à mardi 28 avril à 6h59 en suivant ce lien. Après, il sera trop tard. A moins qu'un DVD/Bluray ne soit dans les tuyaux…

La set-list :

Here To Stay
Victimized
Cold
Insane
Falling Away From Me
You'll Never Find Me
Thoughtless
Coming Undone
Throw Me Away
Justin
Black Is The Soul
Freak On A Leash
Alone I Break
Dirty
Can You Hear Me
Ball Tongue
Narcissistic Cannibal

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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