14 mai 2021, 15:05

AKIAVEL

"Væ Victis"

Album : Væ Victis

Formé en 2018 dans le sud de la France, AKIAVEL connait une montée en puissance spectaculaire. Après un EP, le quatuor a enchainé sur un premier album. Intitulé « V », il était centré autour des cinq blessures de l'âme. Sorti à quelques semaines d'un premier confinement qui a mis le monde en pause forcée, « V » n'a pu être défendu sur scène. Qu'à cela ne tienne, au lieu de ronger son frein, nos quatre lascars se sont mis en mode écriture et composition (ce qui change de toutes les activités qu'on a pu faire dans cette période). De cette productivité naît un second album, intitulé « Væ Victis ».
AKIAVEL explore à nouveau la psychologie, cette fois-ci à travers les tueurs en série. Pas d'apologie du meurtre, loin de là, mais un vrai travail de profilage sur des éléments qui ont poussé le passage à l'acte, ainsi qu'un hommage aux victimes. Le travail d'écriture d'Auré, qui a beaucoup lu sur la question, s'apparente aux investigations des profilers et n'a rien à envier au duo de la série Mindhunter. Le motto de l'album est cité dans une chanson : tous les monstres sont humains. Tout amateur d'histoire criminelle reconnaitra certains criminels célèbres, tels Dennis Rader ("Bind Torture Kill"), Jeffrey Dahmer ("Zombie"), Albert Fish ("Needles From Hell"), Andreï Tchikatilo ("Comrade"), Aileen Wuornos ("The Lady Of Death"), Edgar Ramirez ("Pentagram Tattoo"), ou encore Ed Kemper ("Mommy I'm Capable"). Pour autant, bien qu'ils aient inspiré plusieurs chansons de groupes comme SLAYER, JUDAS PRIEST, SUFFOCATION, CANNIBAL CORPSE ou encore la totalité de l'oeuvre de MACABRE, chez AKIAVEL, un palier est franchi dans l'étude de la psychologie torturée de ces criminels. Par exemple, "Mommy I'm Capable" se concentre sur la relation toxique que Kemper nouait avec une mère haïssante jusqu'à la dispute qui va tout déclencher, et "Zombie" évoque les motivations obscures de Dahmer et ses expérimentations. Ce travail sur les paroles, on le retrouve aussi sur la musique, comme le furieux "Pentagram Tattoo" (titre le plus énervé de l'album, ce qui est raccord avec la personnalité sauvage et cruelle du tristement célèbre Ramirez, tueur aussi cruel et insaisissable) avec des phrases racontées à l'endroit et à l'envers pour faire un clin d'oeil aux histoires de messages sataniques subliminaux figurant sur certains disques lorsqu'on les passe à l'envers (Ramirez était un suppôt du Diable, dont il disait qu'il lui dictait de violer et de tuer).

Un soin qui s'inscrit dans la démarche musicale d'un groupe qui aime brouiller les pistes quant à son identité musicale. Si on peut aisément classer AKIAVEL comme groupe de death metal par rapport à sa rythmique rapide, son jeu de batterie véloce et l'impressionnant growl d'Auré, chanteuse qui a fait ses gammes en s'entrainant sur le CANNIBAL CORPSE de Chris Barnes (et qui, non seulement figure parmi les meilleures growleuses mais mettrait indubitablement plus d'un mec au tapis), mais ce serait réducteur puisqu'on retrouve çà et là des touches de hardcore, de black metal et d'un thrash bien groovy.
Un groupe qui allie toute la noirceur et la classe du death old-school des DEICIDE, OBITUARY, DEATH ou CANNIBAL CORPSE à une démarche résolument moderne. Alors que son prédécesseur montrait un quatuor d'une impressionnante maturité et d'un très grand savoir-faire, «Vae Victis» monte encore de plusieurs crans. Porté par le growl caverneux et puissant d'Auré qui, en plus, élargit sa palette, des murmures inquiétants en français sur "Matrimonial Advertisements" en passant par un chant clair du plus bel effet sur "The Lady of Death", les riffs assassins de Chris, la frappe d'un Butch qui allie puissance, technique, et variation de rythme ou de la basse monstrueuse de Jay, « Væ Victis » est un véritable travail d'orfèvre, une oeuvre aboutie, riche, complexe et passionnante. Introduit par l'excellent "Frozen Beauties", « Væ Victis » enchaîne pépites sur pépites pour au final s'imposer comme un des meilleurs albums de 2021 catégorie metal extrême. En trois ans, AKIAVEL s'impose déjà parmi les cadors du genre.

Blogger : Nikkö Larsson
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