19 mai 2021, 19:00

MOLYBARON

"The Mutiny"

Album : The Mutiny

« Tout vient à point à qui sait attendre », « Patience est mère de toutes les vertus », « La patience est la plus grande de toutes les prières », « Avec du temps et de la patience, on vient à bout de tout », « Mieux vaut tard que jamais », « C’est pas trop tôt, bordel ! »... Et ainsi de suite. Bref, il en aura fallu du temps et de la patience à MOLYBARON pour pouvoir enfin livrer son deuxième album, « The Mutiny », après son excellent premier disque, « Molybaron », sorti en format numérique en 2017, puis en CD en 2018. En effet, le quatuor parisien, toujours emmené par son leader irlandais, Gary Kelly (chant, guitare), a achevé ce second album depuis belle lurette. Ayant eu la chance de l’écouter depuis août 2019, je peux vous assurer qu’il me démangeait sérieusement de pouvoir enfin vous en parler comme il se doit.

La maturité dont fait preuve MOLYBARON sur « The Mutiny » est époustouflante. Deuxième album seulement mais quelle qualité d’écriture, quel sens de la mélodie qui fait mouche et quel indéniable talent pour composer des morceaux immédiatement attractifs. Le "son MOLYBARON", avec cette basse et ce groove inimitable sont encore là, évidemment, mais les musiciens (Steven Andre à la guitare, Sébastien de Saint-Angel à la basse et Aurélien Ouzoulias, qui a enregistré les parties de batterie, Camille Greneron n’étant pas encore été recruté à cette période), ont nettement durci le ton par rapport au précédent. Dès le premier titre, "Animals", une réflexion sur l’avidité du pouvoir, de l’argent et du profit à n’importe quel prix, on s’en prend clairement plein la gueule. La puissance de feu du groupe nous tient en haleine, et ne relâche jamais la pression. Même sur le plus doux "The Lighthouse", MOLYBARON fait preuve d’une belle maîtrise dans la montée en puissance. Et l’émotion est palpable dans chaque note.

Avoir choisi "Lucifer" comme tout premier single (paru en avril 2020) a été un choix très judicieux, tant ce morceau reflète à merveille l’ambiance et le contenu de « The Mutiny ». "Amongst The Boys And The Dead Flowers" sent bon les effluves des Terres irlandaises et semble droit sorti de la chaleur moite d’un pub. Seule "Prosperity Gospel", chanson qui traite des prédicateurs qui s’enrichissent sur la crédulité des gens, rappelle le premier album, et permet également de faire le lien entre l’ancien et le nouveau MOLYBARON. On pourrait presque considérer ce titre comme le "Send Me Your Money" (SUICIDAL TENDENCIES) de MOLYBARON, notamment pour le sujet abordé, mais aussi son groove bien présent.

"The Lighthouse", comme mentionné plus haut, est la plus douce de l’album, avec toutefois, une montée toute progressive et un point d’orgue avec son solo de guitare délectable. Rien à jeter sur « The Mutiny », tout est condensé et cependant extrêmement riche. Si vous pensiez que l’album allait continuer sur une note tranquille et paisible, bien mal vous en a pris ! "Slave To The Algorithm", qui parle de ces algorithmes pernicieux qui s’insinuent dans nos ordinateurs, téléphones portables et autre tablettes, afin de traquer le moindre de nos faits et gestes, est le morceau le plus brutal et rentre-dans-le-lard que le groupe ait jamais composé. Une bombe à l’état pur.

On poursuit l’écoute du CD (et les coups de poings en pleine face) avec l’un des titres les plus personnels écrit par Gary Kelly, l’excellentissime "Something For The Pain", qui traite de ces addictions qui nuisent à la santé (mentale et physique), et dont on n’arrive malheureusement pas à se défaire. Vaste sujet que l’on pourrait aborder un million de fois sans en avoir fait le tour, tant cela dépeint un état d’esprit très personnel, et tant les émotions qui en découlent dépendent de tout un chacun... "The Hand That Feeds" et "Twenty Four Hours", avec la participation de Whitfield Crane (UGLY KID JOE) poursuivent sur la même lancée, sans répit. Et pour la note finale, "Ordinary Madness" clôt ce superbe album sur une puissance et une charge émotionnelle supplémentaires. Que de progrès pour ce jeune groupe, en l'espace de quelques années, tant au niveau des compositions et du chant,  que de la maîtrise de ses instruments respectifs !  

MOLYBARON a fait un pas de géant, décuplant toute la force et la sensibilité déjà présentes sur le premier CD afin d’amener le groupe à un palier supérieur. Et quel palier ! On se doute que le travail n’a pas été facile, car pour vraiment sortir le meilleur de soi-même, il faut puiser au fond de ses réserves et suer sang et eau, mais au bout du compte, quelle satisfaction de parvenir au but recherché ! Quel sentiment de plénitude que d’atteindre le sommet de la montagne, car tout en haut, on se dépasse, on se sent serein, et bien plus fort aussi. Puisse MOLYBARON continuer sur ce chemin et tutoyer les étoiles, avec le même talent et le même instinct qui les guide. Et puisse le public lui donner toute la reconnaissance qu’il mérite.

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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