1 juin 2021, 17:43

FLOTSAM AND JETSAM

"Blood In The Water"

Album : Blood In The Water

Que de chemin parcouru depuis l'excellent et cultissime « Doomsday For The Deceiver » en 1986 pour  FLOTSAM AND JETSAM. Légendaire s'il en est, le groupe originaire de Phoenix, en Arizona, est aussi présenté comme "le groupe de metal le plus sous-estimé de la planète". Sera-t-il pour l'éternité une sorte de groupe maudit condamné à vivre dans l'ombre de son premier bassiste parti rejoindre METALLICA pour remplacer, l'irremplaçable, Cliff Burton ? Il est a craindre en effet qu'après quarante ans de carrière et un quatorzième album, FLOTSAM AND JETSAM gardera son statut. Toutefois, ils ne sont pas les seuls et qu'importe car leur héritage est certains.

Nous aurions pu penser que le treizième album « The End Of Chaos » sorti un an avant la pandémie se serait révélé être leur chant du cygne, mais il n'en est rien. Ils reviennent renforcés avec ce « Blood In The Water » dont se dégage une force et une rage digne d'un jeune groupe prêt à conquérir le monde. Si FLOTSAM AND JETSAM s'est refait une jeunesse avec l'arrivée du bassiste Bill Bodily en 2020 et du guitariste Steve Conley en 2014, le groupe conserve une identité forte puisque les cadres fondateurs que sont Eric A.K. au chant et Michael Gilbert à la guitare sont toujours là, rejoints en 2018 par l'expérimenté batteur Ken Mary.  
Comme l'a exprimé Michael Gilbert, le groupe avait investi tellement d'énergie dans « The End Of Chaos » qu'à l'arrivée de la pandémie, il se sentait un peu à sec. Néanmoins, l'impuissance devant la disparition d'amis et la frustration de ne pas pouvoir donner de concert s'est révélé salutaire pour FLOTSAM AND JETSAM et lui a donné un regain d'énergie.

C'est dans ce contexte qu'a vu le jour « Blood In The Water », un album agressif et colérique dans lequel les musiciens ont déversé toutes leurs émotions. Un album composé de 12 chansons que le groupe a eu beaucoup de mal à choisir car il n'avait pas l'impression d'avoir le moindre morceaux de remplissage. Il en résulte 55 minutes de musique sans concession.
Faisant suite à la pochette de « The End Of Chaos », on retrouve ici la mascotte, Flotzilla rodant tel un alligator dans les eaux sombres et sanglantes sur fond de coucher de soleil annonçant le crépuscule d'un monde en ruine. Une illustration parfaite pour ce « Blood In The Water »  et superbement réalisée par Andy Pilkington.

D'entrée, le titre "Blood In The Water" qui donne son nom à l’album, donne aussi le ton. La batterie impose un rythme effréné et les guitares, des riffs imparables, mais non dépourvu de mélodies notamment lors du refrain et des parties instrumentales. La voix puissante d'A.K. fait de ce morceau un hymne. Second extrait de l'album, la lyric-video propose une imagerie sans concession. Premier single extrait de l'album, "Burn The Sky", est un titre typiquement speed thrash metal. Dans le clip-vidéo, les membres du groupe apparaissent dans une forêt calcinée où certains arbres sont encore en feu. On ne peut s'empêcher alors de se souvenir de ces images apocalyptiques du ciel de Californie rougi par les immenses incendies incontrôlables qui ont ravagé l'état de la côte ouest des États-Unis d'Amérique.
Un must. Avec "Brace For Impact", le rouleau compresseur ne faiblit pas et le refrain est un hymne que l'on imagine bien faire perdre la tête à un public survolté qui tôt ou tard reviendra voir ses idoles. Si "A Place To Die" ralentit un peu le tempo, il n'en demeure pas moins un morceau percutant avec un refrain entraînant. Construit sur un rythme de batterie toujours puissant, "The Walls" commence par un solo de guitare avant de laisser place à une ligne de chant qui n'est pas sans rappeler celles de Bruce Dickinson. Instant de mélancolie, "Cry For The Dead" fait écho au propos de Michael Gilbert au sujets de leurs amis perdus l'an dernier, emportés par la pandémie. Le refrain quant à lui est un cri qui extériorise la frustration, la douleur et l'impuissance que tout être humain peut ressentir dans ces circonstances. Pas du genre à s'apitoyer, "The Wicked Hour" relance le rouleau compresseur de la révolte. Bien que cette chanson soit un peu en dessous des précédentes, le refrain est imparable et en fait un titre très plaisant.

Introduit par un riff aux intonations orientales, "Too Many Lives" démarre rapidement sur un rythme rapide imposé par la batterie. Avec "Grey Dragon", l'intensité augmente d'un cran. Un rythme de batterie ultra rapide et des riffs de guitare qui ne sont pas en reste pour emmener les couplets vers un refrain soutenu par des chœurs aux envolées lyriques. "Reaggression" permet de comprendre le groupe quand il exprime la difficulté qu'il a eu pour sélectionner les titres de ce nouvel album. Ce n'est donc pas un hasard si ce dixième titre n'est pas le dernier et qu'en l'écoutant vous en demandiez encore. "Undone" propose des couplets efficaces sur lesquels le rythme un peu plus lent met plus en avant la voix de A.K., même s'il est important de souligner que la présence du chanteur est bien réelle tout au long de l'album et aussi, un atout incontestable ! De manière assez inattendue, les chœurs qui précèdent le refrain de "Seven Seconds 'Til The End Of The World" rappellent certaines lignes vocales d'ANATHEMA. Bien que la batterie continue à marteler, le rythme un peu moins soutenu de ce dernier morceau permet une sorte d'atterrissage en douceur.

Le fan de metal qui aura grandi dans les années 80 ne peut passer à côté de cet album. On touche ici à la quintessence du genre. Il est bon de voir qu'après tant d'année ce genre de musique puisse encore sortir des albums d'une telle facture sans que cela donne l'impression d'être réchauffé. Que ce soit, un groupe comme FLOTSAM AND JETSAM qui le réalise est aussi plus qu'agréable car cela montre que la maturité permet d'atteindre une forme de perfection. Un album a écouter sans modération quelque soit votre âge.

Blogger : Bruno Cuvelier
Au sujet de l'auteur
Bruno Cuvelier
Son intérêt pour le hard rock est né en 1980 avec "Back In Black". Rapidement, il explore le heavy metal et ses ramifications qui l’amèneront à devenir fan de METALLICA jusqu'au "Black Album". Anti-conformiste et novateur, le groupe représente à ses yeux une excellente synthèse de tous les styles de metal qui foisonnent à cette époque. En parallèle, c'est aussi la découverte des salles de concert et des festivals qui le passionnent. L'arrivée d'Anneke van Giersbergen au sein de THE GATHERING en 1995 marquera une étape importante dans son parcours, puisqu'il suit leurs carrières respectives depuis lors. En 2014, il crée une communauté internationale de fans avant que leur retour sur scène en juin 2018 ne l'amène à rejoindre HARD FORCE. Occasionnellement animateur radio, il aime voyager et faire partager sa passion pour la musique.
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