31 mai 2021, 21:03

CALIBAN

"Zeitgeister"

Album : Zeitgeister

Parmi les boss de la scène metalcore les allemands n’ont jamais été en reste. Faut dire que surfer sur de gros riffs roulant telles des vagues furieuses, les cousins germains ça les connaît depuis les âges canoniques du heavy metal, où ACCEPT, KREATOR et consorts nous déversaient déjà du plomb fondu dans les esgourdes. La jeune génération a changé la forme, pas le fond. Vous connaissez HEAVEN SHALL BURN ou ANY GIVEN DAY. Si vous êtes chanceux vous avez suivi la carrière prolifique de CALIBAN, un groupe qui comme ses pairs fait plus dans la dentelle d’acier que celle de Calais !

Après l’excellent « Elements », CALIBAN nous offre « Zeitgeister ». Esprit du temps. Il s’agit d’un best-of des classiques du groupe, revisités à la langue teutonne. L’idée a germé après l’accueil favorable à la reprise du "Sonne" de RAMMSTEIN. "Trauma" attaque bien fort. Quelques hurlements gutturaux en mode j’ai bouffé des oursins au PDJ, puis les bondissements metalcore des guitares, mais pas que. Une structure neo-metal sur laquelle glisse un slam, des cris sur les riffs. Le chanteur Matthi de NASTY en invité excelle dans son duo antinomique avec Andreas Dörner. En voilà un titre qui éveille direct notre curiosité !

"Herz" a-t’il autant de cœur que Rodrigue ? Niveau ampleur dramaturgique on est dans le ton, des claviers et des chœurs résonnent au loin, la rythmique arrive par rouleaux, appuyés par les guitares qui finissent par s’élever... tiens ça me fait penser à du ARCHITECTS. « Holly Hell » en allemand se dirait-il CALIBAN ? "Ausbruch nach Innen". Epidémie vers l'intérieur. En 2021 c’est tout sauf de la science-fiction. Riffs incisifs et batterie martelée, classique et efficace. L’histoire d’un gars prisonnier de son corps, qui se débat pour sortir de la paralysie du coma et crie d’une voix sépulcrale. Du metalcorps en somme...

"Feuer, zieh' mit mir". La langue allemande dans toute sa poésie se prête à merveille aux riffs rugueux et à la voix abrasive d'Andreas Dörner. Les fans du genre s’interrogeront sur la quasi absence jusqu’à cet album de chants en langue barbare pour leurs fracassage de nuques. C’est chose faite à présent. "Nichts ist für immer". Plus posé que les titres précédents. Quelques gouttes d’electro dans le verre de schnaps brûlant. Une alchimie qui me rappelle OOMPH ! Bien sympa cette composition au rythme accrocheur. "Intoleranz", une coulée metal-indus qui martèle en plein core. C’est marrant, l’allemand serait-il fédérateur des genres ? "Mein Inferno" est comme une transition entre les morceaux précédents et le grand final, l'inédit "nICHts". Négation subtile de "ich", le "je" allemand. Etre ou ne pas être, ou plutôt braire ou ne pas braire dans la gorge du frontman de CALIBAN. Riffs chaud et rythme martial, chants mi growl mi limpide, du clair-obscur. La dualité du metalcore, beauté dans la sombritude.

CALIBAN réussit un disque des plus intéressant, avec l’originalité de ses compositions moulinées à la sauce Germaine (attention ce n’est pas du mère Michel !). Franchement la grande classe.
Comme on dit de l’autre côté du Rhin : « Sehr Gut, sehr Goethe ! » (Très bon, très Goethe !)

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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