Auréolé de son statut de précurseur du death metal en Europe avec son premier album, « Malleus Maleficarum » paru en 1988, PESTILENCE en est naturellement devenu l’un de ses leaders quelques années plus tard avec ce qui est considéré comme son œuvre la plus aboutie : « Testimony of the Ancients ». Une synthèse idéale qui mariait à merveille brutalité maîtrisée et mélodies de toute beauté, envolées guitaristiques et parties progressives toutes en nuances. Et même si celui-ci constituait alors le point culminant d’une discographie déjà pointue, nombre de ses albums comme le barré « Spheres » ou le cultissime « Consuming Impulse » ont eux aussi chacun révélé une aptitude certaine dans l’art de la composition qui tue. Ce qui contraste d’autant plus avec une deuxième partie de carrière qui n’a pas laissé grand-chose à la postérité. Dont acte.
Toujours fidèle à un death technique et musclé, la bande à Patrick Mameli vient ici effacer d’un revers de perfecto les performances moyennes exécutées sur ses quatre albums des années 2000 avec un certain brio. Plus brutal, plus direct, plus technique tout en étant plus progressif, « Exitivm » est un concentré du talent incontestable des Néerlandais, qui se plaisent à distiller ce qu’ils savent faire de mieux : vocalises « Van Druniennes », basse redoutable, riffs complexes et méticuleux qui ne rechignent pas à laisser la place à de bons gros blocs rythmiques plus compacts et surtout une batterie menée de main de maître par Michiel Van Der Pflicht. Ce dernier, vieux routard ayant traîné sa bosse chez GOD DETHRONED, DETONATION et PROSTITUTE DISFIGURMENT délivre d’ailleurs une partition impeccable. Le tout est enrobé dans une production de haute volée signée Jory Hogeveen qui a sublimé ces douze morceaux avec doigté, de l’enregistrement jusqu’au mastering. Une main de fer dans un gant de velours....
PESTILENCE a donc retrouvé son inspiration, qu’on se le dise : quelques breaks astucieux disséminés ci et là, le tout lardé de changements de rythmes à vous rendre fada. Mais cet assemblage de parties toutes plus savoureuses les unes que les autres est résolument cohérent. D'une fluidité remarquable, si bien que l'exercice de style ne vire jamais à la démonstration stérile. Bien au contraire, ces trente-neuf minutes où résonnent à l’unisson des guitares lourdes, écrasantes, honorant des tempos majestueusement ciselés de riffs haut de gamme sont un pur bonheur. Alors que sur son album précédent,« Hadeon », on pouvait pressentir une baisse d’inspiration, PESTILENCE déroule ici avec classe les ingrédients d’une recette qui ravira petits et grands amateurs de death metal. Chapeau bas Patrick !