23 juin 2021, 19:35

HAUNT

"Beautiful Distraction"

Album : Beautiful Distraction

Avec son évolution et des sous-genres récents absolument inécoutables, des mariages de saveur atroces (coucou le trap metal qui est probablement une des pires merdes inventées avec la tektonik) et je ne mentionne même pas les actualités extra-musicales récentes, j'en viens à me poser des questions, douter et me demander ce qui me fait aimer à ce point le metal et avec convictions. Et puis « Beautiful Distraction », dès les premières secondes, m'apporte les réponses. Dès l'intro du premier morceau, "Beautiful Distraction", ça sonne comme une évidence : rarement un genre ne me mettra les poils comme ça.

Dans un paysage peu reluisant qui annonce un avenir difficile pour un genre qui a plus de 50 ans et où des mariages douteux s'opèrent de plus en plus sous couvert de modernité, HAUNT préfère s'ancrer dans le passé, sans pour autant être dans un trip qu'on peut qualifier d'opportuniste qui consisterait à surfer sur la vague 80's juste dans un délire marketing. Derrière HAUNT se cache Trevor William Church, fils de Bill Church qui a fait de la basse pour Sammy Hagar. Tout porte donc à croire que le monsieur a écouté pas mal de hard rock et de metal old-school dans sa jeunesse, et sa musique transpire la sincérité. Church est un stakhanoviste du metal, un mec qui a un groupe de doom, BEASTMAKER, en plus de HAUNT, son side-project, ce qui ne l'empêche pas de livrer des pelletées de galettes dans un groupe comme l'autre. En 4 ans, HAUNT a sorti la bagatelle de 6 (!!!) albums, sans sacrifier à la qualité. Déjà, le précédent « Flashback » (3e album de HAUNT sorti en 2020) était excellent, mais « Beautiful Distraction » est encore plusieurs crans au-dessus. Un heavy canal historique simple et efficace, ultra riffu, condensé de bombinettes tubesques en diable. Les nappes de claviers façon synthwaves sont assez discrètes et amènent un petit plus de profondeur (qui l'eut cru, vu le peu de passion que j'accorde au synthés). Les refrains claquent, tout comme les soli de 6 cordes magistraux. Il suffit d'écouter "Beautiful Distraction", "In Our Dreams" ou encore "Fortune’s Wheel" (avec son superbe effet sur le solo et sa guitare électrique mise en superposition dans le mix) pour s'en convaincre. "Face Of Danger" donnera à quiconque qui l'écoute l'envie de rechausser ses vieilles Converse, enfiler une battle-jacket et d'aller à la salle d'arcade du coin en skate. L'espace d'un instant, on se sent dans la B.O. d'un des actioners qu'on chérissait, aux côtés de mecs qui font les fondus en avion de chasse ou partait dans la jungle se faire défoncer par un extra-terrestre rasta. Le temps d'un morceau, on se sent invincible et on a envie de se surnommer "Danger" comme les mecs qui nous faisaient tripper à l'écran. Et ça continue avec un lot de tueries immédiates aux mélodies imparables : "Sea Of Dreams", "Keeping Watch" ou encore l’épique "Imaginary Borders", en tout 8 pépites heavy auxquelles on rajoute "Hearts Of Fire" et "It’s In My Hands", issus respectivement des albums « Mind Freeze » et « If Icarus Could Fly » .

Bref, HAUNT signe avec « Beautiful Distraction » une nouvelle madeleine de Proust en état de grâce. Une friandise électrique, endiablée, catchy qui colle la banane. Une musique certes pas révolutionnaire (et qui ne cherche pas à l'être) mais d'une efficacité imparable. Le genre d'album qui donne envie de ne plus se poser de question, et de tracer la route en secouant la nuque.

Blogger : Nikkö Larsson
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