Trois ans après le très réussi « To Drink From The Night Itself », les death metalleux de AT THE GATES reviennent avec un album qui repousse encore plus loin les horizons musicaux explorés par le groupe. En effet, alors que les Suédois ont toujours été à la pointe de l'innovation, « The Nightmare Of Being » se montre expérimental et aventurier, tant au niveau de la musique que des textes. Les 10 titres se veulent comme une introspection basée sur la philosophie du pessimisme telle que la décrit Thomas Ligotti dans son œuvre et ce sont donc 45 minutes d'un death mélodique parfois brutal, parfois très progressif qui en feront la bande son.
Dès l'intro de "Spectre Of Extinction" à la guitare acoustique suivie de riffs mélodieux, on se plonge dans un album d'une grande richesse. Le rythme se fait en suite rapide et les guitares tranchantes. La voix reconnaissable entre mille de Tomas Lindberg nous rappelant bien sûr qu'AT THE GATES fait du death, et du bon. Un morceau très fédérateur et entêtant. "The Paradox" est bien plus vindicatif et mise sur des riffs cinglants, avec tout de même quelques petites touches de piano et des chœurs disparates. Le solo est intense et captivant. "The Nightmare Of Being" commence par beaucoup de mélodie et une voix parlée avant de rentrer dans le vif du sujet, le fil rouge de l'album : le pessimisme. A bien distinguer toutefois du fatalisme, selon les dires même du chanteur.
La pierre angulaire de « The Nightmare Of Being », le morceau autour duquel ont été fondés tous les autres, se nomme "Garden Of Cyrus" et c'est grâce à celui-ci que l'on découvre toute l'envie d'expérimentation d'AT THE GATES. Un titre tout en progressivité, mid-tempo, mélodique et avec l'apparition de passages improvisés au saxophone. Une touche jazzy, chaude et envoûtante, sur des claviers hyper atmosphériques. Une perle, un joyau dans son écrin, d'une incroyable efficacité. "Touched By The White Hands Of Death" commence de façon très orchestrale avec des sons de clarinette, de cuivres et des claviers dramatiques avant de poursuivre sur un death typiquement AT THE GATES. A l'instar de "The Fall Into Time", un peu sur le même modèle, avec en plus des chœurs religieux pour camper une atmosphère encore plus solennelle. "Cult Of Salvation" offre un death metal mélodique efficace là où "The Abstract Enthroned" blaste tout sur son passage. "Cosmic Pessimism" revêt à nouveau un côté progressif avec la voix parlée de "Tompa" et des riffs très groovy pour ensuite monter tout en puissance. Enfin, "Eternal Winter Of Reason" clôture « The Nightmare Of Being » sur un rythme intense, des envolées de guitare très mélodiques et une puissance maîtrisée. Tout en nuances et presque en finesse. On parle de death metal tout de même !
Avec « The Nightmare Of Being », AT THE GATES montre qu'il est possible de réaliser 30 ans de carrière et sept albums sans jamais se répéter mais au contraire, en allant explorer toujours plus loin les territoires musicaux. Tout cela sans laisser un seul fan au bord de la route, tant la qualité de l'aventure vantée est au rendez-vous à chaque fois. Plus qu'un album, il s'agit là d'une véritable œuvre musicale profonde, fouillée, intelligente mais intensément death. Un must !