12 août 2021, 12:00

METALLICA

"Metallica" (1991 - Rétro-chronique)

Album : Metallica

Nous sommes (déjà) en 2021 et cet album fête ses... 30 ans !

Bon, on va mettre les choses au clair tout de suite, hors de question pour cette rétro-chronique de cliver à nouveau les pour et les contre de cet album de METALLICA, paru le 12 août 1991. Les « ouais, METALLICA c’est des vendus depuis "Fade To Black" en 1984 », passez votre chemin, prenez à gauche puis tout droit sans vous arrêter pendant 1000 kilomètres. Ne vous en déplaise, le groupe est devenu ce qu’il est aujourd’hui grâce à ce disque, et non pas par le biais combiné de ses quatre premiers forfaits discographiques, bien que ceux-ci soient à tout jamais des tables de loi pour tous les métalleux qui se respectent (et qui respectent le choix des autres). Eh oui, on peut aimer « Kill ‘Em All » tout autant que « Metallica » et ce, sans en éprouver la moindre gêne ou honte. Personnellement, j’adore CINDERELLA et MAYHEM, difficile de faire plus éloigné en termes de genre, non ? Alors pour tous ceux qui ont cliqué sur ce lien et qui sont toujours en train de lire ceci, continuons ensemble dans la joie et l’allégresse cette petite virée nostalgique sur le, oui !, plus grand album des Four Horsemen.

L’aventure « Metallica » prend sa source en 1989 alors que le groupe poursuit son "Damaged Justice Tour" et que le batteur Lars Ulrich est impressionné par ce qu’il entend en écoutant le « Dr. Feelgood » de MÖTLEY CRÜE. En effet, leur disque est produit par Bob Rock, un nom déjà bien connu dans le milieu, lui qui a poussé les boutons pour AEROSMITH, BON JOVI, THE CULT, David Lee Roth et bien d’autres encore. Il conférera à l’album un son massif, à mille lieues de celui de « …And Justice For All », sec comme un coup de trique et, c’est le moins que l’on puisse dire, dépourvu d’artifices. Le producteur encourage le groupe à composer et jouer ensemble, l’exact contraire de ce qui avait alors cours jusque-là. Loin d’être une partie de plaisir, METALLICA et Bob Rock entrent plusieurs fois en conflit durant l’enregistrement et le producteur déclarera qu’à l’époque, cela ne lui a pas laissé un souvenir impérissable pour sa première fois en leur compagnie (on peut entrapercevoir cela dans la vidéo « A Year And A Half In The Life Of Metallica » ainsi que sur le DVD de l’excellente série Classic Albums consacré au disque). Bilan des courses : trois mixages différents et une note de frais s’élevant au final à 1 million de dollars. Mais le résultat comblera au-delà de toutes les attentes et contentera plus que de raison le portefeuille d’Elektra Records, leur maison de disques aux Etats-Unis.



​Côté écriture, difficile de faire compositions plus longues que celles que l’on trouve sur « …And Justice For All ». Alors, pour la faire (plus) court, METALLICA entend cette fois se la jouer bref et concis, toutes proportions gardées cependant, avec quatre chansons dépassant les 6mn. Premier titre écrit et dernier à bénéficier de paroles lors du processus d’enregistrement, "Enter Sandman" ouvre le bal non sans avoir été présenté au monde en tant que single quelques jours auparavant. Et là, ce fut le drame. Pour certains. Pas pour tous. La majorité par ailleurs, fort heureusement. C’est un nouveau METALLICA que l’on entend et l’on y distingue même très nettement la basse de Jason Newsted. Lourde comme le plomb, "Sad But True" de transformer l’essai avant que "Holier Than Thou" enfonce le clou. Jusqu’ici, c’est un véritable séisme sonore que les cavaliers de l’Apocalypse assènent à leurs fans et la bride se voit un peu retenue alors que retentissent les premiers accords de "The Unforgiven", l’une des deux über ballades que l’on trouve sur le disque. La salve suivante, composée dans l’ordre de "Wherever I May Roam" (qui éclaire sur la vie de dingue en tournée), "Don’t Tread On Me" et "Through The Never" ne laisse aucun répit, se veut un triptyque imparable et à cet instant... rien d’autre ne compte. En parlant de ça d’ailleurs, que pourrait-on encore dire sur "Nothing Else Matters", l’autre malédiction de ce « Metallica » (la première étant "Enter Sandman", en faisant ainsi les deux morceaux que le groupe est dans l’obligation de jouer à chaque concert depuis trente ans maintenant) ? Si James Hetfield a déjà fait preuve de sensibilité sur "Fade To Black", écrite en écho au vol du matériel du groupe à Boston en janvier 1984, il se met ici véritablement à nu, extrêmement gêné par ailleurs d’avoir à le faire devant ses collègues, une surprenante timidité qui est en contraste total avec l’imposant frontman qu’il est sur scène et l’apparente assurance qu’il dégage. Tant vocalement que musicalement, cette chanson constitue la plus grosse prise de risque de leur carrière à l’époque, James se chargeant même du solo, excellent au demeurant et faits assez rare pour être souligné (il l’avait fait auparavant sur l’un des soli de "Master Of Puppets" en 1986).

Pour le quatuor de fin, "The God That Failed" s’attarde une fois de plus sur le terrain de la religion, sujet sensible pour le moins aux yeux d’Hetfield, qui a perdu sa mère victime de ses "croyances". Quant à "My Friend Of Misery" et sa géniale intro à la basse, il était prévu initialement que ce soit un titre instrumental, chaque album jusque-là en renfermant un, sauf que non au final. A l’arrivée, METALLICA aura, pour assurer la promotion de celui que l’on connaît et que l’on nomme plus communément « Black Album », sorti six singles (cinq si l’on ne tient pas compte de "Don’t Tread On Me", morceau mis à disposition des stations de radio mais non paru dans le commerce). Afin d’emballer le tout, la sobriété est de mise avec une pochette entièrement noire, exception faite d’un serpent à sonnettes et du logo du groupe, tous deux en noir "plus clair". Ce serpent est l’emblème que l’on trouve sur le Gladsden flag, drapeau dont les origines remontent à la guerre d’indépendance des Etats-Unis et sur lequel figure l’avertissement suivant : « Don’t tread on me » (en V.F. et en bref, « Me fais pas chier »). Un visuel plutôt controversé, étant souvent en lien avec la NRA (National Rifle Association), dont la principale activité est de protéger le droit de posséder et de porter des armes. Ce qui n’étonnera pas grand monde au final, James Hetfield étant un fervent défenseur de la cause et un chasseur assumé.

Et la tournée dans tout ça ? Les tournées même, car METALLICA étalera les concerts en support de ce disque sur quatre ans, entre 1991 et 1994. Cette première année est l’occasion pour lui de participer pour la quatrième fois au festival Monsters Of Rock, dont le point culminant a lieu à Moscou le 28 septembre 1991 où le public présent est estimé entre 150 000 et 500 000 personnes, alors que la réalité oscille plutôt autour des 1,5 millions personnes ! Se poursuivant en 1992, le "Wherever We May Roam Tour" est interrompu par une série de dates en stades données en compagnie de GUNS N’ ROSES, l’association des deux géants du moment faisant s’envoler les ventes de billets (et d’albums par la même occasion). Les fans auront une énorme frayeur lors de l’accident pyrotechnique qui survient au début de "Fade To Black", alors que le concert de Montréal n’en était qu’à sa moitié, occasionnant à Hetfield de sérieuses brûlures, l’obligeant à être transporté d’urgence à l’hôpital. Autre moment fort de cette année 1992, la participation du groupe au concert-hommage à Freddie Mercury où James se fend, en plus de titres avec METALLICA, du morceau "Stone Cold Crazy" en compagnie du guitariste Tony Iommi (BLACK SABBATH) – l’une de ses idoles en passant – et des membres restants de QUEEN. Un morceau repris par le groupe et qui figure en face B du single "Enter Sandman". En 1993, c’est à Mexico, durant le "Nowhere Else To Roam Tour", que sont enregistrés les concerts que l’on retrouve en CD dans le coffret « Live Shit: Binge & Purge » (le DVD des concerts de San Diego dans ce même coffret ayant été capté en 1992). Une halte rapportée comme étant le lieu de rencontre entre le groupe et Robert Trujillo, alors bassiste de SUICIDAL TENDENCIES et INFECTIOUS GROOVES et qui rejoindra le groupe en 2003. A noter que Jason Newsted continue à s’en donner à cœur joie lorsque sont joués les classiques que sont "Creeping Death" et "Whiplash", lui permettant de pousser un brin la chansonnette. Enfin en 1994, le "Shit Hits The Sheds Tour" permet à METALLICA de se retrouver à l’affiche d’une nouvelle édition du mythique festival Woodstock avec une prestation donnée devant près de 350 000 spectateurs juste avant AEROSMITH, l’un des groupes préférés de James. Au total et sur ces quatre années, le quatuor d’hommes en noir aura donné plus de 350 concerts en tout et pour tout. Un chiffre hallucinant, d’autant plus si l’on prend en compte que ces shows duraient pour la plupart entre 2h30 et 3h. « And the road becomes my bride… »

Comme d’habitude, pas question de terminer sans vous rappeler quelques chiffres qui, ici, donnent le tournis et témoignent là encore du gigantisme que représente « Metallica » à ce jour. L’album s’est ainsi classé numéro 1 dans près d’une dizaine de pays (la France ne les verra grimper qu’à la 53e place des ventes, l’exception culturelle française encore une fois...) et il s’en est vendu à ce jour plus de 24 millions d’exemplaires. Réédité plusieurs fois, ses 30 ans seront célébrés en grande pompe le 10 septembre prochain avec la sortie d’un coffret roboratif et d’une compilation de 53 chansons du groupe reprises par diverses formations, intitulée « The Metallica Blacklist ».

Pour aller plus loin :
« Kill ‘Em All » (1983)
« Ride The Lightning » (1984)
« Master Of Puppets » (1986)
« ...And Justice For All » (1988)

Pour aller encore plus loin :
« Load » (1996)
« Reload » (1997)
« St. Anger » (2003)
« Death Magnetic » (2008)
« Hardwired... To Self-Destruct » (2016)

Pour aller vraiment très très loin (trop loin ?) :
« Lulu » (de Lou Reed - 2011)


Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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