15 août 2021, 11:36

Harley Flanagan

"Life On My Own" aux éditions Camion Blanc

Une biographie façon fureur de vivre ? Voilà ce que l'on découvre en dévorant Life On My Own de Harley Flanagan, le fondateur des légendaires CRO-MAGS. Un groupe que je résumais jusqu’alors à leur légendaires titres furieux et au faciès hargneux du bassiste Harley. Il est temps de réparer ce tort car CRO-MAGS, c’est avant tout l’incroyable épopée d’un homme à l’origine d’un genre musical unique., le hardcore.

Certains artistes doivent mythonner pour construire leur légende. Harley, en toute simplicité et humilité nous livre 700 pages de rock et de chaos à faire frémir même les plus endurcis. Cette biographie peut faire passer Nikki Sixx pour un enfant de chœur, c’est dire. Nous traversons le dernier tiers du vingtième siècle, véritable récit ethnographique d’une époque et d’une ville : Il était une fois New York. New York la marginale, la punk. Dans un contexte de décrépitude totale, la grande pomme des années 70 est alors pourrie jusqu’aux pépins par le crime et la dope, nous assistons à la métamorphose de Harley, enfant hors normes et globe-trotter, fils de l'ère beatnik et hippie, baptisé punk et musicien à 10 ans, devenu un reflet, puis un porte-parole de son temps. Harley, prodige de la batterie puis de la basse, se propulsera sur les scènes, arpentera les rues malfamées, se bagarrera avec tout le monde, fera les expériences chimiques et psychiques les plus extrêmes, chutera et se relèvera. Un parcours de dingue.

Nous avons ici toutes les clés pour comprendre la naissance d’un genre artistique en général, musical en particulier. Le hardcore. Harley a vécu l’explosion de la scène newyorkaise, influencé par THE CLASH, BAD BRAINS, et a influencé à son tour AGNOSTIC FRONT ou les BEASTIE BOYS. Les chapitres s’enchaînent à la même vitesse que se déroule le morceau prophétique "We Gotta Know" des CRO MAGS, la vie d'Harley défile, stupéfiante au propre comme au figuré.  Que d’anecdotes et de rebondissements, nous apprenons à connaître ce personnage haut en couleur, aussi teigneux que curieux.
La dernière page tournée je me demande où trouver le numéro de Martin Scorcese, afin de lui enjoindre de mettre en image au plus tôt cette saga, cette bible du hardcore selon Harley Flanagan, car punaise le lascar, véritable titi du Lower East Side, se trimballe assez de cicatrices et de bouteille pour se la raconter. Récit authentique et un poil prétentieux, mais quand on est une page de la (pré) histoire du hardcore on peut se le permettre.

Alors que je dévorais ce témoignage d’une grande sincérité je n’ai eu de cesse de vouloir rendre à Harley Flanagan la place historique qui lui revient dans le panthéon du NYHC. J’espère que c’est chose faite avec ces quelques lignes et que vous, auditeurs furieux et curieux, vous vous empresserez d’aller vous procurer ce livre et de le dévorer fiévreusement, tout en écoutant à toute blinde les chants furieux de CRO MAGS et de ses potes des bas quartiers de New York. « NYHC rules ! »

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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