25 août 2021, 17:18

JINJER

Interview Tatiana Shmayluk


​La pandémie mondiale n'a pas entaché l'inspiration du groupe JINJER et son énergie débordante est toujours de mise sur son nouvel album, « Wallflowers ». Riche, sombre, heavy, mélodique et expérimental à souhait, il explore des territoires encore insondés de la créativité de ses membres. C'est la charismatique et non moins sympathique chanteuseTatiana Shmayluk qui s'est prêtée au jeu des questions réponses avec une grande sincérité.
 

Avant de parler de l'excellent « Wallflowers », revenons un peu sur la carrière de JINJER. Es-tu fière de ce que vous avez accompli jusqu'à présent ?
Oh que oui ! Comment je ne pourrais pas l'être ? On est passé par de nombreuses aventures, certaines heureuses et d'autres moins sympas depuis 10 ans. On est contents de voir que nous progressons chaque année.

Tu t'attendais à un tel succès quand tu as rejoint le groupe en 2010 ?
Tu sais, une de mes caractéristiques principales, c'est de ne jamais rien attendre de la vie ou de quiconque. Je vis au jour le jour. Bien sûr, on a toujours voulu être récompensés pour tout le travail accompli mais on ne considère pas notre succès comme un cadeau tombé du ciel. Quand j'avais 11 ou 12 ans, je savais déjà que je finirais par chanter dans un groupe et que je monterais sur de grandes scènes.

Le fait de beaucoup tourner a dû aider à faire connaître JINJER dans le monde entier ?
Oui, c'est clair ! Surtout que JINJER est vraiment un groupe fait pour le live. On se focalise d'ailleurs plus sur les concerts que sur la fréquence à laquelle on sort des albums ou des vidéos, bien que ces dernières soient notre deuxième priorité. On va d'ailleurs tourner la prochaine vidéo pour le troisième single extrait de l'album.

Ah oui ? Lequel ?
Ah je ne sais pas si je peux te le dire...Allez : ce sera "Wallflower".
 

 

​C'est difficile de devenir internationalement connu quand on vient d'Ukraine ?
Oui, c'est vraiment dur ! On a rencontré tant d'obstacles ! Déjà, on vient de la partie la plus à l'Est de l'Ukraine. Avant la guerre, on vivait tous dans la région de Donetsk. C'était si loin des frontières avec l'Europe ! On devait traverser tout le pays pour jouer dans un pays frontalier, et il n'est pas si petit que ça ! Je chante depuis que j'ai 14 ou 15 ans dans des groupes, donc ça fait 20 ans ! J'y crois pas ! Bref... Et nous en tant que JINJER, on s'est fait seulement connaître dans le monde en 2018 ! On s'est vraiment battu pendant toutes ces années pour tracer notre chemin dans le monde du metal. On est très fiers que nos efforts aient finalement payé !

Parlons un peu de « Wallflowers » qui va donc sortir. Pour toi, qu'est-ce qui le rend différent des albums précédents ?
Déjà, c'est l'album le plus heavy que l'on ait réalisé. Il est aussi plus expérimental. De plus, on a vraiment progressé dans notre manière de jouer, de composer de la musique, et d'écrire des paroles. On est aussi plus matures et donc plus confiants. On suit notre rêve. « Wallflowers » montre toute cette évolution.

Tu peux nous en dire plus à propos de son concept et ses paroles car elles semblent très engagées et personnelles ?
Je me souviens du jour où Eugene (Kostyuk, le bassiste) et moi avons abordé le sujet des paroles de l'album. J'avais à l'époque aucune inspiration et je n'arrivais pas à écrire. Je lui ai dit que j'avais de mauvaises pensées, négatives, mais que je ne voulais pas m'ouvrir trop aux fans. Il m'a simplement répondu qu'en tant qu'artiste, je pouvais faire tout ce que je voulais. J'ai écouté son conseil et j'ai commencé à écrire en le prenant en compte. J'ai écrit à propos de mon monde intérieur en espérant que les gens me comprendront. J'ai vraiment envie que nos fans s'identifient à ce que je chante. C'est un peu déprimant, mélancolique, sombre et romantique, presque gothique parfois, comme pour "Dead Hands Feel No Pain" qui parle d'un fantôme qui erre entre le monde des vivants et celui des morts. Si vous cherchez du soutien émotionnel avec cet album, passez votre chemin ! Vous n'obtiendrez aucun conseil ou parole positive. Peut-être dans le prochain ! Celui-ci est plutôt une sorte de "Manuel pour comprendreTati" (Tati est le surnom de Tatiana).

Parlons un peu de la musique maintenant. « Wallflowers » semble aller encore plus loin que « Macro » dans sa diversité. Avez-vous senti le besoin d'explorer de nouveaux horizons ?
Je ne sais pas si on peut parler de besoin car notre musique vient du cœur. Elle se crée naturellement. La plupart des chansons ont été composées par notre batteur Vlad (Vladislav Ulasevich), donc il a une vision très fraîche de ce qui est bien pour JINJER. Pour ma part, j'aimerais inclure des rythmes africains ou quelque chose de très différent du metal dans nos compositions mais comme nous sommes un groupe de metal progressif, ces rythmes ne sont pas faciles à insérer. Mais j'aimerais aller encore plus loin.

« Wallflowers » contient vraiment des chansons très diverses. "Wallflower" par exemple est très acoustique, très sombre, lente, mélancolique. Tu peux nous parler de la source d'inspiration qui t'a poussée à écrire ce morceau en particulier ?
Tout part du problème d'être quelqu'un d'introverti. Il y a des gens qui ne connaissent même pas le terme, ne savent pas distinguer quelqu'un d'introverti ou d'extraverti, alors que c'est très important. Dans ma vie, j'ai toujours eu besoin de me justifier et encore aujourd'hui, je dois insister sur mon besoin de me reposer lorsqu'on est en tournée. Dans cette chanson, j'explique aux gens cette caractéristique. J'ai envie que nos fans comprennent ce que je ressens au jour le jour. J'espère que certains se reconnaîtront et voudront faire écouter ce morceau à des extravertis pour leur montrer ce que c'est d'être au contraire, introverti. On est toujours considéré comme des gens bizarres, anormaux. Mais tout le monde doit être traité avec respect, sans a priori.

Au contraire, il y a des chansons comme "Colossus" ou "Vortex" qui sont très heavy. Vous étiez dans un état d'esprit différent quand vous les avez écrites ?
Les paroles de "Colossus" ont été écrites par Eugene donc je ne saurais pas te dire exactement quel était son état d'esprit à ce moment-là mais il devait être très en colère oui ! "Vortex" est la première chanson pour laquelle j'ai écrit les paroles et la première pour laquelle j'ai enregistré la partie vocale. J'ai commencé par écrire deux passages en Russe car j'ai été très inspirée par mon propre comportement. En fait, j'étais en train de marcher en rond dans mon salon, les bras croisés dans le dos, et au fur et à mesure, mes cercles se rétrécissaient. Cela me donnait l'impression de tomber dans un trou dans le sol. Cette chanson donne toute la direction de l'album : sombre, introspectif.

L'album a été produit par Max Morton à nouveau. C'est lui le meilleur producteur pour votre musique ?
Oui, en tous cas jusqu'à maintenant. Nous avions travaillé avec quelqu'un d'autre en 2014 je pense, mais après nous sommes toujours restés avec Max car on n'a pas eu besoin de chercher ailleurs. Il nous comprend bien, c'est un ami, un professionnel, un musicien, un chanteur et son oreille est parfaite. La communication avec lui est juste parfaite, on est satisfait de notre collaboration. On passe aussi de bons moments ensemble à rire et bavarder. C'est quelqu'un d'intelligent.

On parlait du côté visuel qui est très important pour JINJER. Comment procédez-vous pour réaliser les vidéos ?
Ca dépend. Des fois, on apporte des idées, des fois notre réalisateur nous guide. On va toujours visiter les lieux de tournage avant de réaliser les vidéos ou on les regarde sur internet pour voir à quoi ils ressemblent et le prix. C'est un vrai travail de groupe.
 


JINJER est indubitablement un groupe taillé pour la scène, connu pour ses shows percutants. Vous devez avoir hâte de rejouer en live non ?
Oui, et on a déjà commencé avec quelques concerts, notamment en République Tchèque, en Autriche ou à Tel-Aviv. C'était d'ailleurs génial car il n'y avait aucune restriction si on était vacciné. Mais on a hâte de poursuivre les concerts rapidement.

Vous revenez d'ailleurs en France pour deux dates à l'automne et quelques autres en 2022. Quelle est votre relation avec le public français ?
Oh je me souviens de la première fois où nous avons joué en France ! C'était dans une toute petite salle ! Il y avait un plafond super bas et pas de scène du tout ! Il y faisait si chaud ! On était très déçus car on avait l'habitude des grandes scènes déjà, on était déjà connu. On était d'ailleurs prêts à repartir mais on nous a demandé de rester et on a bien fait car la salle était pleine à craquer ! On n'avait pas d'air frais mais les gens sautaient partout ! C'était fantastique ! Il y avait tant d'énergie ! C'était très surprenant. Depuis, j'adore revenir jouer en France et je ne suis jamais déçue ! Je suis sûre que les concerts à venir seront super cools !

Vous jouerez d'ailleurs avec un groupe français HYPNO5E. Tu les connais ?
Oui, bien sûr. On a déjà joué avec eux et on les a vus en festival. C'est d'ailleurs là qu'on a demandé à ce qu'ils participent à notre tournée. On a aussi rejoué avec eux au Mexique. C'est un groupe génial !

Eh bien merci Tatiana pour cette entrevue... Je te laisse terminer avec quelques mots pour nos lecteurs qui ont hâte de voir JINJER en France !
Eh bien j'ai toujours rêvé d'apprendre le français pour communiquer avec votre public, car je sais que l'anglais n'est pas très populaire chez vous ! En tout cas, je voudrais que notre public français reste tel qu'il est, aussi fou qu'il l'a toujours été. Vous nous donnez vraiment beaucoup d'énergie quand on vient en France !
 

 

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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2 commentaires

User
Eddy Costi
le 26 août 2021 à 13:01
Excellent article, mais qui néanmoins comporte une petite coquille. La région de Donetsk n'est pas la région la plus à l'Ouest,mais la plus à l'Est de l'Ukraine.
User
Aude Paquot
le 26 août 2021 à 13:34
En effet, c'est d'ailleurs pour cela que le groupe dit avoir été éloigné des autres pays européens. Merci de votre vigilance !
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