22 septembre 2021, 17:20

TREMONTI

"Marching In Time"

Album : Marching In Time

Mark Tremonti, tout comme son acolyte au sein d’ALTER BRIDGE, Myles Kennedy, est un artiste hyperactif et hyper productif. Trois ans après l’excellent « A Dying Machine », il revient déjà avec son groupe TREMONTI pour présenter leur cinquième album, « Marching In Time ». Si le précédent était un concept-album, celui-ci, semble-t-il, est bien plus personnel, de par les thèmes abordés qui ont pour lien commun le point de vue du frontman sur le monde dans lequel nous vivons.

Toujours brute d’énergie, la musique de TREMONTI se teinte, cette fois-ci, d’une touche de mélancolie qu’on ne lui connaissait pas. Serait-ce les effets de la pandémie sur Mark Tremonti, qui l’auraient poussé à être plus introspectif, ou bien le fait d’être à nouveau père depuis quelques mois ? Avec l’inquiétude de voir grandir ses enfants dans un monde sinistre et violent ("Marching In Time", la dernière chanson, mais aussi la plus progressive de l’album)?

Toujours est-il que ce disque est rudement efficace. Au fil des années et des albums, le guitariste peaufine, non seulement ses riffs et soli, mais aussi, ses talents de compositeur et de chanteur. Il a réussi à moduler sa voix à l’envi et a atteint un nouveau palier de maîtrise émotionnelle ("If Not For You", "The Last One Of Us", "Under The Sun", "Marching In Time"). Doté d’un sens de la mélodie exceptionnel, Mark Tremonti a su donner à chacun de ces morceaux une saveur unique et particulièrement savoureuse ("A World Away", "The Last One Of Us", "Not Afraid To Lose", "If Not For You") ainsi qu’une efficacité redoutable, brute de décoffrage, mâtinée de metalcore ("Now And Forever", "Let That Be Us", "Thrown Further", "Bleak", "In One Piece", "Would You Kill"). De quoi redonner ses lettres de noblesse au metal alternatif orienté grand public, mais jamais "commercial" au sens le plus bassement matérialiste du terme. Mélodique, certes, mais rageur et bien énervé, quand même. Et c’est là que TREMONTI se démarque d’ALTER BRIDGE. Mark peut laisser libre court à ses penchants les plus metal et agressifs au sein de TREMONTI, alors qu’il est toujours un peu plus soft avec son autre groupe. Le frontman se laisse même aller à une touche jazzy/bluesy particulièrement réussie sur l’outro de "The Last One Of Us", et quelques relents grungy sur "Under The Sun", et "Bleak", tandis que l’émotion étreint le cœur sur "Not Afraid To Lose" (« I am not ashamed of the scars that define me. Still you've got a right to choose. Crawling in my skin and I lie here in envy. But I am not afraid to lose »).

Toujours accompagné de la même formation, stable depuis l’album précédent, (Eric Friedman à la guitare et aux chœurs, Ryan Bennett à la batterie et Tanner Keegan à la basse), Mark Tremonti a une nouvelle fois confié la production de son nouveau bébé à Michael "Elvis" Baskette (ALTER BRIDGE, Myles Kennedy, SEVENDUST, MAMMOTH WVH…), qui collabore avec lui depuis 2007. Il en résulte un album concocté aux petits oignons,  au son massif et puissant, mais non dénué de subtilités. Les deux hommes se connaissent bien et le producteur sait mettre en avant les qualités de chaque musicien. Mention très particulière pour Ryan Bennett, qui martyrise ses fûts avec une frappe dantesque et une précision chirurgicale, accompagné par la basse grondante de Tanner Keegan. Eric Friedman n’est pas en reste, apportant la cohésion indispensable au duo qu’il forme avec Mark Tremonti, grâce à son jeu tout en finesse et complémentarité.

Après la baffe thrashy qu’est "Would You Kill", l’album se referme sur la chanson-titre, "Marching In Time". Des accents progressifs ponctuent cette majestueuse pièce, sur laquelle on retiendra ces mots adressés à ses enfants: « Don't let this cold world change you. Don’t ever go astray and don’t you... Fail to keep on giving. Don't ever lose your strength, no... Like so many lives marching in time.» Sans conteste, l’un des meilleurs morceaux de cette track-list et la plus belle façon de clore ce nouveau chapitre musical. TREMONTI, avec ce cinquième album, offre une facette mature, mélancolique et poignante, pleine de subtilités qui se révèlent à chaque écoute, et qui lui réussit à merveille. Pas un seul faux pas dans la carrière de ce groupe, dont chaque album recèle son lot de petits joyaux. L’expérience et l’âge aidant, Mark Tremonti développe sa personnalité artistique de la plus belle des manières, et il ne reste qu’à souhaiter le revoir sur scène avec TREMONTI au plus vite. Et croiser les doigts pour que sa prochaine tournée n’évite pas soigneusement la France, comme ce fut le cas pour la promotion de « A Dying Machine », qui ne l’aura vu nous rendre visite qu’à l’occasion du Hellfest 2018.

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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