15 octobre 2021, 19:16

URBAN DANCE SQUAD

"Life 'n Perspectives Of a Genuine Crossover" (1991 - Rétro-Chronique)

Album : Life 'n Perspectives of a Genuine Crossover

Nous sommes (déjà !) en 2021 et cet album fête ses... 30 ans !

Non, la Hollande ne produit pas que des tulipes et n’est pas non plus qu’un no man’s land pour fumeurs de ganja ou un paradis pour citadins cyclistes. C’est aussi, et surtout en ce qui nous importe, un membre de l’Union Européenne qui a débarqué sur les platines un beau jour de l’an de grâce 1989 avec son premier album, « Mental Floss For The Globe » (qui se hissera d’ailleurs, grâce à la chanson "Deeper Shade Of Soul", à la 21e place du Billboard Hot 100, un petit exploit en soi). A cette époque, la fusion était un genre marginal (et qui l’est resté d’ailleurs) avant qu’au début des années 90, de nombreuses formations n’émergent presque de nulle part avec ce type de pedigree sonore. Pour la plupart de ces groupes, point d’opportunisme car ils existaient tous déjà avant que la vague ne déferle dans les bacs des disquaires. On peut citer, tous pays confondus, WHITE TRASH, IGNORANCE, SCAT OPERA, FUNGO MUNGO, SCATTERBRAIN pour les moins connus (et tant pis pour vous) et LIVING COLOUR, FISHBONE ou RED HOT CHILI PEPPERS bien sûr, si l’on parle de ceux qui ont pu/su perdurer dans le temps. Mais revenons-en à nos Bataves si vous le voulez bien. Constitué de cinq membres, URBAN DANCE SQUAD a donc vu s’acoquiner Patrick Tilon alias Rudeboy au chant, René van Barneveld aka Tres Manos aux guitares, Silvano Matadin dit Sil (ou Silly Sil au gré des crédits sur les albums) à la basse, Michel Schoots rebaptisé Magic Stick à la batterie et D.J.D.N.A. pour celui s’occupant des platines et autres scratches, Arjen de Vreede. Et on ne les blâmera pas d’avoir trouvé des surnoms, Patrick ou René étant, il faut bien l’avouer, des prénoms nettement moins rock'n'roll que "Rudeboy" ou "Tres Manos". Pour l’histoire, la genèse de cette aventure remonte à une jam session d’un titre en 1986 au club De Vrije Vloer, situé alors à Utrecht et qui, l’alchimie étant présente dès les premières secondes, a donné naissance au groupe...
 


Réédition de l'album "Life 'n Perspectives Of a Genuine Crossover" en 2007 avec le "Tokyo Live 1992" en bonus​


​Alors pour les aficionados ayant pu se procurer leur premier album, c’est avec une véritable joie qu’ils accueillent en 1991 « Life 'n Perspectives Of a Genuine Crossover » soit en bon François, « Vie et perspectives d’un authentique croisement », ce qui résume à merveille et définit ce que sont URBAN DANCE SQUAD et le mouvement fusion dans son ensemble. Et si leur premier disque était assez rock dans une certaine mesure (bien moins cependant que le très metal « Persona Non Grata », paru en 1994), les Néerlandais cultivent ici une hybride qui défonce en 17 tafs, pardon titres, dont quatre interludes rappés ("Life 'n Perspectives I, II, III et IV"). Leur mixture évoquera sans aucun doute et par moments ce qu’ont pu faire les Américains BEASTIE BOYS sur leurs deux premiers forfaits, « Licensed To Ill » et « Paul’s Boutique », sortis respectivement en 1986 et 1989. Le groove est omniprésent, les furieusement remuantes "Son Of Tha Culture Clash" avec ses scratchs enlevés sur des progressions d’accords à la guitare typés 70’s ou bien "Grand Black Citizen" (avec un petit bout de riff qui rappelle celui de "Rock and Roll" de LED ZEPPELIN) en étant les meilleurs témoignages. C’est sans compter avec le rock saccadé sur de grosses rythmiques de basse/batterie ("Mr. Ezway", "Comeback"), le tout mis en voix par les textes scandés d’un Rudeboy au timbre presque nasillard par moments et à son débit ultra soutenu, avec lequel les familiers d’Eminem ne manqueront pas d’y voir une certaine similarité (bien que le petit blanc de Detroit lui, rappe à la vitesse de la lumière). Comme il est bien souvent le cas, les groupes de rock et metal savent accoucher de ballades qui cassent la baraque et UDS (pour les intimes) n’y déroge pas avec "Routine", où Patrick Tilon, pardon "Rudeboy", se démarque avec une façon de chanter empruntée, pour ne pas dire maladroite mais conférant ainsi à la chanson un charme que l’on n’aurait pu avoir avec une intonation plus conventionnelle. Au rayon friandises, citons pour terminer "Duck Ska", une composition plus reggae que ska et sur laquelle D.J.D.N.A se fait vraiment plaisir. A noter qu’une réédition en double CD et vinyle en 2007 permet de se procurer, pour la version CD en sus de l’album, un concert enregistré dans le club Quattro à Tokyo le 18 février 1992. 68 minutes pour 16 titres dont la set-list rend cet achat indispensable.

Lorsqu’arrivera en 1994 « Persona Non Grata », URBAN DANCE SQUAD se sera délesté d’un membre, D.J.D.N.A. en l’occurrence (l’album est enregistré en tant que quatuor mais n’en souffre pas vu sa teneur métallique), avant que celui-ci ne réintègre les rangs de la formation quelques années plus tard, et qui fut remplacé pendant ce laps de temps par un dénommé U-Gene. Enfin, les personnes qui seront présentes lors de la première édition 2022 du Hellfest auront le nez creux d’aller faire un tour du côté de la Warzone le vendredi 17 juin où Rudeboy assurera un set en solo des plus grands morceaux d’URBAN DANCE SQUAD. « Be there or be square! »

Pour aller plus loin :
• « Mental Floss For The Globe » (1989) : ce genre d’ovnis qu’on voit apparaître dans le firmament et qui vous marque la rétine (et les pavillons acoustiques) à jamais
• « Persona Non Grata » (1994) : changement de cap à 90° pour ce disque très metal dans son ensemble et dont une excellente réédition (CD et vinyle) a vu le jour en 2016, agrémenté pour la version double CD d’un live enregistré à Chicago en 1995 pour la tournée de l’album


Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK