Tout bassiste œuvrant pour le dieu du metal se doit de connaître Dominic "Forest" Lapointe, ce musicien québecois ultra génial (et ultra technique) positionné dans l'underground comme un roi sans terre et sans couronne. Un roi qui n'est jamais parvenu à rendre totalement référentiel aucun des groupes dans lesquels il a participé comme autant de guerres perdues. Quelques succès d'estime dans le death technique bien sûr (BEYOND CREATION, AUGURY) mais loin derrière l'intouchable DEATH et les SPAWN OF POSSESSION, NECROPHAGIST et autres OBSCURA situés aux pieds du trône depuis des éons pour certains. Quelques participations live notoires pourtant (GORGUTS, QUO VADIS), des vidéos remarquables sur YouTube également mais voilà : on attendait encore et encore le grand moment du sacre !!!
Hé bien il semblerait que le bien nommé « Gloire Éternelle » est ce fameux joyau tant espéré qui fera définitivement entrer le monarque au panthéon des grands artistes. Le premier album du groupe avait déjà fait très forte impression en son temps (« Dasein » sorti en 2016), le second prend très clairement la même direction : celle de l'excellence !
Ainsi chaque titre est l'occasion pour sa majesté de la basse de poser un ou plusieurs soli (l'intro de "Solus", "Ataraxie"), deux-trois riffs en slap à laisser l'auditeur en slip ("La Veuve & le Martyr") et quelques passages en tapping à 15 doigts afin de dégoûter définitivement la concurrence restée dans les limites humaines. Sa garde prétorienne n'est pas là pour faire de la figuration non plus : les guitares démentielles, virevoltantes et omniprésentes côtoient autant Malmsteen que Schuldiner (même en acoustique, ça tue sa race... cf "Sonata en Mi Mineur") tandis que la batterie semble vouloir à tout prix remplir chaque seconde qui passe avec un truc encore plus indécent que celui des secondes précédentes. Le vocaliste pour sa part fait le job sans être aussi étincelant que ses acolytes techniquement parlant (humainement ce n'est pas possible de toute façon !). Autre "léger" bémol soit dit en pinaillant : quand on enchaîne 150 riffs par titre, on oublie évidemment d'en mettre au moins un en valeur. C'est toute la différence entre un tube d'AC/DC directement mémorisable et des morceaux de death technique par nature trop complexes de ce côté-là. Seul DEATH avait réussi en son temps l'exploit d'outrepasser cette limite infranchissable. Cela explique sans doute en partie son statut de légende (ça explique surtout pourquoi les autres ne l'ont pas !).
Malgré tout avec « Gloire Éternelle », FIRST FRAGMENT accomplit une remarquable synthèse entre violence, technique, vitesse et mélodie. Un must-have !
